mardi 12 août 2008

Long Train Runnin' ( 9 Aout )

Aujourd’hui, c’est samedi, et qui dit week-end, dit train, dit s’éloigner de Casa, et dit air pur ! Oui, ça c’est ce que je pensais, parce que mon petit périple en train jusqu’à Marrakech a été tout, sauf un parcours de santé ! Résumé des épisodes précédents ( ben oui, ceux du week-end, parce qu’on ne peut pas dire que j’ai été très assidu ces derniers temps ! ).

Cette semaine, (presque) exceptionnellement, le week-end a commencé vendredi après midi. C’est ce qu’on appelle la grève du zèle : et le zèle ici, c’est d’en faire le moins possible. Direction donc mon lieu préféré boulevard d’Anfa, à savoir le Zegafredo, qui avec le wifi et de l’électricité dispose de tout ce dont j’ai besoin pour passer l’aprem et la soirée… Le serveur qui commence à me connaitre, me propose même un couscous, que je déguste devant skype, à 15 heures ! Le tout, avec la cérémonie d’ouverture des JO sur l’écran plat qui se trouve derrière moi, et un Schweppes… Parce que le Schweppes, c’est bon..( les initiés pourront finir ma phrase ! ). Petite remarque au passage : c’est pas un peu bizarre comme nom, « Schweppes » ? Un mélange de Schpeck, et de Shnaps ( je sais pas si ça s’écrit comme ça, mais tout repose sur la phonétique ici ! ).

Bon, je m’éloigne ! Je profite du wifi du Zegafredo pour regarder les horaires de train du lendemain : aïe, le premier est à 6h50, le second à 8h50 ! Je me motive pour le premier, en décidant de me coucher tôt. C’était sans compter sur Jack Malone qui m’oblige à finir sa saison 1. Sacré Jack Malone…

Donc c’est décidé, demain à 6h50, je serai à la gare. Ce qui veut dire, concrètement, qu’à 5h15, je suis debout, n’étant pas sur que les taxis roulent à cette heure là. Le problème c’est que Casa Voyageurs est à l’autre bout de la ville, à 1 heure de marche, avec mon sac sur le dos. Pas bonheur, un taxi passe par là, je saute dedans, soulagé. Pour quelques instants seulement. Car au premier feu, cet imbécile qui roule à 70 coupe la route à une voiture qui arrive en face. Dans un crissement de pneus énorme, la voiture d’en face va s’amocher sur le trottoir, 150 mètres plus loin. Plus un bruit dans le taxi, même le chauffeur a eu peur. C’est pas une raison pour s’arrêter, l’autre gars pourrait lui demander de lui repayer une roue. Les premiers mots qui lui sortent de la bouche, viennent du cœur : « J’ai eu peur pour vous. Ca m’aurait couté cher si je vous avez tué. » Le tout, sans une pointe d’humour.

Deuxième mésaventure : le train de 6h50 a décidé de ne pas partir finalement. « Non pas là, non, j’ai pas envie ». Cool, ça veut dire deux heures d’attente dans la gare, déserte. Seul le vendeur de journaux est ouvert à cette heure là, ça promet ! Après deux heures d’attente, je prends donc un billet pour Marrakech à 8h50. Optimiste, j’en demande un en 1ère classe, mais il n’y en a plus. Ceci annoncera ma perte. Quand, à 9h20, le train de 8h50 arrive ( et manque d’écrabouiller deux gars qui avaient décidé de traverser là ), c’est un bordel incroyable : tout le monde a décidé d’aller à Marrakech ce week-end et d’y amener la moitié de sa famille et la moitié de ses meubles. Résultat : plus de place dans le train. Ce qui n’empêche pas les gens qui dorment sur les banquettes, et qui prennent 3 places au lieu d’une, de rester avachis. Des fois dans le train, on peut avoir des pulsions de meurtre…

Je suis donc condamné à me plier en 4 dans le couloir, assis par terre sur un journal qui me sert de coussin. Je suis prêt de la fenêtre, donc j’en profite pour regarder les paysages, complètement différents de ceux du Nord : ici, c’est lunaire, il n’y a rien, à part du ballast et des panneaux qui indiquent les passages à niveau à je ne sais qui. On dirait franchement un train qui traverse le Far West de part en part : les petites gares ont l’air désaffectées depuis au moins 50 ans, les petits villages qu’on voit au loin semblent vivre en autarcie complète. Ca ressemble exactement à Babel, le film qui a été tourné à cet endroit d’ailleurs… Comme il fait trop chaud ici, les gosses ne courent pas après le train, et ne le bombardent pas de cailloux. Je suis sous la vitre, alors entre nous, ça m’arrange !

Ca, c’est pour la première partie du voyage. Après Settat ( à 150 km de Casa et de Marrakech ), une place se libère dans un compartiment. Malheureusement, je la prends. Malheureusement, car dans le compartiment, il n’y a pas la clim, pas de rideaux, pas d’air. Il y a 8 places mais on est 10. Parmi les 10, un gars qui n’a pas d’eau chaude chez lui ( ça c’est moi ), et au moins 5 qui ne doivent pas avoir d’eau du tout. C’est franchement éprouvant, avec tout le respect que j’ai pour les gens qui n’ont pas la chance d’avoir accès à l’eau. Je sens des gouttes me couler dans le dos, sur le front. L’air est brulant, et bien sur, je n’ai pas à boire. J’essaye de dormir un peu, mais ça secoue pas mal et j’atterri tout le temps sur le mec d’à côté. Après 1h30, et 1 heure de retard, c’est la délivrance : j’arrive à la gare de Marrakech dans un état loin d’être « optimal »… Papa, qui a attendu 1 heure, est presque aussi soulagé que j’arrive. Sur le chemin de l’hôtel, mes jambes fléchissent un peu, mais rien de bien grave. Premier choc : les rues de Marrakech sont presque vides ! Enorme contraste avec Casa, où la circulation ne s’arrête pas de 5 heures à minuit. Ici, tout est calme, presque paisible. La torpeur cesse à peine vers 17 heures, mais ça reste relativement peu bruyant par rapport à Casablanca. Puis je retrouve la clim, la piscine, Sarah, mais aussi plein de touristes. Et ça j’en avais pas vu depuis un moment : fidèles à eux-mêmes, pressés, affamés, pas contents… Un florilège autours de la piscine !

La piscine, je n’y serai pas longtemps : après 20 minutes sur le transat, il faut absolument que je me mette au frais. Heureusement, je connais le chemin de la chambre. Malheureusement, quand je suis venu il y a 10 ans, c’était des clés qui les ouvraient. Aujourd’hui c’est des cartes, qui marchent une fois sur deux. Or là, c’est urgent, et j’ai pas la force de m’énerver sur la poignée. Respire, respire ( non non, je ne joue pas à Michael Jackson…). Au bout de 3 minutes, ça s’ouvre, il était temps ! Et pendant toute l’après midi, j’alterne entre la position à genoux dans la salle de bain et allongé sur le lit, à raison de cycles de 4 minutes. A cet instant, je pense au jeu du « où t’as déjà vomi ? », qui se joue en couple, et de préférence chez les couples sensibles de l’estomac et de la tête ( euh, ben c’est nous ça…). Je viens de gagner 15 points d’un coup ( 9*1point + 2 points de bonus pour un pays étranger + 4 points pour avoir pulvériser un record ). Bref, vous avez compris, c’est pas la grande forme, et c’est ce qu’on appelle un coup de chaud.

Je passe la soirée avec un gant de toilette sur la tête et une bouteille d’eau au pied de mon lit. L’eau, pas plus que les bananes ou le pain, ne me reste pas bien longtemps dans l’estomac, et j’engrange des points tout au long de la nuit. Il y a toujours du positif quelque part ! Sympa Marrakech hein ?