Les marocains ne vous le diront pas tous les jours ( en privé en tous cas ), mais la monarchie, ça a du bon. Et oui, aujourd’hui, veille du 15 aout, c’est un jour férié au Maroc ! Personne ne sait pas vraiment pourquoi, et tout le monde ne le sait pas d’ailleurs… Mais aujourd’hui, c’est bel et bien les vacances ! Le deuxième jour férié en 15 jours, avant les deux prochains, le 21 et 22 ! J’ai dit un jour en rigolant que ça devait être l’anniversaire du petit cousin du roi, ce qui, vraisemblablement, ne serait pas si saugrenu que ça !
Et histoire de fêter dignement l’anniversaire d’un éventuel petit cousin du roi, direction la plage ! C’est une grande première, aujourd’hui ça n’est ni Bouznika, ni Kenitra, mais Casa ! Et oui, je raconte depuis le début que la plage à Casa est pourrie, et qu’il faut faire des kilomètres pour y arriver. C’était sans compter sur les plages privées de Casa, que j’ai eu la chance de découvrir aujourd’hui, grâce à Mouna qui nous y a emmené aujourd’hui. ET je dois dire que les plages privées ici, c’est quelque chose.
Première étape, pas très originale : Marjane, où je suis dans l’obligation ( physique ) de m’acheter un tube de crème solaire. Il y a beau y avoir du vent aujourd’hui, je ne retente pas la Biafine ce soir ! Ahh, j’aime Marjane ! Dans le genre dépaysement, on a fait mieux : mêmes rayons que Carrefour, mêmes produits que Carrefour, sauf qu’il n’y a aucune marque française à part Danone, et personne ne sait pourquoi ! Pour les petits Lu, le café Grand-mère ( c’est Jean Pierre qui va etre content..) ou le champagne, il faudra repasser ! Chez Marjane, il y a toujours du monde, et vu les caddies des gens qui en sortent, on a du mal à croire que le Maroc est (encore) un pays en voie de développement… C’est le temple de la consommation de masse, qui ne semble pas réservée à l’élite.. ou alors l’élite est TRES nombreuse ici. Seul petit problème : comme je l’avais déjà dit, hors de question de trouver du porc ici. Le rayon alcool existe ( bon, il est planqué derrière le lait et les bouteilles d’eau ), mais pour le jambon, le boudin blanc et autres pieds de cochon, il faudra repasser !
Je fais donc l’acquisition d’un magnifique tube de crème solaire à 84 dirham, qui sera mon meilleur allié de la journée. Comme je suis optimiste, je prends de la 15, on verra ce soir si j’ai eu tort ! Puis direction Tammaris, à une vingtaine de kilomètres de Casa. Qui dit s’éloigner de Casa, dit passer à travers sa banlieue, et ses « quartiers » périphériques. Passer de Marjane à ça, ça fait un petit choc : ici, les bidonvilles ne sont cachés par des murs de béton, les moutons broutent je ne sais quoi, entre les sachets vides qui s’accrochent aux herbes carbonisées, les gosses regardent passer les voitures en espérant qu’une s’arrête pour les amener vers la plage… Je suis étonné de voir que c’est super vallonné ici, c’est pas non plus les mêmes odeurs qu’en ville, pas les mêmes paysages. Et pourtant, on est qu’à 10 km pour l’instant. Puis, derrière le sommet d’une cote : la mer. Enfin la mer… Un déluge de vagues et de sable, qui crée un genre de brouillard lointain. Et oui, aujourd’hui il y a du vent, et la mer est complètement déchaînée.
.Quinze minutes plus tard, on arrive au Babaloo Beach, plage dont j’ai entendu parler au mois 150 fois, mais dont je n’avais pas encore vu le moindre grain de sable. Et franchement, j’aurais manqué quelque chose. Le Babaloo, c’est à la fois un lieu de détente, de repos, de baignade, et de débauche. Enfin je dis débauche, on a vu pire, mais c’est surprenant de voir, à 15 km de Casa, une plage où les gens s’enfilent des bouteilles de rosé, des mojitos et des bières comme si c’était du coca. Les transats sont géniaux, la musique aussi. On s’installe donc face à la mer, équipés d’une bouteille de coca posée sur la petite table en bois prévue à cet effet et de crème solaire. Le rêve ! Comme on arrive vers 13 heures, et que c’est l’heure de manger, la musique est en mode sieste. Il ne m’en faut pas plus pour m’assoupir un peu. A cet instant, une pensée me traverse la tête : est ce que je dois vraiment rentrer samedi prochain ?
Comme on est pas venu à la mer pour rien, on tente la baignade. Tentative infructueuse, sauf pour Fati qui se prend une vague dans la tronche et qui n’a pas vraiment le choix. J’ai jamais vu ça, même sur les plages de l’Atlantique. Oui, je sais, on est aussi sur l’Atlantique. Mais pour moi c’est pas pareil, d’accord ? Les vagues font bien 3 mètres de haut, et on a du mal à rester debout, même dans 20 cm d’eau. D’ailleurs personne ne s’aventure au-delà, et perso, si j’étais une fille, je mettrais un maillot de bain une pièce ! Après avoir couru comme des gnous effrayés par un crocodile sur le bord du rivage ( j’ai trouvé cette comparaison tout seul ! ), on décide de rejoindre nos transats, bien plus calmes. Et malgré 3 tentatives, personne n’osera plonger.
Vers 16 heures, à l’heure de manger, je me prends une petit salade qui me coute 70 dirham ( une journée de salaire marocain ), qui n’est pas franchement bonne, mais qui me coupe la fin. Je peux me rendormir, au son de ce que j’entends tous les jours sur radio2M. Puis, le son augmente, ce qui me tire de ma torpeur. « Regardez, regardez derrière ! ». Je me retourne, et là, scène surréaliste ( surtout ici), deux gogodanceuses sont en train de danser sur des petits podiums, devant une nuée de gars plus (ou moins) vicieux qui prennent des photos et essayent de monter danser avec elles. Casa, c’est aussi ça : des gens qui n’ont pas les moyens de passer leurs vacances à Saint Trop et qui recréent un semblant de Jet Set ici. Bon, ceci dit la Jet Set, la vraie, existe aussi ici, mais je doute qu’elle aille au Babaloo Beach ! D’un coté, je dit ça, mais à 100 dirham les transats, c’est pas non plus l’endroit le plus populaire du Maroc.