lundi 18 août 2008

A Rush Of Blood To The Head ( 15 Aout )

Aujourd’hui est une journée mouvementée dans tous les sens du terme, pour moi, mais pas seulement. Pourtant aujourd’hui c’est vendredi, et qui dit vendredi, dit journée plus calme, plus courte, et donc plus cool. Surtout qu'on est le 15 Aout, la Sainte Vierge monte au ciel, et par temps clair ( ceci est une dédicace familiale )...


Tout commence ce matin, lorsqu’en arrivant, je remarque que la porte de mon bureau est ouverte. Ce n’est pas arrivé depuis 15 jours, depuis que Karim est parti, et que le premier qui l’ouvre, c’est moi, vers 9h30. En poussant la porte, j’entre en plein cœur d’une scène dramatique : un déménagement de bureau. Et oui, comme hier c’était férié, on en a profité pour déménager les affaires de la dame ( très gentille, qui me demande toujours comment je fais, et prends des nouvelles de mon bronzage ) : elle n’est plus à coté, mais dans mon bureau, plus petit, plus encombré, et pas climatisé. Elle vit ça comme un affront, et à juste titre. Franchement, j’aime bien mon bureau, mais c’est parce que pour l’instant, j’ai pas connu mieux en fait… Toute la matinée, je suis le témoin de coups de fil désespérés et de monologues dignes des tragédies les plus… tragiques ! Moralité de la matinée : petit bureau, gros emmerdes ! Avec tout ça je ne peux pas finir l’épisode de FBI que j’avais commencé la veille, et j’ai des scrupules dès que je mets mes écouteurs. En prime, un petit mal de tête se pointe vers 10 heures, on se demande bien pourquoi…

Toute cette agitation est une raison de plus pour écourter ma journée. Et on est vendredi, et qui dit vendredi, dit fini à midi ! Midi, parlons de midi ! Vers 11 heures, alors qu’une petite faim commence à se faire sentir, juste après mon 3ème café, Reda me propose d’aller manger un couscous quelque part. OK, mais ou ? Après quelque minutes de marche, on revoit nos ambitions à la baisse, ça sera un tajine dans une petit échoppe qui selon Reda « ne paye pas de mine mais fait des merveilles gastronomiques ». Effectivement, ça ne paye pas de mine, mais on va tenter ! La. LE, pardon… Le tajine de poulet coute 17 dirhams, avec la boisson, ce qui fait de cette échoppe la moins chère de toute l’avenue Hassan II. Et franchement, c’est délicieux, autant le poulet, que les pommes de terre ou le pain. Seul petit bémol, à propos du pain justement : je n’avais pas compris, au début, pourquoi ils en donnaient autant. Puis, pourquoi ils ne donnaient pas de couverts. Puis j’ai fait le lien entre les deux ( là les personnes qui me connaissent bien se disent « ahh ben oui, il est incapable de réfléchir quand il a faim », et j’ai envie de dire qu’elles ont raison ! ). Et oui, ici tout est traditionnel, on mange donc en se servant du pain comme couvert. Et franchement, j’y arrive pas. Le bémol n’est pas encore arrivé. Car on pourrait se dire « ben si t’arrive pas à manger avec ton pain, demande des ouverts ! » Oui, sauf que les couverts coutent 5 dirhams ici ! Et oui, j’ai jamais vu ça, mais les couverts sont bel et bien payants, alors que le pain, lui, est gratuit… Je rassemble donc difficilement 5 dirham dans ma poche, et demande des couverts au patron, qui me regarde d’un air étrange, un mélange de « Mais qu’est ce que tu vas faire avec ça » et de « je le savais, touriste » ! Ca n’empêche que ce truc c’est le meilleur rapport qualité prix de tout Casa, au moins !

Qui dit tajine, dit thé à la menthe pour digérer. Comme on est vendredi, je vais le prendre au Zegafredo, où je retrouve Ma, qui s’est bien ennuyée aujourd’hui et qui a épluché les moindres recoins de wikipédia ! Cette après midi sera donc très culturelle… Vous saviez vous, ce que ça veut dire « VAL » ( mais si, c’est le métro de Lille ) ? Vous saviez, aussi, que Casablanca était jumelée avec Shanghai ? Ca c’est trop fort ! Ahh tiens, en direct de Al Jazeera Sport, la Chine remporte une enième médaille dans ce qui doit être de la lutte, masculine ou féminine, ne me demandez pas ! Dans tous les cas, je me coucherai moins bête ce soir, ça a du bon de s’ennuyer un peu hein ?

La fin de la journée est à l’image de son début, et surtout pas à l’image d’un vendredi normal et habituel. Depuis la semaine dernière, et la dernière fois que je suis allé au hammam ( pas la dernière fois que je me suis lavé, je vous rassure tout de suite ! ), je suis tenté par le massage à 100 dirham. Après avoir testé le gommage, avec plus ou moins de succès, je me dis qu’il serait dommage de partir sans avoir profité d’un massage aux huiles de je sais pas quoi, à peu près 15 fois moins cher qu’en France. A 18 heures direction donc le hammam, dont je remercie Mouna chaque semaine de me l’avoir montré, et c’est parti pour 30 minutes de … euh, de … Ben en fait je sais pas trop quoi.

Je me retrouve allongé sur le dos, un genre de drap sur la tête, comme si le gars ne voulait pas que je vois ce qu’il allait me faire. Heureusement que ça sent l’eucalyptus et pas l’éther, parce qu’on se serait cru dans un bloc d’hôpital. Je prends une longue inspiration, en me disant que le but du massage est de se détendre et pas de se crisper. Puis je passe par toutes les phases possibles et imaginables : d’abord envie de dormir, sous l’effet conjugué de la vapeur et de l’huile de je sais pas quoi qui me glisse dans le dos. Puis envie de crier, quand le masseur, qui a peut etre passé une sale journée lui aussi, s’attaque à mes mollets. Là c’est franchement horrible, comme si il créait une crampe et s’acharnait dessus. Quand il en a fini avec les mollets, là on a une soudaine envie de courir, histoire de se dégourdir les jambes. L’envie de pleurer, elle arrive avec les avants bras, qui fonctionnent grosso modo selon le même principe que les mollets… Enfin je pense. A cet instant précis, je me vois sur la table dans OSS 117, avec tous les membres qui craquent un par un, sous le poids d’un masseur qui veut ma peau. Oui mais pourquoi, je lui ai rien fait moi ! Histoire de ne pas se quitter en mauvais terme, il fini par les pieds, où là, forcement, on a envie de rire. Il est vraiment sadique ce masseur ! Bon, vous l’avez remarquer, si le hammam a besoin de pub pour ses massages, c’est pas à moi qu’il faut demander ! Des gars adeptes des trucs en cuir et en vinyle seraient surement plus convainquant que moi ! Je ressors de là 30 minutes plus tard, avec la tête qui tourne, une crampe au mollet gauche, et un besoin pressant d’aspirine.

Comme j’ai un peu de temps devant moi, je vais faire un tour dans la salle de repos, un endroit frais avec des fauteuils qui ressemble un à solarium de centre de balnéothérapie, sans le soleil. Ca c’est vraiment pas mal, une petite fontaine au milieu crée un peu de fraicheur, et on peut même boire un thé à la menthe si on veut… Malheureusement, comme c’est vendredi, les tarifs sont 20 % plus cher, le thé est donc trop cher pour moi ! Le seul problème avec la « salle de repos », c’est qu’elle n’est pas toujours de tout repos. J’ai à peine le temps de m’allonger, que 3 gros ( vraiment très gros ! ) beaufs arrivent, et décident de partager leurs impressions sur le Maroc. Ils viendraient de Maubeuge, que ça ne m’étonnerais pas. Je n’ai rien contre Maubeuge, mais ça permet de cibler le type de personnage. Ils travailleraient dans la Police que ça ne m’étonnerait pas.. Je n’ai rien contre…. Voila, vous avez compris quoi. Ca me rappelle étrangement le bord de la piscine. Ce qu’il faut savoir, c’est que la salle de repos, c’est aussi la salle de prière. Il n’en faut pas plus pour que les 3 gros beaufs s’esclaffent comme des cons, quand un gars vient se mettre à genou sur son tapis. Enfin…

Puis, comme c’est le dernier vendredi ou Anass est là, et qu’on a rien fait de la semaine, on décide d’aller une dernière fois en pèlerinage à Bodéga. Après de longues négociations, j’arrive à les motiver pour y aller, mais comme c’était presque prévisible, c’est complet. Enfin complet, on se comprends. Là on touche le fond, la corniche c’est trop loin, Bodéga c’est complet, on est vendredi soir et on va encore passer une soirée à la bougie, ce qui est sympa au début, mais peut vite devenir très déprimant. Heureusement, Anass a entendu parler d’un truc à peu près similaire, mais personne ne sait ou c’est. Ca s’appelle le Kasbar, et on va le chercher pendant presque 1h30 ! Après un petit tour en taxi de 40 minutes ( le plus long de toute ma vie ! ), après être passé derrière un mur de tolle ondulée, avoir traversé un champ de ruines, s’être cru à Beyrouth puis à Gaza, on tombe enfin sur ce fameux truc, le Kasbar, un Bodéga en plus classe, plus tamisé… et pas beaucoup plus cher ! En plus on est vendredi, donc il y a un petit groupe qui joue de la musique orientale, c’est plutôt cool ! On s’assoit en poussant un gros ouf de soulagement : l’option « je sauve les meubles » se transforme en option de premier choix, et on décide de revenir. On peut toujours décider… A un moment donné, et sans que je ne comprenne vraiment pourquoi, tout le monde se tourne vers moi en souriant. « Oui quoi, qu’est ce que j’ai fait ? » En fait j’ai rien fait, mais en écoutant le mec qui chante, je comprends tout de suite : il est en train de nous faire une version raï de « La Bohème », et comme malgré mon bronzage, on peut facilement deviner que j’ai un passeport français dans la poche, c’est pour ma poire ! Malgré ça, la journée se termine mieux qu’elle n’avait commencé, mais avec un mal de tête en plus… !