lundi 18 août 2008

This Is The Last Time ( 16 et 17 Aout )

Dans la série des allers retours entre Casa et Kénitra, je voudrais le dernier ! Et oui, depuis cette fin de semaine, il flotte dans l’air un petit parfum de derniers jours, de départ… Pas encore le miens, qui viendra bien assez vite, dans 7 jours, mais celui de Anass, qui rentre à Toulouse ce dimanche. Comme d’habitude, il y a des tas de trucs qu’on devait faire et qu’on a pas fait, mais ce week-end, on se concentre sur les fondamentaux : plages et Kénitra. Le mix de la mort qui rythme mes week-ends depuis deux mois maintenant ! On peut sentir un brin de nostalgie dans ma voix, et on peut avoir raison… C’est toujours agréable de rentrer chez soi, surtout après deux mois passés sur un autre continent ( n’exagérons pas non plus, mais c’est juste pour se la péter un peu ), mais on a beau dire, Wasquehal n’est pas Kénitra, le tramway n’est pas le train de la côte, Bray Dunes n’est pas Bouznika.

En parlant de Bouznika, c’est là que je rejoins Anass et Reda samedi matin, après avoir pris mon petit dej’ chez Pomme de Pain, qui fait décidemment le plus bon jus d’orange du boulevard Ziraoui ( le boulevard du lycée Lyautey…). Je les avais abandonnés la veille, aux alentours de 1h30 du matin, alors qu’ils parlaient de se lever à 7 heures, pour prendre le train de 8 heures pour Kenitra, et redescendre à Bouznika en voiture… Je ne sais pas si je l’avais déjà dit, mais pour situer, voici la cote du SUD au NORD : Casa – Bouznika – Rabat – Kénitra. Un petit détour en perspective donc ! Ceci me permet en plus de me lever à 10 heures, en culpabilisant un peu pour eux, mais en savourant ma grâce matinée. A 13h30, je grimpe dans le train que je commence à connaitre par cœur, un Newsweek à la main. Et oui, le spécial été de TelQuel est en rupture de stock, et comme j’aurai tout le loisir de lire les magasines français en France, je me dis que c’est l’occasion. A 14h, j’arrive à Bouznika, ou m’attendent Reda et Anass, direction la plage, ou on est jamais arrivé aussi tôt.

Comme je ne prévois pas de me baigner dans l’Atlantique de sitôt ( quoique, quoique..), j’en profite, et y retourne 3 fois, à la surprise générale ! Mais le moment clé de la journée, c’est ( comme d’habitude allez vous me dire ), le repas… Comme tout le monde doit ressentir la nostalgie dont j’ai parlé toute à l’heure, on choisit d’aller prendre UN tajine dans un petit snack un peu en retrait de la plage. Et c’est tout simplement génial. Ca ne vaut pas LE tajine qu’on avait mangé la veille avec Reda, et qui nous avait couté 17 dirhams avec la boisson, mais c’est franchement pas mal. Je suis toujours le seul à manger avec une fourchette, mais vraiment, avec les doigts je n’y arrive pas ! Je le jure, ce n’est ni du snobisme, ni de l’occidentalisme forcené, c’est technique, je n’arrive pas à décortiquer le poulet avec du pain, ni à attraper les pommes de terres avec deux doigts ! Souvent j’envie les baguettes d’Andélis… de plus en plus souvent ! Je me régale quand même, en dégustant un verre de Hawai bien frais. Je me rappelle 1 mois et demi plus tôt, à cette même heure, à cette même plage et à ce même snack, ou j’avais pris une pizza et un coca. J’étais complètement fou ! Ou je devais avoir pris le soleil sur la tronche un peu trop.

Puis l’après midi est à l’image de la matinée, ensoleillée, reposante, nostalgique. Enfin reposante, c’est vite dit : vers 17 heures, toute la plage est tirée de sa torpeur par des cris et un troupeau qui se forme à quelques mètres de nous : un vendeur de glace qui s’est fait agressé par un vendeur de sodas ? Un jetski qui a fini sa course sur des vendeurs de sardines ? Non non, juste une fille que deux maitres nageurs sortent de l’eau, inconsciente, les bras ballants et la tête toute bleue… Ca n’a pas l’air comme ça, mais c’est assez impressionnant… Personne ne sachant vraiment ce qu’elle a ( à savoir si elle respire ou non ), chaque parasol envoie un messager prendre des nouvelles de l’inconsciente - dans tous les sens du terme.

Comme il se fait tard, et qu’on était censé rentrer à Kenitra à 18 heures, je me baigne une dernière fois, avec l’impression qu’elle n’a jamais été aussi bonne qu’aujourd’hui. Puis on reprend la route, pour la dernière fois, non sans avoir pris le soin de garder un peu de sable dans nos baskets ( en même temps, même si on avait pas voulu…). Je commence à aimer cette autoroute, toute droite, le long de la mer. Je ne sais pas si c’est la musique, le soleil qui se couche, ou l’odeur de creme solaire, mais tout ça a un parfum de vacances que je n’avais pas senti depuis bien longtemps. En arrivant, et comme chaque samedi soir, on passe la soirée à manger, et à regarder la télé française. On arrive trop tard pour Fort Boyard ( mais j’aurai droit à un résumé détaillé par Sarah, je ne me fais pas de soucis ), mais à l’heure pour « On est Pas Couchés ». On finira comme des légumes devant le marathon des JO, et une petite visite guidée dans Pékin.

Le dimanche est une journée bien étrange, ou tout semble tourner à l’envers. D’abord je n’ai pas dormi de la nuit. Je ne sais pas si ce sont les 20 premiers km du marathon qui m’ont énervé, mais en tous cas le réveil est difficile. Anass doit faire sa valise et quelques achats à Kénitra, donc on est plutôt matinaux aujourd’hui, et à 10 heures on fait l’ouverture des boutiques de jean’s. Chose incroyable, on se dit pour la première fois depuis 2 mois « Mince, on est venu trop tôt ». Tout tourne à l’envers je vous dit ! Après 2 heures, on rentre avec un jean et un t-shirt chacun, un magnifique t-shirt rouge avec une étoile verte. Ca va le faire d’arriver à l’aéroport avec ça ! Ce qui est cool avec les vendeurs de Jean’s, c’est qu’ils ont tous la télé dans leur boutique, généralement branchée sur Al Jazeera Sports ( la seule chaine arabe qui a eu les droits pour les JO ), et on arrive en pleine compétition d’équitation à Hong Kong ! La classe ;)

Puis c’est la tournée d’adieux à toute la famille ( pas la mienne, évidemment ), à commencer par les grands parents de Anass. C’est son petit cousin de 1 an et demi qui nous ouvre, et comme je suis quelqu'un de cool, j’essaye d’établir le contact, en lui parlant arabe. Bon, disons que je lui dis de venir, mais c’est déjà ça. J’étais pas censé savoir qu’il vivait à Clamart et qu’il ne parlait pas un mot d’arabe ! Mais ça marche : il me prête son tamtam pour que je lui joue un petit morceau de ma composition. Il s’appelle Chadi, et a une petite sœur de 2 semaines, un truc comme ça, vachement mignonne, que j’ai hypnotisé en jouant du tamtam : pendant la demi heure qui suit, elle me fixe de ses yeux tout noirs, comme si j’étais un extraterrestre. La théorie de Anass c’est que je suis blond et que ça la surprend ! Mais quand j’ai entendu son prénom, j’ai compris : elle s’appelle Lyna… Ben voyons !

Comme le temps presse, j’abandonne le tamtam, et on part, direction l’aéroport de Casa, 200 km plus bas ! Ca me fait un peu bizarre d’aller à l’aéroport pour ne pas prendre l’avion, et après les 12 heures que j’y ai passé, je me rappelle encore par cœur du terminal 2, d’où partent les vols pour Toulouse ! La guichetière s’étonne que je ne pose pas de bagages sur le tapis, et que je n’ai pas mon passeport à la main, mais c’est comme ça… Quand je dis que tout tourne à l’envers aujourd’hui ! A 16h30, Anass s’en va, ça sent vraiment la fin. La fin de 2 mois de coloc’, qui ont fait en grande partie, que ce séjour a été réussi. Pas besoin d’échanger nos numéro ou nos adresses pour les cartes postales, ça on l’a déjà fait il y a bien longtemps !

Je reprends le train pour rentrer de l’aéroport, après être passé à travers 3 portiques de sécurité. Et oui, depuis vendredi tout a été renforcé, et on se sent un peu plus surveillé que d’habitude. Dans le train, des flics font une ronde avec des chiens. Apparemment il s’est passé quelque chose vendredi mais je ne sais pas trop quoi. On va pas arrêter de vivre pour autant hein ! En face deux moi, deux algériens et une française me demandent la route pour aller à Casa Voyageurs, que je leur indique avec plaisir, en leur expliquant que le train va à Ain Sebba ( prononcez Aïn Sbahhh ) et qu’il faut donc changer là bas. J’avoue que je me la pète un peu, ça fait plaisir de servir de guide à des « étrangers » ! Sauf que je me suis complètement planté, qu’il n’y a pas besoin de changer, car le train arrive directement à Casa Voyageurs ! Oui ben on peut pas tout savoir hein ! Et voila, c’est la fin du week-end, le dernier à Casa. Je m’apprête à passer une semaine dans l’appart, tout seul cette fois.