jeudi 7 août 2008

Perfect Day ( 6 Aout 2008 )

Ou presque ! Car le début de la journée en tous cas, a quelque chose d’idyllique, quelque chose de ces matinées où rien n’aurait pu se dérouler mieux. « Je me suis réveillé ce matin, de bonne humeur, comme ça pour rien, j’étais content, sans savoir pourquoi, sans savoir comment » résumé donc bien le début de la mienne : je me réveille à l’heure, mais la boite de Miel Pops qui trône au pied de mon lit est vide. L’occasion rêvée pour traverser la rue, et aller prendre mon petit déjeuner à Pomme de Pin, qui me nargue tous les matins pendant que j’attends le taxi. Aujourd’hui, à moi le café chaud, le jus d’orange frais, et les tartines grillées. Encore ragaillardi ( ah bon, on dit ragaillardi, pas regaillardi ? ) par la soupe aux champignons et aux algues de la veille, et par le succès de notre négociation avec la proprio, je m’attaque, à mon nœud de cravate qui glisse comme par magie. Même le rasage dans le noir semble aller tout seul : cette fois on ne déplore aucune coupure, ce qui ne fut pas le cas de la veille !

A 8h30, je sors. Je suis déjà en retard, mais bizarrement je m’en fiche ( et puis vu la parfaite communication entre les services de la banque, je peux facilement dire au 3ème que j’étais au 14ème toute la matinée, et inversement proportionnel ! Au passage, j’espère que personne ne lit mon blog là bas ! ). Direction le vendeur de magasine pour acheter le TelQuel spécial M6 ( sur la couverture, une photo jetset où le roi pesait 20 kg de moins qui booste les ventes ! ), puis Pomme de Pain où, pour 29 dh ( c’est du luxe…), je me paye le café et le jus d’orange dont j’ai tant rêvé ! En prime, ils ont autre chose que de la confiture de fraises, c’est vraiment parfait ! L’heure qui suit est surement la meilleure de la journée, voire de la semaine : au soleil sous un parasol, je déguste le café ( un peu fort, mais meilleur que celui de la machine ) en écoutant mon MP3. Le mode aléatoire faisant bien les choses, Lou Reed passe au moment ou j’entame les tartines. Le thème de la journée est tout trouvé !

Bon, c’est pas tout ça, la terrasse de Pomme de Pain c’est bien, mais on m’attend au boulot hein ! Pas de problème, les taxis s’arrêtent juste devant. Je saute dans le premier venu. Une dame est déjà assise à l’arrière, mais le gars le dit qu’il peut me déposer à 100 m de là ou je dois être (« entre Oliveri et AXA », vous savez ! ). Parfait ! J’ai souvent parlé du taxi, il en resserra question aujourd’hui. Le taxi, en effet, c’est le lieu privilégie pour réfléchir ( à son testament notamment, qu’on regrette de ne pas avoir rédigé à chaque rond point ). Aujourd’hui, j’ai pu me rendre compte d’une chose : je me suis effectivement habitué à la vie marocaine. J’en ai eu la certitude ce matin, alors qu’à chaque feu rouge, la dame qui était derrière, hurlait à la mort, de peur qu’on se prenne une portière, un piéton, ou l’un des deux bus qui nous prenaient en sandwich. Il y a un mois, j’étais précisément à sa place, à tenter de contenir mes cris de désespoir en voyant arriver des 205 folles ou des Hummer complètement inconscients. Aujourd’hui, rien : je suis zen, même assis à la place du mort ( et au Maroc en particulier, ça veut dire quelque chose ! ).

J’arrive à 10 heures, avec une heure et demi de retard, on a fait pire ! Pour la forme, je m’installe, et me plonge dans une réflexion profonde, à savoir, FBI ou The Tudors ? Et oui, il ne me reste plus qu’un seul épisode de la première saison de The Tudors ( une série géniale qui raconte la vie « trépidante » de Henry VIII ), et finalement je décide de faire durer le plaisir, ça sera donc Jack Malone et non Anne Boleyn. Rassasié par mon petit déjeuner, je n’ai pas faim à l’heure de manger, et j’attends donc un peu. Vers 13heures, alors que j’en suis à mon 3ème épisode, Reda et Yamsine qui travaillent à deux patés de maisons me proposent d’aller prendre un jus d’orange chez Oliveri ( qui au passage, n’a ni Coca, ni limonades, mais des cafards en revanche ! ). Résultat : quand je remonte, une heure plus tard, plus de cantine ! Je vais devoir tenir le coup jusqu’à 16h30, ça va être dur ! Et effectivement, ça l’est, surtout que la fin de la journée est un peu moins idyllique que la matinée.

Je m’explique : je n’ai ni le courage, ni les jambes pour aller jusqu’à Zegafredo, le meilleur endroit que j’ai trouvé pour aller Skyper ! Du coup, la solution de facilité, c’est le taxi. Il faut savoir qu’avec les taxis, le trajet n’est jamais neutre, c’est soit bien, soit pourri, soit blanc, soit noir. En l’occurrence cette fois, ça n’est pas blanc. Je saute dans le premier qui arrive, et lui indique Zegafredo, Boulevard d’Anfa. Comme il y a déjà quelqu’un dedans, il fait un détour de 3 km avant d’arriver sur la bonne route. Puis il commence à discuter. « Est-ce que tu connais Lyautey ? » « Pas personellement non… ». « Alors est ce que tu connais Gamal ? ». « Gamal ? Euh, non, ça ne me dit rien ! ». La il commence à s’énerver : « Mais si, tu te fous de moi, c’est obligé, tu connais Gamal ! ».

Mais qu’est ce qu’il a ce con à me demander si je connais tout le monde ? J’ai déjà pas de plan, alors les pages jaunes de Casa, encore moins. Après 2 minutes, je comprends que le « Gamal » en question, est en réalité « Gad Elmaleh », et que effectivement, le chauffeur a cru que je me foutais de lui ! Mais c’est pas fini. Gamal oblige ( le lien avec Lyautey, c’est que Gamal est allé au lycée Lyautey..), il me montre un bâtiment en m’expliquant que c’est une école juive, d’où les caméras, « parce que les juifs ont peur, tout le temps, même quand ils sont morts ». Là, c’est moi qui commence à avoir peur en fait !

« Ca va, tu n’es pas juif au moins » ? J’aime le « au moins »…
« Non non, je ne suis pas juif »
« Catholique alors ? »
« Non, même pas. »
« Mais tu es quoi alors ? »
« Ben rien, je ne suis rien, ça arrive, on est pas obligé d’être quelque chose, si ? »
« Quoi ?! Tu n’es rien ? Mais c’est pas possible ! Descends de mon taxi ! »

Là je me mets à rigoler. Je n’aurais pas du, car lui ne rigolais pas. Il me somme deux fois de me casser, donc je lui file 5 dirham avant qu’il ne me séquestre, et fini la route à pied jusqu’au Zegafredo ( avec toujours rien dans le ventre !). Alors que je sens approcher la délivrance ( le serveur qui commence à me connaitre me demande « comme d’habitude, thé à la menthe ? » ), nouvel imprévu : le wifi ne marche pas ! Non, catastrophe ! C’est vraiment pas de bol. Du coup j’avale mon thé en deux temps trois mouvements ( Ahhh, un peu de sucre ! ), et m’en vais au cyber café le plus proche, où je retrouve Andé sur skype ! Bon, la caméra, c’est toujours pas ça, le son non plus, et la connexion encore moins, mais j’y suis arrivé ! Et puis c’est l’heure de ma leçon de baguettes chinoises, où effectivement, Ma excelle ! J’ai aussi le plaisir d’apercevoir la petite Kim qui roupille tranquillement sur les genoux de Fab, à 3000 km de là !

Ahh, c’est cool la vie quand on a une semaine !