vendredi 22 août 2008

Long Way Home - The End ( 22 Aout )

Et voila, le 57ème jour ( c'est-à-dire le dernier ), de mon séjour au Maroc s’achève. J’ai essayé de retracer les grandes lignes, tout ce qu’il y a eu de marquant, d’étonnant, d’amusant et d’étrange, dans ce blog. Avec plus ou moins de régularité, plus ou moins de retard parfois ( j’ai pas été souvent debout cette semaine ! ), plus ou moins de moqueries aussi, mais souvent c’était justifié ! J’espère que j’ai réussi à vous montrer, le mieux possible, comment c’est le Maroc d’aujourd’hui, ce qu’il a de bien et de moins bien, mais surtout, vous l'avez compris, ce qu’il a de bien !

En tous cas voila comment j’ai perçu mes deux mois à Casa, deux mois bien remplis, d’imprévus certes, mais aussi de découvertes et de très bons moments. Deux mois à sa laver à l’eau froide et à s’éclairer à la bougie, mais aussi deux mois de week-ends à la mer, de thé à la menthe et de hammam. A cet instant précis, je commence à me dire que finalement, la vie ici n’est pas si impossible que ça. Je me dis que ce qui était inconcevable fin Juin ne l’est plus tant que ça aujourd’hui : il fait chaud et c’est le bordel tout le temps, mais je n’ai jamais rencontré de gens aussi accueillants et aussi simples ( à ne pas prendre négativement bien sur ! ) qu’ici.
Aujourd'hui était donc une journée ordinaire, sous le soleil voilé de Casa, avec la petite séance de MSN avec Andélis, un petit déjeuner chez Zegafredo ( ça c'est une grande première ), une (longue) attente avant de récuperer mon attestation de stage, et une dernière petite balade entre l'avenue Hassan II, et le lycée Lyautey... Histoire de finir en beauté, je m'apprete à aller récuperer la caution grace à mon don pour le langage des signes ( oui, celui pour l'arabe je l'ai pas encore attrapé ! )

Demain, direction le Tarn et Garonne, dont le seul point commun avec le Maroc est l’herbe brûlée. J’ai emmené mon stock de Cloret’s et de cookies, mais pas de hawai, trop lourd pour ma valise qui ne ferme déjà pas ! Ca promet… Comme le précédent, cet article est écrit en vitesse dans un petit cyber café où la vitesse justement, n’est pas de mise, alors il sera court !

C’est donc l’heure de remercier tous les gens que j’ai rencontré et qui ont fait que ces deux mois sont passés, au final, très vite ! Anass, Mohammed, Reda, Mouna, Karim, Souhail, Yasmine, Kenza, Youssef, Maha, Amin, Mme Berradia, Amin et Ottman, le vendeur de journaux de l’Avenue Hassan II, Le pressing Le Propret, le gars de la téléboutique d’en bas, celui de l’épicerie, et bien sur, le serveur de Zegafredo.

Et un grand merci à Jack Malone et à son équipe.
A bientot pour de nouvelles aventures !
Julien

mercredi 20 août 2008

Everybody Knows You Cried Last Night ( 20 Aout )

Moi qui m’étais mis en tete de profiter au maximum de ma dernière semaine à Casa, qui me faisais une joie d’être officiellement en vacances, mercredi et jeudi étant fériés, c’est râté… La cause à un coup de chaud, ou à un coup de fatigue, ou à un coup du sort, je ne sais pas… Toujours est il que j’ai passé la nuit dans un état plus que comateux, incapable de manger, incapable de boire, ou de me lever ( ce qui est gênant quand la moindre goute d’eau ingurgité ressort illico ). On prend les mêmes, et on recommence, tout ça ressemble étrangement au week end dernier à Marrakech, avec la climatisation en moins et le mal de ventre en plus ! Mais le week end dernier n’était pas mon dernier week end. Aujourd’hui, j’aurais pu etre au bord de la plage en ce jour de la fete de la Révolution du Peuple et du Roi ( aujourd’hui ), veille de l’anniversaire du Roi ( demain ), où à Kenitra, je ne sais où, mais pas dans mon lit !

Au lieu de ça, il ne me reste plus que mes larmes pour pleurer, au beau milieu de la nuit, justement celle qu’à choisi la proprio pour engueuler le locataire d’en face jusqu’à 23h30. Le comble, arrive sur les coups de 5 heures, alors que je ne me vois pas passer 1 heure de plus dans cet état : j’appelle SOS Medecin, mon dernier éspoir. Manque de bol, la personne qui décroche ne parle pas français. La deuxième non plus. J’abandonne, reprends un Nureflex, et dors jusqu’à 10 heures !

Aujourd’hui, ça va un peu mieux, mais c’est toujours pas la grande forme, d’où cet article plutôt bref et écrit en direct du Zegafredo, alors que la Russie est en train d’écraser la Roumanie en volley ( qui ils n’écraseraient pas en même temps…). Allé, un Mars et ça repart, rendez vous demain pour de nouvelles aventures !

Rockcollection ( 20 Aout )

Comme l’ont remarqué les plus assidus, et musicophiles d’entre vous, qui ont l’amabilité ( si si ! ) de lire régulièrement ce blog, la musique y a une place de choix. Et pour cause, elle m’a accompagné dans l’avion, sur la route, au bureau, à la plage, dans ma chambre et jusque dans mon lit. C’est souvent une des premières choses qui nous manque quand est loin de chez soi, une des choses qu’on est content de retrouver. Oui mais voilà, ce qui est vrai dans un sens, est aussi vrai dans l’autre : en deux mois, on a le temps de s’habituer à ce qu’on entend, sur Radio2M mais pas seulement. Alors voila le Top 10 ( le dernier de la série ) de ce que j’ai écouté, chanté, fredonné, pendant ces deux mois à Casablanca :

Number 10 : Costello Music des Fratellis. Et oui, c’est bien aussi les produits importés ! Ce qui est bien avec les Fratellis, c’est que leur musique correspond à peut près à tous les états d’esprit qu’on peut imaginer : content, énervé, fatigué, débordant d’énergie, il y a toujours une chanson pour accompagner votre journée ! Personnellement, c’est généralement ça que j’écoute sur la route le matin. C’est eux, plus que les Frosties, qui me font le plein d’énergie ! Le seul inconvénient c’est que quand on a pas de guitare sous la main, on a les doigts qui démangent… Mais c’est un moindre mal.

Number 9 : Hold That Sucker Down de David Vandetta. Charmant titre… et charmante chanson ! Elle concurrence à la fois Magic System et Laurent Wolf sur Radio2M, numéro 4 du Top 50 marocain, et qui passe généralement sur la route du retour de la plage.

Number 8 : Perfect Day, de Lou Reed. J’avoue que je ne connaissais pas cette chanson, et que je suis devenu accro en l’entendant dans le MP3 d’Andélis. Moins entrainant que les Fratellis, mais plus calme et plus romantique. C’est vraiment pas mal pour commencer sa journée, en prenant son petit dej chez Pomme de Pain, ou à l’Alexandrin par exemple…

Number 7 : Still Take You Home, des Arctic Monkeys. Il fallait bien en choisir une, car si on regarde dans le top 20 de mon MP3, on ne trouve pas moins de 7 Arctic Monkeys. Celle là, je ne la connaissais pas non plus, mais c’est plutôt pas mal pour courir le long de la plage. Et puis les Arctic Monkeys c’est comme les Fratellis, ça reste une valeur sûre.

Number 6 : Amy Winehouse, Back To Black. Chaque année, la Star Ac a son parrain ( ou sa victime, c’est au choix…), Studio 2M aussi, et cette année, l’heureuse élue est.. Amy Winehouse, qui a défaut de se faire massacrer par la coke, se fait maintenant massacrer par des petits chanteurs à l’étoile de bois… Comme il faut mieux l’original à la copie, je me suis fait et re-fait tout l’album cet été. J’espere qu’un nouvel album est sur les rails ! Ahaha, quel humour !

Number 5 : Animals des Pink Floyd. Ne vous inquiétez pas, je réserve les premières places pour la musique locale ! Mais il fallait bien les caser quelque part, étant donné que j’ai passé tout le mois de juillet à l’écouter en boucle. L’avantage avec les Pink Floyd c’est que ça s’écoute d’une traite, et que ça prend une heure… Et franchement, Animals ça n’a pas grand chose à voir avec le reste : même ceux ( et celles ) qui ne sont pas de grands fans peuvent l’apprecier, j’en suis sûr !

Number 4 : No Stress et Wash My World de Laurent Wolf. Voila ce que j’appelle la musique local ! Ca n’a rien de marocain, mais je pense que c’est bel est bien ici qu’il est le plus diffusé ! Début Juillet, j’aimais bien. Début Aout, ça se laissait écouter. Fin Aout, c’est devenu carrément insupportable ! Vous avez essayé d’écouter une chanson 25 fois par jour, 7 jours sur 7 ? J’ai testé pour vous, parfois à mon insu, c’est douloureux !

Number 3 : Magic System. Comment les rater ? La plus grosse fréquence de passage sur radio2M, toutes les demi-heures environ. C’est entrainant, c’est marrant, ça sent les vacances, bref c’est cool ! Et puis Reda les imite à la perfection, alors pourquoi s’en priver ? « En zougoulou on dit pas il faut danser, on dit il faut libérer, alors on libère les gars ! »

Number 2 : Bless de Ganga’vibe. « Le Drapeau Rouge et l’Etoile Verte », c’est eux ! Ils méritent leur place sur le podium à plusieurs titres. D’abord, c’est la première chanson reggae – R’n’B patriotique que j’ai jamais entendue. Ben oui, « le drapeau rouge et l’étoile verte » est une déclaration d’amour au Maroc. Ensuite, parce que ça met plutôt la pêche et que les paroles sont plutôt censées…

Number 1 : Ya Labes de Mazagan. Le vainqueur toutes catégories ! C’est vraiment génial, et quand on la chante une fois, elle vous reste dans la tête toute la journée. C’est entrainant comme Ganga’vibe, mais plus typique : c’est de la musique orientale dans ce qui se fait de plus moderne. Ca met de bonne humeur comme les Fratellis, ça passe (presque) aussi souvent que Magic System, et les paroles ne sont pas franchement compliquée. Tout pour faire un tube de l’été quoi… Voici un petit aperçu : c’est la deuxième chanson du lecteur. ( ça vaut vraiment le détour ! ) http://www.ournia.com/musique/marocaine/mazagan.html

lundi 18 août 2008

This Is The Last Time ( 16 et 17 Aout )

Dans la série des allers retours entre Casa et Kénitra, je voudrais le dernier ! Et oui, depuis cette fin de semaine, il flotte dans l’air un petit parfum de derniers jours, de départ… Pas encore le miens, qui viendra bien assez vite, dans 7 jours, mais celui de Anass, qui rentre à Toulouse ce dimanche. Comme d’habitude, il y a des tas de trucs qu’on devait faire et qu’on a pas fait, mais ce week-end, on se concentre sur les fondamentaux : plages et Kénitra. Le mix de la mort qui rythme mes week-ends depuis deux mois maintenant ! On peut sentir un brin de nostalgie dans ma voix, et on peut avoir raison… C’est toujours agréable de rentrer chez soi, surtout après deux mois passés sur un autre continent ( n’exagérons pas non plus, mais c’est juste pour se la péter un peu ), mais on a beau dire, Wasquehal n’est pas Kénitra, le tramway n’est pas le train de la côte, Bray Dunes n’est pas Bouznika.

En parlant de Bouznika, c’est là que je rejoins Anass et Reda samedi matin, après avoir pris mon petit dej’ chez Pomme de Pain, qui fait décidemment le plus bon jus d’orange du boulevard Ziraoui ( le boulevard du lycée Lyautey…). Je les avais abandonnés la veille, aux alentours de 1h30 du matin, alors qu’ils parlaient de se lever à 7 heures, pour prendre le train de 8 heures pour Kenitra, et redescendre à Bouznika en voiture… Je ne sais pas si je l’avais déjà dit, mais pour situer, voici la cote du SUD au NORD : Casa – Bouznika – Rabat – Kénitra. Un petit détour en perspective donc ! Ceci me permet en plus de me lever à 10 heures, en culpabilisant un peu pour eux, mais en savourant ma grâce matinée. A 13h30, je grimpe dans le train que je commence à connaitre par cœur, un Newsweek à la main. Et oui, le spécial été de TelQuel est en rupture de stock, et comme j’aurai tout le loisir de lire les magasines français en France, je me dis que c’est l’occasion. A 14h, j’arrive à Bouznika, ou m’attendent Reda et Anass, direction la plage, ou on est jamais arrivé aussi tôt.

Comme je ne prévois pas de me baigner dans l’Atlantique de sitôt ( quoique, quoique..), j’en profite, et y retourne 3 fois, à la surprise générale ! Mais le moment clé de la journée, c’est ( comme d’habitude allez vous me dire ), le repas… Comme tout le monde doit ressentir la nostalgie dont j’ai parlé toute à l’heure, on choisit d’aller prendre UN tajine dans un petit snack un peu en retrait de la plage. Et c’est tout simplement génial. Ca ne vaut pas LE tajine qu’on avait mangé la veille avec Reda, et qui nous avait couté 17 dirhams avec la boisson, mais c’est franchement pas mal. Je suis toujours le seul à manger avec une fourchette, mais vraiment, avec les doigts je n’y arrive pas ! Je le jure, ce n’est ni du snobisme, ni de l’occidentalisme forcené, c’est technique, je n’arrive pas à décortiquer le poulet avec du pain, ni à attraper les pommes de terres avec deux doigts ! Souvent j’envie les baguettes d’Andélis… de plus en plus souvent ! Je me régale quand même, en dégustant un verre de Hawai bien frais. Je me rappelle 1 mois et demi plus tôt, à cette même heure, à cette même plage et à ce même snack, ou j’avais pris une pizza et un coca. J’étais complètement fou ! Ou je devais avoir pris le soleil sur la tronche un peu trop.

Puis l’après midi est à l’image de la matinée, ensoleillée, reposante, nostalgique. Enfin reposante, c’est vite dit : vers 17 heures, toute la plage est tirée de sa torpeur par des cris et un troupeau qui se forme à quelques mètres de nous : un vendeur de glace qui s’est fait agressé par un vendeur de sodas ? Un jetski qui a fini sa course sur des vendeurs de sardines ? Non non, juste une fille que deux maitres nageurs sortent de l’eau, inconsciente, les bras ballants et la tête toute bleue… Ca n’a pas l’air comme ça, mais c’est assez impressionnant… Personne ne sachant vraiment ce qu’elle a ( à savoir si elle respire ou non ), chaque parasol envoie un messager prendre des nouvelles de l’inconsciente - dans tous les sens du terme.

Comme il se fait tard, et qu’on était censé rentrer à Kenitra à 18 heures, je me baigne une dernière fois, avec l’impression qu’elle n’a jamais été aussi bonne qu’aujourd’hui. Puis on reprend la route, pour la dernière fois, non sans avoir pris le soin de garder un peu de sable dans nos baskets ( en même temps, même si on avait pas voulu…). Je commence à aimer cette autoroute, toute droite, le long de la mer. Je ne sais pas si c’est la musique, le soleil qui se couche, ou l’odeur de creme solaire, mais tout ça a un parfum de vacances que je n’avais pas senti depuis bien longtemps. En arrivant, et comme chaque samedi soir, on passe la soirée à manger, et à regarder la télé française. On arrive trop tard pour Fort Boyard ( mais j’aurai droit à un résumé détaillé par Sarah, je ne me fais pas de soucis ), mais à l’heure pour « On est Pas Couchés ». On finira comme des légumes devant le marathon des JO, et une petite visite guidée dans Pékin.

Le dimanche est une journée bien étrange, ou tout semble tourner à l’envers. D’abord je n’ai pas dormi de la nuit. Je ne sais pas si ce sont les 20 premiers km du marathon qui m’ont énervé, mais en tous cas le réveil est difficile. Anass doit faire sa valise et quelques achats à Kénitra, donc on est plutôt matinaux aujourd’hui, et à 10 heures on fait l’ouverture des boutiques de jean’s. Chose incroyable, on se dit pour la première fois depuis 2 mois « Mince, on est venu trop tôt ». Tout tourne à l’envers je vous dit ! Après 2 heures, on rentre avec un jean et un t-shirt chacun, un magnifique t-shirt rouge avec une étoile verte. Ca va le faire d’arriver à l’aéroport avec ça ! Ce qui est cool avec les vendeurs de Jean’s, c’est qu’ils ont tous la télé dans leur boutique, généralement branchée sur Al Jazeera Sports ( la seule chaine arabe qui a eu les droits pour les JO ), et on arrive en pleine compétition d’équitation à Hong Kong ! La classe ;)

Puis c’est la tournée d’adieux à toute la famille ( pas la mienne, évidemment ), à commencer par les grands parents de Anass. C’est son petit cousin de 1 an et demi qui nous ouvre, et comme je suis quelqu'un de cool, j’essaye d’établir le contact, en lui parlant arabe. Bon, disons que je lui dis de venir, mais c’est déjà ça. J’étais pas censé savoir qu’il vivait à Clamart et qu’il ne parlait pas un mot d’arabe ! Mais ça marche : il me prête son tamtam pour que je lui joue un petit morceau de ma composition. Il s’appelle Chadi, et a une petite sœur de 2 semaines, un truc comme ça, vachement mignonne, que j’ai hypnotisé en jouant du tamtam : pendant la demi heure qui suit, elle me fixe de ses yeux tout noirs, comme si j’étais un extraterrestre. La théorie de Anass c’est que je suis blond et que ça la surprend ! Mais quand j’ai entendu son prénom, j’ai compris : elle s’appelle Lyna… Ben voyons !

Comme le temps presse, j’abandonne le tamtam, et on part, direction l’aéroport de Casa, 200 km plus bas ! Ca me fait un peu bizarre d’aller à l’aéroport pour ne pas prendre l’avion, et après les 12 heures que j’y ai passé, je me rappelle encore par cœur du terminal 2, d’où partent les vols pour Toulouse ! La guichetière s’étonne que je ne pose pas de bagages sur le tapis, et que je n’ai pas mon passeport à la main, mais c’est comme ça… Quand je dis que tout tourne à l’envers aujourd’hui ! A 16h30, Anass s’en va, ça sent vraiment la fin. La fin de 2 mois de coloc’, qui ont fait en grande partie, que ce séjour a été réussi. Pas besoin d’échanger nos numéro ou nos adresses pour les cartes postales, ça on l’a déjà fait il y a bien longtemps !

Je reprends le train pour rentrer de l’aéroport, après être passé à travers 3 portiques de sécurité. Et oui, depuis vendredi tout a été renforcé, et on se sent un peu plus surveillé que d’habitude. Dans le train, des flics font une ronde avec des chiens. Apparemment il s’est passé quelque chose vendredi mais je ne sais pas trop quoi. On va pas arrêter de vivre pour autant hein ! En face deux moi, deux algériens et une française me demandent la route pour aller à Casa Voyageurs, que je leur indique avec plaisir, en leur expliquant que le train va à Ain Sebba ( prononcez Aïn Sbahhh ) et qu’il faut donc changer là bas. J’avoue que je me la pète un peu, ça fait plaisir de servir de guide à des « étrangers » ! Sauf que je me suis complètement planté, qu’il n’y a pas besoin de changer, car le train arrive directement à Casa Voyageurs ! Oui ben on peut pas tout savoir hein ! Et voila, c’est la fin du week-end, le dernier à Casa. Je m’apprête à passer une semaine dans l’appart, tout seul cette fois.

A Rush Of Blood To The Head ( 15 Aout )

Aujourd’hui est une journée mouvementée dans tous les sens du terme, pour moi, mais pas seulement. Pourtant aujourd’hui c’est vendredi, et qui dit vendredi, dit journée plus calme, plus courte, et donc plus cool. Surtout qu'on est le 15 Aout, la Sainte Vierge monte au ciel, et par temps clair ( ceci est une dédicace familiale )...


Tout commence ce matin, lorsqu’en arrivant, je remarque que la porte de mon bureau est ouverte. Ce n’est pas arrivé depuis 15 jours, depuis que Karim est parti, et que le premier qui l’ouvre, c’est moi, vers 9h30. En poussant la porte, j’entre en plein cœur d’une scène dramatique : un déménagement de bureau. Et oui, comme hier c’était férié, on en a profité pour déménager les affaires de la dame ( très gentille, qui me demande toujours comment je fais, et prends des nouvelles de mon bronzage ) : elle n’est plus à coté, mais dans mon bureau, plus petit, plus encombré, et pas climatisé. Elle vit ça comme un affront, et à juste titre. Franchement, j’aime bien mon bureau, mais c’est parce que pour l’instant, j’ai pas connu mieux en fait… Toute la matinée, je suis le témoin de coups de fil désespérés et de monologues dignes des tragédies les plus… tragiques ! Moralité de la matinée : petit bureau, gros emmerdes ! Avec tout ça je ne peux pas finir l’épisode de FBI que j’avais commencé la veille, et j’ai des scrupules dès que je mets mes écouteurs. En prime, un petit mal de tête se pointe vers 10 heures, on se demande bien pourquoi…

Toute cette agitation est une raison de plus pour écourter ma journée. Et on est vendredi, et qui dit vendredi, dit fini à midi ! Midi, parlons de midi ! Vers 11 heures, alors qu’une petite faim commence à se faire sentir, juste après mon 3ème café, Reda me propose d’aller manger un couscous quelque part. OK, mais ou ? Après quelque minutes de marche, on revoit nos ambitions à la baisse, ça sera un tajine dans une petit échoppe qui selon Reda « ne paye pas de mine mais fait des merveilles gastronomiques ». Effectivement, ça ne paye pas de mine, mais on va tenter ! La. LE, pardon… Le tajine de poulet coute 17 dirhams, avec la boisson, ce qui fait de cette échoppe la moins chère de toute l’avenue Hassan II. Et franchement, c’est délicieux, autant le poulet, que les pommes de terre ou le pain. Seul petit bémol, à propos du pain justement : je n’avais pas compris, au début, pourquoi ils en donnaient autant. Puis, pourquoi ils ne donnaient pas de couverts. Puis j’ai fait le lien entre les deux ( là les personnes qui me connaissent bien se disent « ahh ben oui, il est incapable de réfléchir quand il a faim », et j’ai envie de dire qu’elles ont raison ! ). Et oui, ici tout est traditionnel, on mange donc en se servant du pain comme couvert. Et franchement, j’y arrive pas. Le bémol n’est pas encore arrivé. Car on pourrait se dire « ben si t’arrive pas à manger avec ton pain, demande des ouverts ! » Oui, sauf que les couverts coutent 5 dirhams ici ! Et oui, j’ai jamais vu ça, mais les couverts sont bel et bien payants, alors que le pain, lui, est gratuit… Je rassemble donc difficilement 5 dirham dans ma poche, et demande des couverts au patron, qui me regarde d’un air étrange, un mélange de « Mais qu’est ce que tu vas faire avec ça » et de « je le savais, touriste » ! Ca n’empêche que ce truc c’est le meilleur rapport qualité prix de tout Casa, au moins !

Qui dit tajine, dit thé à la menthe pour digérer. Comme on est vendredi, je vais le prendre au Zegafredo, où je retrouve Ma, qui s’est bien ennuyée aujourd’hui et qui a épluché les moindres recoins de wikipédia ! Cette après midi sera donc très culturelle… Vous saviez vous, ce que ça veut dire « VAL » ( mais si, c’est le métro de Lille ) ? Vous saviez, aussi, que Casablanca était jumelée avec Shanghai ? Ca c’est trop fort ! Ahh tiens, en direct de Al Jazeera Sport, la Chine remporte une enième médaille dans ce qui doit être de la lutte, masculine ou féminine, ne me demandez pas ! Dans tous les cas, je me coucherai moins bête ce soir, ça a du bon de s’ennuyer un peu hein ?

La fin de la journée est à l’image de son début, et surtout pas à l’image d’un vendredi normal et habituel. Depuis la semaine dernière, et la dernière fois que je suis allé au hammam ( pas la dernière fois que je me suis lavé, je vous rassure tout de suite ! ), je suis tenté par le massage à 100 dirham. Après avoir testé le gommage, avec plus ou moins de succès, je me dis qu’il serait dommage de partir sans avoir profité d’un massage aux huiles de je sais pas quoi, à peu près 15 fois moins cher qu’en France. A 18 heures direction donc le hammam, dont je remercie Mouna chaque semaine de me l’avoir montré, et c’est parti pour 30 minutes de … euh, de … Ben en fait je sais pas trop quoi.

Je me retrouve allongé sur le dos, un genre de drap sur la tête, comme si le gars ne voulait pas que je vois ce qu’il allait me faire. Heureusement que ça sent l’eucalyptus et pas l’éther, parce qu’on se serait cru dans un bloc d’hôpital. Je prends une longue inspiration, en me disant que le but du massage est de se détendre et pas de se crisper. Puis je passe par toutes les phases possibles et imaginables : d’abord envie de dormir, sous l’effet conjugué de la vapeur et de l’huile de je sais pas quoi qui me glisse dans le dos. Puis envie de crier, quand le masseur, qui a peut etre passé une sale journée lui aussi, s’attaque à mes mollets. Là c’est franchement horrible, comme si il créait une crampe et s’acharnait dessus. Quand il en a fini avec les mollets, là on a une soudaine envie de courir, histoire de se dégourdir les jambes. L’envie de pleurer, elle arrive avec les avants bras, qui fonctionnent grosso modo selon le même principe que les mollets… Enfin je pense. A cet instant précis, je me vois sur la table dans OSS 117, avec tous les membres qui craquent un par un, sous le poids d’un masseur qui veut ma peau. Oui mais pourquoi, je lui ai rien fait moi ! Histoire de ne pas se quitter en mauvais terme, il fini par les pieds, où là, forcement, on a envie de rire. Il est vraiment sadique ce masseur ! Bon, vous l’avez remarquer, si le hammam a besoin de pub pour ses massages, c’est pas à moi qu’il faut demander ! Des gars adeptes des trucs en cuir et en vinyle seraient surement plus convainquant que moi ! Je ressors de là 30 minutes plus tard, avec la tête qui tourne, une crampe au mollet gauche, et un besoin pressant d’aspirine.

Comme j’ai un peu de temps devant moi, je vais faire un tour dans la salle de repos, un endroit frais avec des fauteuils qui ressemble un à solarium de centre de balnéothérapie, sans le soleil. Ca c’est vraiment pas mal, une petite fontaine au milieu crée un peu de fraicheur, et on peut même boire un thé à la menthe si on veut… Malheureusement, comme c’est vendredi, les tarifs sont 20 % plus cher, le thé est donc trop cher pour moi ! Le seul problème avec la « salle de repos », c’est qu’elle n’est pas toujours de tout repos. J’ai à peine le temps de m’allonger, que 3 gros ( vraiment très gros ! ) beaufs arrivent, et décident de partager leurs impressions sur le Maroc. Ils viendraient de Maubeuge, que ça ne m’étonnerais pas. Je n’ai rien contre Maubeuge, mais ça permet de cibler le type de personnage. Ils travailleraient dans la Police que ça ne m’étonnerait pas.. Je n’ai rien contre…. Voila, vous avez compris quoi. Ca me rappelle étrangement le bord de la piscine. Ce qu’il faut savoir, c’est que la salle de repos, c’est aussi la salle de prière. Il n’en faut pas plus pour que les 3 gros beaufs s’esclaffent comme des cons, quand un gars vient se mettre à genou sur son tapis. Enfin…

Puis, comme c’est le dernier vendredi ou Anass est là, et qu’on a rien fait de la semaine, on décide d’aller une dernière fois en pèlerinage à Bodéga. Après de longues négociations, j’arrive à les motiver pour y aller, mais comme c’était presque prévisible, c’est complet. Enfin complet, on se comprends. Là on touche le fond, la corniche c’est trop loin, Bodéga c’est complet, on est vendredi soir et on va encore passer une soirée à la bougie, ce qui est sympa au début, mais peut vite devenir très déprimant. Heureusement, Anass a entendu parler d’un truc à peu près similaire, mais personne ne sait ou c’est. Ca s’appelle le Kasbar, et on va le chercher pendant presque 1h30 ! Après un petit tour en taxi de 40 minutes ( le plus long de toute ma vie ! ), après être passé derrière un mur de tolle ondulée, avoir traversé un champ de ruines, s’être cru à Beyrouth puis à Gaza, on tombe enfin sur ce fameux truc, le Kasbar, un Bodéga en plus classe, plus tamisé… et pas beaucoup plus cher ! En plus on est vendredi, donc il y a un petit groupe qui joue de la musique orientale, c’est plutôt cool ! On s’assoit en poussant un gros ouf de soulagement : l’option « je sauve les meubles » se transforme en option de premier choix, et on décide de revenir. On peut toujours décider… A un moment donné, et sans que je ne comprenne vraiment pourquoi, tout le monde se tourne vers moi en souriant. « Oui quoi, qu’est ce que j’ai fait ? » En fait j’ai rien fait, mais en écoutant le mec qui chante, je comprends tout de suite : il est en train de nous faire une version raï de « La Bohème », et comme malgré mon bronzage, on peut facilement deviner que j’ai un passeport français dans la poche, c’est pour ma poire ! Malgré ça, la journée se termine mieux qu’elle n’avait commencé, mais avec un mal de tête en plus… !

dimanche 17 août 2008

Holyday ( 14 Aout )

Les marocains ne vous le diront pas tous les jours ( en privé en tous cas ), mais la monarchie, ça a du bon. Et oui, aujourd’hui, veille du 15 aout, c’est un jour férié au Maroc ! Personne ne sait pas vraiment pourquoi, et tout le monde ne le sait pas d’ailleurs… Mais aujourd’hui, c’est bel et bien les vacances ! Le deuxième jour férié en 15 jours, avant les deux prochains, le 21 et 22 ! J’ai dit un jour en rigolant que ça devait être l’anniversaire du petit cousin du roi, ce qui, vraisemblablement, ne serait pas si saugrenu que ça !

Et histoire de fêter dignement l’anniversaire d’un éventuel petit cousin du roi, direction la plage ! C’est une grande première, aujourd’hui ça n’est ni Bouznika, ni Kenitra, mais Casa ! Et oui, je raconte depuis le début que la plage à Casa est pourrie, et qu’il faut faire des kilomètres pour y arriver. C’était sans compter sur les plages privées de Casa, que j’ai eu la chance de découvrir aujourd’hui, grâce à Mouna qui nous y a emmené aujourd’hui. ET je dois dire que les plages privées ici, c’est quelque chose.

Première étape, pas très originale : Marjane, où je suis dans l’obligation ( physique ) de m’acheter un tube de crème solaire. Il y a beau y avoir du vent aujourd’hui, je ne retente pas la Biafine ce soir ! Ahh, j’aime Marjane ! Dans le genre dépaysement, on a fait mieux : mêmes rayons que Carrefour, mêmes produits que Carrefour, sauf qu’il n’y a aucune marque française à part Danone, et personne ne sait pourquoi ! Pour les petits Lu, le café Grand-mère ( c’est Jean Pierre qui va etre content..) ou le champagne, il faudra repasser ! Chez Marjane, il y a toujours du monde, et vu les caddies des gens qui en sortent, on a du mal à croire que le Maroc est (encore) un pays en voie de développement… C’est le temple de la consommation de masse, qui ne semble pas réservée à l’élite.. ou alors l’élite est TRES nombreuse ici. Seul petit problème : comme je l’avais déjà dit, hors de question de trouver du porc ici. Le rayon alcool existe ( bon, il est planqué derrière le lait et les bouteilles d’eau ), mais pour le jambon, le boudin blanc et autres pieds de cochon, il faudra repasser !

Je fais donc l’acquisition d’un magnifique tube de crème solaire à 84 dirham, qui sera mon meilleur allié de la journée. Comme je suis optimiste, je prends de la 15, on verra ce soir si j’ai eu tort ! Puis direction Tammaris, à une vingtaine de kilomètres de Casa. Qui dit s’éloigner de Casa, dit passer à travers sa banlieue, et ses « quartiers » périphériques. Passer de Marjane à ça, ça fait un petit choc : ici, les bidonvilles ne sont cachés par des murs de béton, les moutons broutent je ne sais quoi, entre les sachets vides qui s’accrochent aux herbes carbonisées, les gosses regardent passer les voitures en espérant qu’une s’arrête pour les amener vers la plage… Je suis étonné de voir que c’est super vallonné ici, c’est pas non plus les mêmes odeurs qu’en ville, pas les mêmes paysages. Et pourtant, on est qu’à 10 km pour l’instant. Puis, derrière le sommet d’une cote : la mer. Enfin la mer… Un déluge de vagues et de sable, qui crée un genre de brouillard lointain. Et oui, aujourd’hui il y a du vent, et la mer est complètement déchaînée.

.Quinze minutes plus tard, on arrive au Babaloo Beach, plage dont j’ai entendu parler au mois 150 fois, mais dont je n’avais pas encore vu le moindre grain de sable. Et franchement, j’aurais manqué quelque chose. Le Babaloo, c’est à la fois un lieu de détente, de repos, de baignade, et de débauche. Enfin je dis débauche, on a vu pire, mais c’est surprenant de voir, à 15 km de Casa, une plage où les gens s’enfilent des bouteilles de rosé, des mojitos et des bières comme si c’était du coca. Les transats sont géniaux, la musique aussi. On s’installe donc face à la mer, équipés d’une bouteille de coca posée sur la petite table en bois prévue à cet effet et de crème solaire. Le rêve ! Comme on arrive vers 13 heures, et que c’est l’heure de manger, la musique est en mode sieste. Il ne m’en faut pas plus pour m’assoupir un peu. A cet instant, une pensée me traverse la tête : est ce que je dois vraiment rentrer samedi prochain ?

Comme on est pas venu à la mer pour rien, on tente la baignade. Tentative infructueuse, sauf pour Fati qui se prend une vague dans la tronche et qui n’a pas vraiment le choix. J’ai jamais vu ça, même sur les plages de l’Atlantique. Oui, je sais, on est aussi sur l’Atlantique. Mais pour moi c’est pas pareil, d’accord ? Les vagues font bien 3 mètres de haut, et on a du mal à rester debout, même dans 20 cm d’eau. D’ailleurs personne ne s’aventure au-delà, et perso, si j’étais une fille, je mettrais un maillot de bain une pièce ! Après avoir couru comme des gnous effrayés par un crocodile sur le bord du rivage ( j’ai trouvé cette comparaison tout seul ! ), on décide de rejoindre nos transats, bien plus calmes. Et malgré 3 tentatives, personne n’osera plonger.

Vers 16 heures, à l’heure de manger, je me prends une petit salade qui me coute 70 dirham ( une journée de salaire marocain ), qui n’est pas franchement bonne, mais qui me coupe la fin. Je peux me rendormir, au son de ce que j’entends tous les jours sur radio2M. Puis, le son augmente, ce qui me tire de ma torpeur. « Regardez, regardez derrière ! ». Je me retourne, et là, scène surréaliste ( surtout ici), deux gogodanceuses sont en train de danser sur des petits podiums, devant une nuée de gars plus (ou moins) vicieux qui prennent des photos et essayent de monter danser avec elles. Casa, c’est aussi ça : des gens qui n’ont pas les moyens de passer leurs vacances à Saint Trop et qui recréent un semblant de Jet Set ici. Bon, ceci dit la Jet Set, la vraie, existe aussi ici, mais je doute qu’elle aille au Babaloo Beach ! D’un coté, je dit ça, mais à 100 dirham les transats, c’est pas non plus l’endroit le plus populaire du Maroc.

Comme il est 4 heures et qu’il fait encore 35, ça ne danse pas longtemps, et au bout de 15 minutes, la musique baisse à nouveau. Je peux finir ma sieste, et siroter mon coca en remerciant une fois encore le Roi pour ce jour férié !

mardi 12 août 2008

Video Killed The Radiostar ( 12 Aout )

Après les épiceries, la télé, et ce qu’il ne faut pas rater au Maroc, c’est le moment de parler un peu de la radio. La radio, c’est la seule chose avec mon MP3, qui marche sans électricité, alors autant dire qu’elle est devenue une de mes meilleures amies depuis quelques temps. Surtout que depuis 5 ans, le paysage audiovisuel marocain a été chamboulé par une vague de libéralisation sans précédent, qui a vu fleurir le nombre de chaines de télé et de radio privées, pour le plus grand bonheur de tout le monde, ou presque. Ou presque, parce que bien souvent les radios marocaines sont des copier-coller des radios françaises, avec encore moins de complexes. Là je pense par exemple à la radio libre de HitRadio, encore plus trash que celle de Skyrock… Mais la radio au Maroc a aussi sa part d’originalité, comme Atlantic Radio, qui commence toujours sa météo par le temps qu’il fait… à New York !

Voila donc le Top 5 ( pas encore assez pour en faire un Top 10 ! ) des radios marocaines !

Number 5 : le 85.5. Ne me demandez pas ce que c’est, je ne sais pas. Pour une simple et bonne raison, le 85.5 ça n’existe pas sur les radios normales. « Qu’est ce que tu fais ch… avec ça alors », allez vous me dire ? Et bien la première fois que je l’ai écouté, j’étais dans un taxi. Et la deuxième fois aussi. J’en ai déduit que c’était une radio pirate spéciale chauffeurs de taxi ! Et cette radio pirate passe les Pink Floyd, les Doors, U2 et les Beatles ! Autant dire que même si elle n’existe pas, elle mérite sa place dans le Top 5 !

Number 4 : Medi1. Médi1, c’est marrant, parce que c’est une imitation de Nostalgie, en arabe : même jingles, mêmes voies, et surtout même programmation. Je vous avoue que je ne l’écoute pas souvent, mais ça me fait bien rire quand je tombe dessus.

Number 3 : HitRadio. Un mix de Skyrock et NRJ. En soit, rien de différent par rapport à Radio2M, qui passe les mêmes choses avec 5 minutes de décalage. Ce qui démarque vraiment HitRadio des autres, c’est la libre antenne, le soir a partir de 20 heures ( et oui, ici c’est une heure plus tôt qu’en France ). Et franchement, la libre antenne, ça vaut le détour. C’est à l’image de la société marocaine : c’est tout ou rien. Soit c’est très très soft, soit c’est très très trash. Et je soupçonne les animateurs de trafiquer leurs voies au synthétiseur pour qu’elles ressemblent à celles de Skyrock. Et c’est plutôt réussi !

Number 2 : Atlantic Radio. C’est eux qui donnent la météo de New York, histoire de justifier leur nom ! Atlantic, c’est un concept un peu spécial : « Info, Eco, Musique »… Un peu comme si BFM et RTL2 c’était mariées. La musique est franchement pas mal, et pas très dépaysant ! Et les flash d’info, en français, sont vraiment pas mal. Mais ça fait toujours bizarre de passer de la bourse à Coldplay…

Number 1 : Radio2M. Le must de la radio au Maroc, tout le monde l’écoute, et la regarde ( et oui, quand il n’y pas de radio, on regarde 2M, et quand on a pas de télé, on l’écoute à la radio ! ). J’y suis devenu non pas accro, faut pas exagérer, mais en tous cas assidu. C’est sur Radio2M que j’ai entendu la plupart des trucs que je chante encore aujourd’hui, parce qu’il n’y a pas que Magic System ou Laurent Wolf. Ya aussi Coldplay ( même si il y a un petit retard par rapport à la France, n’est ce pas ??) et les autres ! C’est pas RadioGong, et j’ai pas eu de briquet à son éfigie, mais radio2M, c’est cool !

Rock The Kasbah ( 10 Aout )

Dimanche matin, comme si le charme avait opéré au petit matin, je me réveille (presque) en pleine forme : le mal de tête a disparu, de même que l’envie de vomir. J’ai le ventre vide, mais je me sens beaucoup mieux que la veille ! Comme il faut remédier à ça, direction le petit dej ! Ca fait bien longtemps que je n’ai pas aussi bien mangé le matin… Oui, les Principe ( les Princes version espagnole ) c’est bon, mais c’est pas extraordinaire non plus. Attention, ce qui va suivre fera peut être des jaloux(ses) : au programme, 4 tasses de café ( je vous rappelle que je suis déshydraté !), des petits pains, de jus d’orange pressé, et … des crêpes, beaucoup de crêpes, avec plein de miel ! En 5 minutes, j’oublie tous les mauvais souvenirs de la nuit et de la veille.

Je profite de ce moment pour observer les gens autours de moi. Et franchement, ça vaut le détour ! J’en ai parlé furtivement, mais je pourrais en écrire des pages et des pages : des touristes dans toute leur splendeur. Il y a ceux qui tutoient les serveurs avec un air condescendant au possible, ceux pour qui ça ne va jamais assez vite, ça n’est jamais assez propre, il y a trop de monde, c’était mieux l’an dernier… La liste est longue ! Autours de la piscine, on dénombre 2 sujets majeurs de conversation :

Premier sujet, les souks. Ben oui, c’est pour ça qu’on va à Marrakech avant tout. Mais comme on est toujours réticents à y aller tout seul ( avec tout ce qu’on entend, c’est normal ), on y va en groupe, à 15, avec un petit drapeau histoire que tout le monde suive. Et qu’est ce qu’on fait comme affaires ! Patrick a négocié des babouches à 300 dirhams alors que le vendeur les annonçait à 450 ! Trop fort. Patrick, au passage, ça coute 60 dirhams des babouches ! Jean Claude, lui, a acheté un couteau à 500 dirhams. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il devra le laisser à l’aéroport. Michèle, elle, s’est acheté une tenue traditionnelle qu’elle porte depuis 15 jours et qu’elle a acheté chez un ami du guide, qui lui a fait un prix d’ami ( de guide..). Bien sur, on ne boit pas de jus d’orange sur la place, c’est tellement sale… et tout ce bruit, et tous ces gens qui font la manche, c’est gênant… La prochaine fois on fera ses achats à la boutique de l’hôtel !

Le second sujet, c’est les tours operators. Là, je suis d’accord, il y a pas mal de choses à dire. Mais pas autours de la piscine ! Et vas-y que je compare mon atterrissage avec le tiens, et le bus qui n’était pas climatisé, et l’an dernier, il y avait moins de retard… etc, etc. Et je ne parle pas des « excursions », parce que là, c’est le summum ! Pour la plupart des gens, aller à la place Djemma El Fnâ, c’est une excursion en soit. Alors aller jusqu’à Ouarzazate en bus, je ne vous raconte pas !

Le MP3 est donc vital, si on veut passer quelques minutes pénard. J’y passerai même quelques heures. Et oui, pour une fois que je peux alterner entre transat et piscine, et pas entre lit et salle de bain, j’en profite ! C’est plutôt cool d’ailleurs, et la piscine est plus chaude que la mer. A 5 heures, direction les souks où je dois faire mes achats. Comme il faut être efficace, je laisse tout le monde chez les bijoutiers, et m’apprête à 1h30 de négociations marathon. Et franchement, les souks en solo, c’est bien plus efficace qu’en troupeau ! En 1 heure montre en main, je trouve tout ce que je cherchais, et j’ai même le temps de rigoler avec un vendeur qui a compris que de toutes façons je n’achèterai pas ses babouches à 200 dirhams :

« Mais si, t’as pas une gazelle ? Elle aimerait bien ces babouches ! ».

« Si, mais elle préfère les bottes, vous inquiétez pas ! Vous n’avez pas de bottes hein ? L’an prochain, faites des bottes et je reviendrai ! ». Ahaha, je l’ai bien eu !

« J’ai une tête à faire des bottes moi ? Tant pis, si tu veux pas mes babouches je les vendrai à tes compatriotes ! »

« Ben justement, voila un troupeau, je vous laisse ! »

A mon avis, il a du les vendre ses babouches à 200 dirhams ! Moi je suis reparti m’acheter du Coca, content d’avoir trouvé de véritables petits trésors. Après m’être perdu quasiment au même endroit que l’année dernière, m’être rappelé tous ces bons souvenirs ( la Maison du Couscous est toujours ouverte..), me voila de retour chez le bijoutier où ça négocie dur. Sarah a même réussi à acheter le bracelet du vendeur pour 5 dirhams, la classe ! Elle est d’ailleurs assez jalouse de mes achats qui sont, il faut bien le dire, magnifiques !

On rentre à l’hôtel juste pour l’heure du repas… Mon vrai repas, assis à une table, depuis bien longtemps ! On ne va pas faire de folies ou d’excentricités, ce soir ça sera purée, poulet et jambon ! Ca va, ça passe bien. Ensuite, c’est la séance ornithologie de la soirée : oui, Papa est persuadé d’avoir vu des grenouilles dans l’herbe derrière l’hotel… Donc c’est parti pour 20 minutes de chasse à la grenouille, heureusement qu’il fait noir et que personne ne nous voit faire des bons dans l’herbe pour essayer de les attraper !

La fin de la soirée est plus « digne », puisque c’est l’heure de la visite de la discothèque de l’hôtel, où Sarah veut absolument aller. C’est étrange à deux titres : d’abord parce que je danse en short et en tongs et que je suis un des seuls à connaître par cœur la musique qu’ils passent ( ils doivent avoir un deal avec Radio2M, c’est pas possible ! ) ; ensuite parce que je suis en train de danser sur Magic System, à 23 heures, avec ma petite sœur de 6 ans qui a l’air de bien aimer ! Allé Julien, je te paye un verre ? Bon, on en est peut être pas là, mais je prends un coup de vieux ce soir là. En même temps ça avait commencé ce matin, quand je lui expliquais ce qu’étaient les Francs ( oui, j’étais deg qu’elle ait eut un billet de 10 € quand elle a perdu sa dent alors que moi, au mieux j’avais quoi, 10 francs ! Ahh, ces jeunes, complètement insouciants ! )…

A 23 heures, j’arrive à la convaincre qu’il faut songer à se coucher, ce que je fais moi aussi ! La journée du lendemain n’est pas de tout repos : elle commence par la piscine certes, mais fini par le train, devenu ma hantise depuis samedi ! Heureusement, il reste des places en première classe, que je m’empresse de prendre. Il n’a que 15 minutes de retard aujourd’hui, c’est un miracle ! J’en profite pour dormir un peu car il fait plutôt frais, avant de retrouver Casa, le bruit, l’agitation, la douche froide et les bougies ! C’était bien Marrakech quand même !

Long Train Runnin' ( 9 Aout )

Aujourd’hui, c’est samedi, et qui dit week-end, dit train, dit s’éloigner de Casa, et dit air pur ! Oui, ça c’est ce que je pensais, parce que mon petit périple en train jusqu’à Marrakech a été tout, sauf un parcours de santé ! Résumé des épisodes précédents ( ben oui, ceux du week-end, parce qu’on ne peut pas dire que j’ai été très assidu ces derniers temps ! ).

Cette semaine, (presque) exceptionnellement, le week-end a commencé vendredi après midi. C’est ce qu’on appelle la grève du zèle : et le zèle ici, c’est d’en faire le moins possible. Direction donc mon lieu préféré boulevard d’Anfa, à savoir le Zegafredo, qui avec le wifi et de l’électricité dispose de tout ce dont j’ai besoin pour passer l’aprem et la soirée… Le serveur qui commence à me connaitre, me propose même un couscous, que je déguste devant skype, à 15 heures ! Le tout, avec la cérémonie d’ouverture des JO sur l’écran plat qui se trouve derrière moi, et un Schweppes… Parce que le Schweppes, c’est bon..( les initiés pourront finir ma phrase ! ). Petite remarque au passage : c’est pas un peu bizarre comme nom, « Schweppes » ? Un mélange de Schpeck, et de Shnaps ( je sais pas si ça s’écrit comme ça, mais tout repose sur la phonétique ici ! ).

Bon, je m’éloigne ! Je profite du wifi du Zegafredo pour regarder les horaires de train du lendemain : aïe, le premier est à 6h50, le second à 8h50 ! Je me motive pour le premier, en décidant de me coucher tôt. C’était sans compter sur Jack Malone qui m’oblige à finir sa saison 1. Sacré Jack Malone…

Donc c’est décidé, demain à 6h50, je serai à la gare. Ce qui veut dire, concrètement, qu’à 5h15, je suis debout, n’étant pas sur que les taxis roulent à cette heure là. Le problème c’est que Casa Voyageurs est à l’autre bout de la ville, à 1 heure de marche, avec mon sac sur le dos. Pas bonheur, un taxi passe par là, je saute dedans, soulagé. Pour quelques instants seulement. Car au premier feu, cet imbécile qui roule à 70 coupe la route à une voiture qui arrive en face. Dans un crissement de pneus énorme, la voiture d’en face va s’amocher sur le trottoir, 150 mètres plus loin. Plus un bruit dans le taxi, même le chauffeur a eu peur. C’est pas une raison pour s’arrêter, l’autre gars pourrait lui demander de lui repayer une roue. Les premiers mots qui lui sortent de la bouche, viennent du cœur : « J’ai eu peur pour vous. Ca m’aurait couté cher si je vous avez tué. » Le tout, sans une pointe d’humour.

Deuxième mésaventure : le train de 6h50 a décidé de ne pas partir finalement. « Non pas là, non, j’ai pas envie ». Cool, ça veut dire deux heures d’attente dans la gare, déserte. Seul le vendeur de journaux est ouvert à cette heure là, ça promet ! Après deux heures d’attente, je prends donc un billet pour Marrakech à 8h50. Optimiste, j’en demande un en 1ère classe, mais il n’y en a plus. Ceci annoncera ma perte. Quand, à 9h20, le train de 8h50 arrive ( et manque d’écrabouiller deux gars qui avaient décidé de traverser là ), c’est un bordel incroyable : tout le monde a décidé d’aller à Marrakech ce week-end et d’y amener la moitié de sa famille et la moitié de ses meubles. Résultat : plus de place dans le train. Ce qui n’empêche pas les gens qui dorment sur les banquettes, et qui prennent 3 places au lieu d’une, de rester avachis. Des fois dans le train, on peut avoir des pulsions de meurtre…

Je suis donc condamné à me plier en 4 dans le couloir, assis par terre sur un journal qui me sert de coussin. Je suis prêt de la fenêtre, donc j’en profite pour regarder les paysages, complètement différents de ceux du Nord : ici, c’est lunaire, il n’y a rien, à part du ballast et des panneaux qui indiquent les passages à niveau à je ne sais qui. On dirait franchement un train qui traverse le Far West de part en part : les petites gares ont l’air désaffectées depuis au moins 50 ans, les petits villages qu’on voit au loin semblent vivre en autarcie complète. Ca ressemble exactement à Babel, le film qui a été tourné à cet endroit d’ailleurs… Comme il fait trop chaud ici, les gosses ne courent pas après le train, et ne le bombardent pas de cailloux. Je suis sous la vitre, alors entre nous, ça m’arrange !

Ca, c’est pour la première partie du voyage. Après Settat ( à 150 km de Casa et de Marrakech ), une place se libère dans un compartiment. Malheureusement, je la prends. Malheureusement, car dans le compartiment, il n’y a pas la clim, pas de rideaux, pas d’air. Il y a 8 places mais on est 10. Parmi les 10, un gars qui n’a pas d’eau chaude chez lui ( ça c’est moi ), et au moins 5 qui ne doivent pas avoir d’eau du tout. C’est franchement éprouvant, avec tout le respect que j’ai pour les gens qui n’ont pas la chance d’avoir accès à l’eau. Je sens des gouttes me couler dans le dos, sur le front. L’air est brulant, et bien sur, je n’ai pas à boire. J’essaye de dormir un peu, mais ça secoue pas mal et j’atterri tout le temps sur le mec d’à côté. Après 1h30, et 1 heure de retard, c’est la délivrance : j’arrive à la gare de Marrakech dans un état loin d’être « optimal »… Papa, qui a attendu 1 heure, est presque aussi soulagé que j’arrive. Sur le chemin de l’hôtel, mes jambes fléchissent un peu, mais rien de bien grave. Premier choc : les rues de Marrakech sont presque vides ! Enorme contraste avec Casa, où la circulation ne s’arrête pas de 5 heures à minuit. Ici, tout est calme, presque paisible. La torpeur cesse à peine vers 17 heures, mais ça reste relativement peu bruyant par rapport à Casablanca. Puis je retrouve la clim, la piscine, Sarah, mais aussi plein de touristes. Et ça j’en avais pas vu depuis un moment : fidèles à eux-mêmes, pressés, affamés, pas contents… Un florilège autours de la piscine !

La piscine, je n’y serai pas longtemps : après 20 minutes sur le transat, il faut absolument que je me mette au frais. Heureusement, je connais le chemin de la chambre. Malheureusement, quand je suis venu il y a 10 ans, c’était des clés qui les ouvraient. Aujourd’hui c’est des cartes, qui marchent une fois sur deux. Or là, c’est urgent, et j’ai pas la force de m’énerver sur la poignée. Respire, respire ( non non, je ne joue pas à Michael Jackson…). Au bout de 3 minutes, ça s’ouvre, il était temps ! Et pendant toute l’après midi, j’alterne entre la position à genoux dans la salle de bain et allongé sur le lit, à raison de cycles de 4 minutes. A cet instant, je pense au jeu du « où t’as déjà vomi ? », qui se joue en couple, et de préférence chez les couples sensibles de l’estomac et de la tête ( euh, ben c’est nous ça…). Je viens de gagner 15 points d’un coup ( 9*1point + 2 points de bonus pour un pays étranger + 4 points pour avoir pulvériser un record ). Bref, vous avez compris, c’est pas la grande forme, et c’est ce qu’on appelle un coup de chaud.

Je passe la soirée avec un gant de toilette sur la tête et une bouteille d’eau au pied de mon lit. L’eau, pas plus que les bananes ou le pain, ne me reste pas bien longtemps dans l’estomac, et j’engrange des points tout au long de la nuit. Il y a toujours du positif quelque part ! Sympa Marrakech hein ?

jeudi 7 août 2008

Perfect Day ( 6 Aout 2008 )

Ou presque ! Car le début de la journée en tous cas, a quelque chose d’idyllique, quelque chose de ces matinées où rien n’aurait pu se dérouler mieux. « Je me suis réveillé ce matin, de bonne humeur, comme ça pour rien, j’étais content, sans savoir pourquoi, sans savoir comment » résumé donc bien le début de la mienne : je me réveille à l’heure, mais la boite de Miel Pops qui trône au pied de mon lit est vide. L’occasion rêvée pour traverser la rue, et aller prendre mon petit déjeuner à Pomme de Pin, qui me nargue tous les matins pendant que j’attends le taxi. Aujourd’hui, à moi le café chaud, le jus d’orange frais, et les tartines grillées. Encore ragaillardi ( ah bon, on dit ragaillardi, pas regaillardi ? ) par la soupe aux champignons et aux algues de la veille, et par le succès de notre négociation avec la proprio, je m’attaque, à mon nœud de cravate qui glisse comme par magie. Même le rasage dans le noir semble aller tout seul : cette fois on ne déplore aucune coupure, ce qui ne fut pas le cas de la veille !

A 8h30, je sors. Je suis déjà en retard, mais bizarrement je m’en fiche ( et puis vu la parfaite communication entre les services de la banque, je peux facilement dire au 3ème que j’étais au 14ème toute la matinée, et inversement proportionnel ! Au passage, j’espère que personne ne lit mon blog là bas ! ). Direction le vendeur de magasine pour acheter le TelQuel spécial M6 ( sur la couverture, une photo jetset où le roi pesait 20 kg de moins qui booste les ventes ! ), puis Pomme de Pain où, pour 29 dh ( c’est du luxe…), je me paye le café et le jus d’orange dont j’ai tant rêvé ! En prime, ils ont autre chose que de la confiture de fraises, c’est vraiment parfait ! L’heure qui suit est surement la meilleure de la journée, voire de la semaine : au soleil sous un parasol, je déguste le café ( un peu fort, mais meilleur que celui de la machine ) en écoutant mon MP3. Le mode aléatoire faisant bien les choses, Lou Reed passe au moment ou j’entame les tartines. Le thème de la journée est tout trouvé !

Bon, c’est pas tout ça, la terrasse de Pomme de Pain c’est bien, mais on m’attend au boulot hein ! Pas de problème, les taxis s’arrêtent juste devant. Je saute dans le premier venu. Une dame est déjà assise à l’arrière, mais le gars le dit qu’il peut me déposer à 100 m de là ou je dois être (« entre Oliveri et AXA », vous savez ! ). Parfait ! J’ai souvent parlé du taxi, il en resserra question aujourd’hui. Le taxi, en effet, c’est le lieu privilégie pour réfléchir ( à son testament notamment, qu’on regrette de ne pas avoir rédigé à chaque rond point ). Aujourd’hui, j’ai pu me rendre compte d’une chose : je me suis effectivement habitué à la vie marocaine. J’en ai eu la certitude ce matin, alors qu’à chaque feu rouge, la dame qui était derrière, hurlait à la mort, de peur qu’on se prenne une portière, un piéton, ou l’un des deux bus qui nous prenaient en sandwich. Il y a un mois, j’étais précisément à sa place, à tenter de contenir mes cris de désespoir en voyant arriver des 205 folles ou des Hummer complètement inconscients. Aujourd’hui, rien : je suis zen, même assis à la place du mort ( et au Maroc en particulier, ça veut dire quelque chose ! ).

J’arrive à 10 heures, avec une heure et demi de retard, on a fait pire ! Pour la forme, je m’installe, et me plonge dans une réflexion profonde, à savoir, FBI ou The Tudors ? Et oui, il ne me reste plus qu’un seul épisode de la première saison de The Tudors ( une série géniale qui raconte la vie « trépidante » de Henry VIII ), et finalement je décide de faire durer le plaisir, ça sera donc Jack Malone et non Anne Boleyn. Rassasié par mon petit déjeuner, je n’ai pas faim à l’heure de manger, et j’attends donc un peu. Vers 13heures, alors que j’en suis à mon 3ème épisode, Reda et Yamsine qui travaillent à deux patés de maisons me proposent d’aller prendre un jus d’orange chez Oliveri ( qui au passage, n’a ni Coca, ni limonades, mais des cafards en revanche ! ). Résultat : quand je remonte, une heure plus tard, plus de cantine ! Je vais devoir tenir le coup jusqu’à 16h30, ça va être dur ! Et effectivement, ça l’est, surtout que la fin de la journée est un peu moins idyllique que la matinée.

Je m’explique : je n’ai ni le courage, ni les jambes pour aller jusqu’à Zegafredo, le meilleur endroit que j’ai trouvé pour aller Skyper ! Du coup, la solution de facilité, c’est le taxi. Il faut savoir qu’avec les taxis, le trajet n’est jamais neutre, c’est soit bien, soit pourri, soit blanc, soit noir. En l’occurrence cette fois, ça n’est pas blanc. Je saute dans le premier qui arrive, et lui indique Zegafredo, Boulevard d’Anfa. Comme il y a déjà quelqu’un dedans, il fait un détour de 3 km avant d’arriver sur la bonne route. Puis il commence à discuter. « Est-ce que tu connais Lyautey ? » « Pas personellement non… ». « Alors est ce que tu connais Gamal ? ». « Gamal ? Euh, non, ça ne me dit rien ! ». La il commence à s’énerver : « Mais si, tu te fous de moi, c’est obligé, tu connais Gamal ! ».

Mais qu’est ce qu’il a ce con à me demander si je connais tout le monde ? J’ai déjà pas de plan, alors les pages jaunes de Casa, encore moins. Après 2 minutes, je comprends que le « Gamal » en question, est en réalité « Gad Elmaleh », et que effectivement, le chauffeur a cru que je me foutais de lui ! Mais c’est pas fini. Gamal oblige ( le lien avec Lyautey, c’est que Gamal est allé au lycée Lyautey..), il me montre un bâtiment en m’expliquant que c’est une école juive, d’où les caméras, « parce que les juifs ont peur, tout le temps, même quand ils sont morts ». Là, c’est moi qui commence à avoir peur en fait !

« Ca va, tu n’es pas juif au moins » ? J’aime le « au moins »…
« Non non, je ne suis pas juif »
« Catholique alors ? »
« Non, même pas. »
« Mais tu es quoi alors ? »
« Ben rien, je ne suis rien, ça arrive, on est pas obligé d’être quelque chose, si ? »
« Quoi ?! Tu n’es rien ? Mais c’est pas possible ! Descends de mon taxi ! »

Là je me mets à rigoler. Je n’aurais pas du, car lui ne rigolais pas. Il me somme deux fois de me casser, donc je lui file 5 dirham avant qu’il ne me séquestre, et fini la route à pied jusqu’au Zegafredo ( avec toujours rien dans le ventre !). Alors que je sens approcher la délivrance ( le serveur qui commence à me connaitre me demande « comme d’habitude, thé à la menthe ? » ), nouvel imprévu : le wifi ne marche pas ! Non, catastrophe ! C’est vraiment pas de bol. Du coup j’avale mon thé en deux temps trois mouvements ( Ahhh, un peu de sucre ! ), et m’en vais au cyber café le plus proche, où je retrouve Andé sur skype ! Bon, la caméra, c’est toujours pas ça, le son non plus, et la connexion encore moins, mais j’y suis arrivé ! Et puis c’est l’heure de ma leçon de baguettes chinoises, où effectivement, Ma excelle ! J’ai aussi le plaisir d’apercevoir la petite Kim qui roupille tranquillement sur les genoux de Fab, à 3000 km de là !

Ahh, c’est cool la vie quand on a une semaine !

lundi 4 août 2008

Cry/Electric Co. ( 3 Aout )

En l’occurrence, c’est plutôt l’inverse. L’inverse de quoi me diriez vous ? De la chanson, vous répondrais-je ! Cry/Electric Co, pour situer, c’est la deuxième chanson enregistrée par U2, quand Bono avait encore un castor sur la tête, et quand U2 s’appelait The Larry Mullen’s Band ( Larry Mullen Jr. étant le batteur ), c’était en 1977. Et à l’époque, les 4 gars de Dublin avaient remporté la Pop Star irlandaise, et étaient allé enregistrer un 45 tours 3 titres ( Out Of Control, Cry/Electric Co, et Stories For Boys) à Londres. C’était l’époque où Adam Clayton, le bassiste, faisait encore semblant de connaitre les notes qu’il jouait et que The Edge a trafiqué l’ampli sur lequel il jouait, et a crée LE son U2. Bref, je m’éloigne, c’était juste un petit rappel « historique » !

Alors pourquoi l’inverse, pourquoi Electric Co/Cry au lieu de Cry/Electric Co ? Une simple rectification chronologique. Pour comprendre, un petit résumé du dimanche soir est nécessaire :

Le dimanche soir est souvent un moment particulier de la semaine : c’est la fin du week-end, généralement le seul moment où on profite du soleil ( même furtivement ), le seul moment où on profite d’une douche chaude, le seul moment ou on mange quelque chose dont on se dit « tiens, il faudra que j’en remange un jour ». Le dimanche soir, c’est aussi et surtout le moment du train ( ce qui ne change pas grand-chose pour moi j’ai envie de dire ), qui arrive à Casa 1h30 plus tard. Mais c’est pas le fait le plus marquant de la soirée, et ça j’en ai déjà parlé.

Non, le fait marquant de la soirée, en l’occurrence, c’est un peu plus tard, au moment de tourner la clé dans la porte. Jusque là, tout va bien. Puis la porte s’ouvre, on rentre, et machinalement, je pose mon doigt sur l’interrupteur. Avec précaution, parce que les fils dénudés dépassent toujours du mur. Et là : RIEN. Deuxième tentative : RIEN. J’essaye de ne pas m’inquiéter en me disant que l’ampoule a du griller, comme celle de ma chambre. Le problème c’est que c’est le cas de toutes les autres ampoules de l’appart. Et de toutes les prises. Il n’y a pas de doutes : l’ONE (l’EDF locale, l’Electric Co. ) a coupé l’électricité sans nous prévenir.

Dans le noir, les connexions se font très vite : pas d’électricité, pas de prises ; pas de prises, pas de PC ; pas de PC, pas de démineur en rentrant du boulot, pas de démineur en rentrant du boulot…pas de démineur en rentrant du boulot ! C’est le bad le plus complet, en plus de l’eau chaude, ils nous ont pris l’électricité, c'est-à-dire tout ce qu’il nous restait avec nos larmes pour pleurer ( le Cry arrive à ce moment précis ). On reste 5 minutes à se regarder ( en fait on ne se regarde pas vu qu’on ne peut pas ), en se demandant ce qu’on va faire encore 20 jours comme ça. Premier reflexe : regarder si il n’y a pas de prise sur le palier, ou dans un local à poubelles, généralement ça sauve la vie ;) Mais pas ici… Deuxième reflexe : on s’en remet à Dieu

The Importance Of Being Idle ( 2 Aout )

Vendredi s’achève, le week-end commence ! Non pas que la semaine ait été particulièrement fatigante, avec un jour férié en plein milieu et une l’après midi ( celle de vendredi justement ) que je me suis offerte, mais ça fait toujours du bien de se dire qu’on ne va rien faire, mais que c’est normal ! Oui bon, c’est un raisonnement particulier qu’on développe après un mois « d’oisiveté organisée »… Week-end oblige, il commencera par un petit trajet en train, devenu le moment privilégié de la semaine où je me retrouve avec moi-même. MP3 dans les oreilles, sac de voyage à la main, Yawmy à boire dans l’autre, je me dirige d’un pas décidé vers la gare de Casa Port.

Aujourd’hui, un petit suspens vient pimenter la journée : comme ça me gonfle particulièrement de faire 120 km dans un sens, et 70 dans l’autre pour aller à la plage à Bouznika, j’ai trouvé la parade en m’y arrêtant directement, ce qui m’épargne 25 dh, et 1h30… Le seul problème, c’est la jonction : il faut que j’y arrive en même temps qu’Anass, sinon ça veut dire que je dois attendre dans la gare ( et la gare de Bouznika, c’est pas Lille Flandre ! ). Sauf que Anass aujourd’hui, est malade, et ne sais pas si il va avoir le courage de se lever. D’où le dilèMNe suivant : est ce que je prends un billet pour Kénitra quitte à m’arrêter avant, est ce que je descends avant, quitte à devoir prendre le train suivant, 2 heures plus tard, ou est ce que je prends un deuxième café à la gare de Casa, en attendant… Qu’est ce que j’aime prendre des décisions dans la minute, comme ça, au guichet de la gare !

Comme il faut prendre une initiative, je prends un billet pour Bouznika, en me disant au pire, que je serai dans l’illégalité sur le reste du trajet. Si j’en crois la devise marocaine qui dit « plus tu vas à l’encontre de la loi, et plus tu iras loin dans la vie, inch’Allah », je suis plutôt bien parti !

A 5 minutes de Bouznika, c’est le moment ou jamais de trancher. Je harcèle Anass au téléphone, qui finalement, ne sortira pas de son lit. Je reste donc à ma place, prêt à simuler le touriste Kazakh qui ne comprend pas comment marchent les réservations. Ca ne manque pas, 7 minutes après, le contrôleur passe. J’abandonne le rôle du Kazakh, trahi par l’Express. Finalement pas de problème, il me fait un billet pour le reste du parcours, et c’est réglé !

En arrivant, je m’apprête à vivre une après midi comme je n’en ai pas vécue depuis plus d’un mois et demi, voire plus, beaucoup plus : une après midi devant la télé, France 2 en l’occurrence. Et oui, Anass ne sait pas ce qu’il a, mais il n’est pas opérationnel. Au passage, je me rends compte que notre fameuse devise « Les antibiotiques, c’est pas automatique », n’a pas encore traversé le détroit de Gibraltar : il a mal à la tête, mais comme il n’aime pas avaler de comprimés, il est sous antibio… Normal ! J’ai beau me foutre de lui, et lui montrer, preuve à l’appui, qu’un Nureflex, c’est pas plus gros qu’une olive, rien à faire, il continue de boire le sirop que sa mère lui a donné, prêt à écrire son testament après chaque gorgée.

Sur France 2, les reportages s’enchainent. Je me rends compte pour la première fois que la France ( et le monde aussi je crois ), vivent à l’heure de la Chine. Pas moins de 4 reportages dans l’après midi sur Pékin et sa propreté retrouvée, les Ouigours, le Tibet, la censure sur internet. A ce propos, c’est l’heure du petit coup de gueule : pourquoi le Maroc est il le seul endroit au monde où on ne peut pas accéder au blog d’Andélis ?!! En Chine, ça marche, en France, ça marche, au Canada, ça marche, mais pas au Maroc, où le serveur est introuvable depuis mardi… Il ne manquerait plus que Skype fasse grève… Voila, c’est dit !

Après la Chine, c’est « Question pour un Champion », émission de laquelle on est devenus des habitués, pour ne pas dire accros. Et oui, c’est ridicule, mais ça fait du bien de retrouver les bonnes vieilles émissions françaises. Même les régionales de France 3 trouvent grâce à mes yeux ce soir, c’est dire ! Julien Lepers, le meilleur remède contre le mal du pays ! Au fur et à mesure que les émissions s’enchainent, je m’enfonce dans mon fauteuil, mes yeux se ferment, et je m’offre une petite sieste bien méritée. Je me réveille en plein Lyon-Bordeaux, dont les tirs au but me tirent de ma léthargie. A cet instant précis j’ai vraiment l’impression d’être un gros beauf. Fort Boyard relève à peine le niveau, et Laurent Ruquier clôture cette journée de glande totale et absolue, que je n’ai pas cautionnée, mais dont j’ai bien profité !

Ordinary Day ( 31 Juillet )

Waouh, quel début de journée mouvementée ! Bon, c’est vrai que le matin est rarement un moment de calme et de sérénité. Il est plutôt synonyme de course au nœud de cravate, de goinfrage de Miel Pops en 4ème vitesse, et de bataille pour trouver un taxi. Le taxi, parlons en tiens… Ce matin, tout avait pourtant bien commencé : une chemise repassée m’attend, la cravate qui va avec aussi, pas de problème majeur pour le nœud, les Miel Pops passent tout seul. Oui, mais il y a le taxi, qui a bien failli me les faire rendre ( ce n’est pas très classe, mais c’est la vérité ! ). A 8h20, comme [presque] tous les matins, je sors, les yeux agressés par le soleil déjà haut, mon PC agrippé à la main droite, mon gouter, dans la main gauche ( non je rigole, je n’ai pas de gouter…malheureusement ). Je trouve un taxi rapidement, magnifique !

C’est là que tout commence :

- « Avenue Hassan II, entre Oliveri et AXA, c’est bon ? » ( Oliveri c’est le meilleur marchand de glaces de l’avenue, et AXA… ben c’est AXA ! ).

- « Oui oui, pas de problèmes, je dois juste passer chercher mon pain à la boulangerie avant, ça vous dérange pas ? ».

- « Non, c’est bon, j’ai le temps ! «

Ca fait longtemps que je ne me fais plus de soucis sur les horaires, je ne me formalise donc pas pour le quart d’heure de retard que je vais vraisemblablement avoir.

- « A quelle heure au bureau ? », me demande le chauffeur de taxi baguettophile.

- « 8h30 ». 8h30, mais quel fou je suis ! Sachant qu’il est déjà 8h26 et que le chauffeur en question tient absolument à me faire arriver à l’heure, ça va secouer.

Effectivement, ça secoue ! Armée de sa baguette qu’il est passé chercher, il rentre dans la voiture, et c’est partie pour une course folle à travers Casa. Ce mec est un fou furieux : à 110 km/heure dans une rue bordée de portières qui peuvent s’ouvrir à tout moment, de gosses, de bus ( qui, vue leur carrosserie, n’ont plus rien à perdre depuis longtemps )… C’est tout juste si il ne prend pas les rond points sur 2 roues, et si il ne fait pas un doigt d’honneur aux flics qui nous regardent passer incrédules ( les taxis ne donnent pas assez de « pourboire », c’est pas intéressant de les arrêter ! ). A cet instant précis, je pense aux Miel Pops… au Big Mac de la veille, aux frites et au ketchup.

- « Vous savez, si j’ai 10 minutes de retard c’est pas grave », lui dis-je en lui montrant mon badge « Stagiaire ».

- « Tu seras à l’heure, je connais bien le chemin »

Sans déconner ! Les yeux bandés et en marche arrière ça serait pareil… En 5 minutes, alors qu’il en faut 20 d’habitude, on arrive entre Oliveri et AXA, et bizarrement, j’ai plus envie de souscrire un contrat d’assurance vie que de manger une glace… La journée commence bien !

La suite est beaucoup plus calme. Après les objets publicitaires ( dont je n’ai pas parlé je pense) que j’ai testé, avec plus ou moins de succès, place aujourd’hui à une campagne radio. Et vas-y que je l’écoute, et que la réécoute, que je fasse un commentaire sur le bruit de fond, sur la prononciation… Comme on a trouvé bon d’en faire partager tout le service, j’ai eu la chance de l’entendre a peu près 52 fois, je la connais par cœur, et je vous promets que si je l’entends sur 2M, j’explose la radio en 2 !

Une journée ordinaire quoi…

jeudi 31 juillet 2008

New Born ;) ( 30 Juillet )

Le mot du jour sera pour Sa Majesté le Roi, grâce à laquelle j’ai pu aujourd’hui, faire la grâce matinée, mais pas seulement, hey hey ;)
Et oui, aujourd’hui ( enfin hier…), c’était la Fête du Trône, qui commémore ( ou fête, c’est au choix ! ), le jour de l’accession au trône de M6. Et évidemment, c’est férié ! Impossible de passer à côté, tout Casa ne vit que pour ça depuis une semaine, l’Avenue Hassan II a été couverte de drapeaux ( dont les couleurs me rappellent étrangement Noel !) ), de portraits, et de policiers. Ce matin j’ai même découvert que les bus, eux aussi, arboraient de petits drapeaux rouge et vert, c’est mignon !

Je décide donc de rentabiliser ma journée, c’est pas tous les jours qu’on peut se prendre une journée libre aux frais du roi ! J’ai deux missions ce matin : trouver des cartes postales, car je commence vraiment à me dire que ça n’existe pas à Casa, et trouver une agence Emirates, ouverte en ce jour particulier. Je m’offre juste un petit déjeuner à la terrasse de l’Alexandrin ( un café français à deux pas du Twin Center ), un café et un croissant en plein soleil, la grande classe ! Le serveur m’a l’air sympa, du coup je lui demande si il peut m’aider dans la réalisation de mes deux missions du jour. Carte Postales + Emirates… « Mais pourquoi, vous voulez déjà nous quitter ? » Non non, juste aller voir Ma à l’autre bout du monde ! Au passage, il vient de me faire réaliser qu’effectivement, dans à peine 20 jours je serai parti… Dans 20 jours, tous ces repères, ces habitudes, disparaitront derrière le détroit de Gibraltar, et j’en retrouverai d’autres, que je quitterai à nouveau, etc etc. C’est ça quand on vit dans un monde globalisé !

Revenons-en à l’essentiel : pour les cartes postales, il faudra repasser, il ne sait pas où on en vend. Pour Emirates, c’est au 140, « three blocs away » ! Je me dirige donc vers le 140 bd Zerktouni, juste au pied du Twin Center. Mais il y a un problème : le 140 n’existe pas. Il y a bien le 138, il y a bien le 142 aussi, mais pas de 140 en vue ! Il est 11heures, et il fait pas loin de 40°C. J’irai chercher le 140 en compagnie de ma casquette ! Puis ne perdant pas de vue ma deuxième mission, je m’engouffre dans les ruelles derrière le Twin Center, un quartier rempli de snacks et de boutiques de chaussures, que des vendeurs de bigorneaux investissent à partir de 19heures. C’est pas compliqué quand même, je cherche des cartes postales, même moches et même de Marrakech, je m’en fous ! Il faut savoir que tous les vendeurs de journaux à qui j’en ai demandé se sont allégrement foutus de moi… Un peu comme si je cherchais un cybercafé en plein milieu de la Creuse. Puis la magie royale opère ( à moins que ce soit mon acharnement ) : je tombe sur une papeterie qui vend effectivement des cartes postales ! Je me rue dessus, et en prends 10 d’un coup !

Revigoré par ce succès, je décide de faire quelque chose que je n’ai pas encore faite depuis que je suis arrivé, à savoir mettre mes baskets et aller courir. Je sais, c’est complètement inconscient en plein mois de Juillet, à 12 heures, au Maroc. Mais quand on a un élan de motivation tel que celui là, on ne peut rien faire contre ! C’est parti donc, muni de mon MP3 et d’une bouteille de Coca, je me dirige vers le bord de mer, où le vent rend la chaleur supportable. Effectivement, elle l’est, je suis plutôt surpris ! Le seul problème, ce n’est pas le soleil, encore moins le vent, mais les gosses, qui quand ils me voient passer, se mettent à me courir après. Au début c’est marrant, après 500 mètres, ça devient fatiguant : je ne peux pas m’arrêter, pas ralentir, encore moins accélérer… C’est eux qui arrêtent au bout de 5 minutes, et je peux enfin souffler. C’était décidemment une mauvaise idée ! Sauf que… Sauf que ! J’ai découvert que la boutique Emirares n’était effectivement pas au 140, mais à l’autre bout du Boulevard, pas très loin de la plage ! Journée royale oblige, c’est fermé, mais j’y retournerai vendredi !

Je rentre donc plus tranquillement que je n’étais parti, avec l’espoir de vider une bouteille de Coca et de m’avachir sur mon lit. Mais ce programme sera chamboulé car une très bonne nouvelle m’attend en rentrant : Cath a accouché et Lyna vient d’avoir la petite sœur qu’elle attendait déjà depuis pas mal de temps ! Alors Kim, laisse-moi te dire que la nouvelle de ta naissance a fait un sacré chemin ! Pas moins de 3 continents en une heure : de la France à la Chine, pour prévenir Ma qui s’impatientait elle aussi, puis de la Chine à la France et de la France au Maroc ( mon portable ayant un petit problème avec les appels lointains, c’est Isabelle qui arrive à me joindre, suivie par Ma, dont je suis ravi d’entendre la voix dans autre chose qu’un casque tout grésillant ! ). En plus de ça, tu auras ton jour férié… au Maroc ! C’est pas cool ça ?

Après cette bonne nouvelle, je finis la journée par une grande première : le cinéma ! Un endroit assez surréaliste, puisqu’ici on ne fait pas dans la demi mesure quand on va au cinéma. Parking de 8 étages, 20 salles, un son de ouf… Le son, parlons du son ! Après 30 minutes de débat, on opte pour HULK, qui fait [presque] l’unanimité. J’avais juste mis mon véto aux films berbères sous-titrés en arabe, mais à part ça j’étais ouvert à toute proposition. Seul problème : de même que quand il y a la clim dans le train, il fait 10 degré, quand il y a du son au ciné, c’est pire qu’un concert de ACDC, et avec la bande son de Hulk, ça devient presque insupportable. Ca avait bien commencé pourtant : l’énorme bande noire qui barrait l’écran en 2 avait fini par disparaitre à la fin des bandes-annonces, le film est le bon ( des fois ils se trompent ), et il est en français. Mais au bout de 5 minutes, le volume augmente, dangereusement. Tout le monde se regarde, mais personne ne peut rien faire. Et du coup chacun décide de prendre sur soi, et sort de la salle avec un bourdonnement dans les oreilles. Mais je dois dire que le cinéma au Maroc, c’est plutôt pas mal ! De quoi finir une journée riche en évènements ;)

Bon, et puis je crois que le roi ne m’en voudra pas trop, cet article est dédié à Kim, bien sûr !

J'ai Rêvé d'Un Autre Monde

En relisant quelques articles, outre les fautes d’orthographes qui sont assez nombreuses ( et que je vais m’empresser de corriger ), je me suis rendu compte pour être tout à fait honnête, que j’étais très, voire trop critique envers le Maroc. C’est vrai que c’est facile de se moquer, et des fois, franchement, il y a de quoi ! Mais le Maroc, et Casa en particulier, renferment aussi des petites perles que l’on aimerait bien emporter dans ses valises si Jet 4 You ne faisait pas payer 12 € le kilo supplémentaire… Voici donc le top de la semaine, et cette semaine, c’est les 10 choses dont la France devrait s’inspirer ici.

Number 10 : Les téléboutiques. Plus humaines, plus conviviales et moins venteuses que de simples cabines téléphoniques, la téléboutique est au Maroc ce les Avenues Charles de Gaulle sont à la France, un vrai symbole ! A tous les coins de rue, le petit téléphone bleu clignotant, vous indique que vous pouvez téléphoner pour moins cher qu’à partir de votre portable, et que le gars à l’intérieur peut aussi vous faire de la monnaie ( et c’est souvent TRES utile ! ). Celle d’en bas est particulièrement accueillante : c’est son proprio qui m’a aidé à mettre la puce Maroc Telecom dans mon portable, et qui me dit bonjour tous les jours quand je descends. Spéciale dédicace !

Number 9 : Les petites annonces de la presse marocaine. Ca c’est ENORME ! Que dis-je ?
Gigantesque ! Elles se trouvent à la fin des journaux ou des magasines, et en disent long sur la relation homme-femme ici.. Quelques extraits, juste pour rire : ça va de « Belle jeune fille recherche jeune homme en vue du mariage » ( très court, très clair ) à « Jeune fille de 39 ans de Rabat indépendante et très croyante, sérieuse et honnête recherche homme du même calibre en vue du mariage, dans le respect du cadre mutuel ». Le « en vue du mariage » est une constante absolue dans les petites annonces. Et personne ne sait si c’est pour la forme ou si c’est sincère. On a même trouvé des gens qui cherchaient une âme sœur portant le même nom de famille, histoire de s’épargner ledit mariage, peut être… Les petites annonces, c’est donc le moyen de se payer un bon fou rire !

Number 8 : Les épiceries. Pas besoin d’une démonstration de 15 pages, les épiceries me nourrissent, m’abreuvent, et m’approvisionnent depuis un mois ! Et d’ailleurs c’était le top de la semaine dernière !

Number 7 : Le prix des journaux. Quand, comme moi, on fait un stage où je le fais, et quand, comme moi, on se fait ch… de 8h30 à 16h30, il faut bien s’occuper. Heureusement, les journaux sont là ! Et l’avantage, c’est qu’ils ne coutent pas cher : 5 dirham pour les journaux marocains ( éviter ceux écrits en arabe, c’est pas très pratique..), 10 dh pour Le Monde. 30 % moins cher qu’en France, c’est pas mal ! D’ailleurs, la deuxième dédicace de l’article sera pour le gars qui vend les journaux devant la banque et qui me tape la discute tous les matin ( c’est à cause de lui si je suis en retard, je vous le jure ! ).

Number 6 : Les mosquées. Et oui, pour une simple et bonne raison, elles permettent d’économiser de l’électricité en se passant de radioréveil ! Même si l’environnement n’est pas la première chose à laquelle on pense quand on se fait réveiller par le muezzin à 6heures…

Number 5 : Les cybercafés. C’est eux qui me permettent de rester connecté au monde, étant privé de wifi au bureau et « à la maison ». Un peu moins nombreux que les téléboutiques, les cybercafés quadrillent pourtant Casa de long en large et en travers ! Celui que je squatte quasiment tous les jours est à mi chemin entre la banque et l’appart, et quand la fille me voit arriver, elle sait que le micro et la webcam ont intérêt à fonctionner correctement ! Normal, c’est le moment privilégié de la journée que je passe avec Ma ;)

Number 4 : La Fête du Trône. C’était hier, et c’est férié ! Raison de plus pour adorer le roi, dont le visage a fleuri à tous les coins de rue depuis le début de la semaine ! Et vas y que je te montre M6 en habits traditionnels, M6 sur le trone, M6 sur son jetski ( oui oui ! ), le tout dans une explosion de drapeaux rouges et verts… On va pas se plaindre, c’est grâce à lui que j’ai pu dormir un peu plus longtemps que d’habitude hier !

Number 3 : Le souk à la sortie de Casa. Bon, j’ai oublié son nom, presque imprononçable… Ca n’empêche que c’est un de mes endroits préférés ici, un endroit où on trouve de tout, du motoculteur au verrou, en passant par les chemises ou les chargeurs de portables. C’est magique, on dirait une brocante géante, un Carrefour en plein air, un mélange entre le souk et la braderie de Lille…
Number 2 : « Rouyah ». « Rouyah », c’est toute une histoire, que je vais m’empresser de vous raconter. Quand vous voulez demander quelque chose à quelqu’un, dans la rue ou ailleurs, chaque phrase commence généralement par Rouyah ( il faut faire venir le « r » du fond de la gorge, ce que je ne sais pas encore faire). Du genre « Rouyah, où se trouve l’avenue des palmiers ? », ou « rouyah, est ce que tu peux surveiller ma voiture pendant que je vais faire mes courses ? ». Traduction facile, ça doit vouloir dire « S’il vous plait », ou quelque chose comme ça. Tout content d’avoir appris un nouveau mot, je m’empresse de le tester à la téléboutique d’en bas. Le mec à l’air surpris, mais content. Deuxième tentative au chauffeur de taxi du matin, un peu plus interloqué. En arrivant au bureau, je raconte à Karim que j’ai testé un nouveau mot ce matin : « Tu sais, Rouyah, ça veut dire s’il te plait non ? »… « Euh, non, ça veut dire Mon frère, ils ont du être surpris si tu leur as dit ça ! ». Effectivement, je comprends maintenant ! L’avantage de Rouyah, quand ça passe, c’est que ça crée une proximité immédiate entre les gens, et ça c’est plutôt sympa. Ils auraient pu me prévenir quand même… !
Number 1 : Les auto-écoles marocaines. Numéro un pour deux raisons : ici, c’est beaucoup moins cher, et beaucoup plus rapide d’avoir son permis. Alors certes, on ne sait pas conduire à l’obtention du petit papier rose, mais on sait faire démarrer sa voiture, et ça c’est l’essentiel ! Il faut le voir pour le croire : l’examen consiste en une marche arrière, un aller retour entre deux plots espacés de 10 mètres, et 1200 dirham ( 100 euros…). Leur terrain d’entrainement est au coin de la rue, donc tous les jours je peux admirer le bordel d’auto écoles qui se croisent dans tous les sens en manquant d’arracher l’aile du voisin. Autre point positif pour les moins confiants : ici, il y a deux volants !

lundi 28 juillet 2008

I Bet You Look Good On The Dancefloor

Charia oblige, les rues du centre de Casablanca ne sont pas jonchées de bars ou de pubs à la mode. A peine quelques brasseries clandestines du coté de la Medina, et quelque épiceries, qui vendent de l’alcool dissimulé derrière des barils de lessive. Le quartier branché, est à quelques kilomètres d’ici, sur ce qu’on appelle la corniche, la route qui paradoxalement, mène à la plus grande mosquée d’Afrique… Quand je dis quartier branché, ça veut dire en réalité quartier fréquenté exclusivement pas les X5 et les Q7, et où vont se défouler les jeunes marocains [très] aisés, en manque de house, de vodka et de filles ( et quand je dis en manque, ça veut bien dire ce que ça veut dire ! ). C’est beau, ça clignote, ça klaxonne, mais c’est donc pas forcement l’endroit où on passe un bon moment, tranquillement avec des amis.

Pour ça, il existe une autre adresse, devenue mythique ( en tous cas pour moi ), et qui fait parti, de loin, de mes endroits préférés de Casa. Charia oblige donc, ce n’est pas marocain, mais espagnol : la Bodega, juste derrière le Golden Tulipe ( l’hôtel qui a explosé en 2003 ). On a beau ne pas être sur la corniche, l’endroit est sensible, et la présence policière renforcée. Ca n’empêche qu’il reste un endroit super sympa, où on peut manger un morceau, boire un verre ou danser un peu ( un peu, car ils ne passent pas les Daft Punk).

Le resto, à lui tout seul, vaut le détour : il n’est franchement pas « onéreux », et sert des trucs que je n’ai jamais mangé ( mais qui dans la plupart des cas, ne sont pas marocains ). J’opte généralement pour les croquettes de poulet, et me gave d’olives et de pain avant même d’être assis. L’ambiance est un peu tamisée, et dans les 4 coins de la pièce, des écrans plats passent en boucle des images un peu psychédéliques qui aident à la digestion, et auxquels on reste généralement scotchés. Ca ne parle que français, espagnol ou anglais, et dans la plupart des cas, les gens sont cools.

Vendredi soir par exemple, je suis tombé sur un gars juste à coté de moi que j’entendais parler anglais. Dans l’espoir d’établir le contact avec un sujet de Sa Majesté, je lui lance un « hi », mélange de « salut-bienvenu-ahh, t’es anglais-j’aime bien l’Angleterre » (évidemment, je me suis assuré avant que mon « hi » ne pouvait pas être interprété autrement). Manque de bol, le gars me répond en français ( normal, il est français ), et m’explique qu’il travaille dans l’aviation d’affaire et que son collègue ( qui à l’air d’un californien qui revient de la plage ), est italien. Ils reviennent de Beytouth, et repartent en Russie le lendemain, ça à l’air assez cool comme métier, surtout quand ta boite te paye les 3 cocktails que tu es en train de siroter… On discute quelques minutes, puis je lui demande qui il transporte en général, dans ses avions dont il me fait comprendre que je ne verrai jamais la couleur, même en rêve… « Ahh ben ça dépend, des acteurs, des industriels… ». « Des politiques ? » ( je vais peut être dénicher le nouveau scandale politico financier de l’année, la question d’après étant « qui paye les billets d’avion ? » ). Et là, le gars me répond, sans broncher, sans même un petit sourire en coin que je n’aurais pas pu cacher, « Oui, Tony Blair ». Tony Blair ! La grande classe, ce mec a eu entre les mains la vie de l’homme que je vénère autant que les marocains vénèrent le roi… Bodega c’était bien, à cet instant précis, ça devient extraordinaire.

Ce gars en question n’y est pas la seule attraction : j’ai parlé du resto au rez-de-chaussée, mais pas du bar au sous sol, dont le plafond est tapissé de drapeaux, et les murs d’affiches de concert ( on dirait ma chambre..). La musique y est vraiment pas mal ( j’ai envie de dire que quand on écoute radio2M toute la journée, tout devient vraiment pas mal, mais là, c’est VRAIMENT pas mal ), en particulier le jeudi soir où ils ne passent qu’une seule fois Magic System. Oui, c’est l’autre inconvénient de la musique au Maroc : quand on aime bien quelque chose, on le repasse jusqu’à s’en lasser, et des fois ça vient très vite ! Il y a principalement deux radio musicales au Maroc : HitRadio (« Numéro 1 au Maroc ) et Radio2M (« Numéro 1 au Maroc pour les hits », la différence est très subtile mais elle existe ! ), dont les programmations sont exactement les mêmes à 6 minutes d’intervalle. Magic System succède à Laurent Wolf, qui succède à David Vandetta (pis de sol-férino-pharyngite…… ;) ), qui succède à la pub, qui succède à Magic System…

Ce qu’il y a d’original à Bodega, c’est qu’en plus de la musique, un gars joue du tam tam, et la rend du coup un peu plus exotique. C’est parfois assez bluffant, et souvent original. Et même que pour 30 dh, il vient jouer à côté de votre table ! Enfin une table, quand on arrive à en trouver une, parce que du mercredi au vendredi, le gars au tam-tam fait tellement fureur, que même l’entrée est une épreuve. Une fois à l’intérieur, il faut se frayer un chemin dans l’escalier qui mène au sous sol, en bas duquel des serveurs vous attendent avec de petits palm pour prendre la commande, un peu comme au Starbucks ! Je n’y passe pas ma vie, mais on y est allé assez souvent pour que le même serveur ( Nouredine en l’occurrence ), se précipite vers nous pour nous demander ce qu’on veut. Même quand on ne veut rien…

Bodega, c’est donc plus cool, moins décomplexé, moins exubérant que la corniche. Ca n’empêche qu’on peut y croiser des spécimens assez intéressants, parmi lesquels des clubbers parisiens qui n’ont pas compris qu’au Maroc, c’est pas la peine de faire d’UV , ou des gars un peu coincés qui se sont sentis obligés de sortir leur plus belle cravate.

Parlons un peu des clubbers parisiens, eux valent le détour ! C’était un mardi, et ils avaient consciencieusement choisi leur jour pour venir : le plus chaud de la semaine, en se disant qu’après une journée de plage, rien de mieux qu’une soirée dans un bar à la mode. Ils auraient aimé que la musique s’arrête à leur descente des marches, mais on est pas à Cannes. Du coup il faut frapper vite et fort : en 4 minutes, le dancefloor est monopolisé, la sangria qu’ils se sont fait offerte au bar s’invite sur les chemises des gens qui ont eu le malheur de s’approcher trop près. Bien sur, elle épargne leur slim noir, et leur chemise blanche ouverte jusqu’au 4ème bouton, simple histoire de dosage ! Mais ça, c’est le début. La suite c’est de l’impro totale, pour le plus grand bonheur de ceux qui vont devoir laver leurs T shirt au Tide ce soir : au bout d’un quart d’heure de chorée enflammée, la température s’élève, dangereusement. Des goutes commencent à perler sur leurs visages, Menen™ ne fait plus effet, Ben et Steven n’en peuvent plus, ils sont trempés. Survient la scène la plus drôle de la soirée : ne pouvant pas s’essuyer avec leurs chemises, ils demandent des serviettes au serveur et commencent à s’éponger le visage, toujours en plein milieu de la piste de danse. Comme ce n’est pas suffisant ( sans blagues ! ), ils ont une idée lumineuse, utiliser la serviette qui entoure une bouteille de vin posée à deux tables de là. Discrètement, ils se décalent vers la droite, et s’essuient comme si ils sortaient de la douche. C’était sans compter sur les propriétaires de ladite bouteille, qui n’apprécient pas trop que deux gars tout transpirants viennent s’éponger les cheveux à 30 cm d’eux. Humiliés, Ben et Steven leur rendent, et s’en vont en se faisant traiter de porcs… Et ici, croyez moi, se faire traiter de porc, c’est pas la classe !

Goodbye Stranger

Si il est un endroit du Maroc qui n’est pas [trop] dépaysant, c’est bien la route. Bizarre allez vous me dire, après tout ce que j’ai raconté sur mes mésaventures de l’autoroute, le bazar permanent des grandes avenues de Casa, ou le danger qui surgit à chaque coin de rue sous la forme d’un taxi fou ou d’un scooter suicidaire… Et pourtant, c’est généralement sur la route qu’on se rend compte qu’au final, l’Europe, et la France, ne sont pas si loin. Il suffit de compter le nombre de plaques d’immatriculations françaises, espagnoles ou italiennes que l’on croise au péage, le long de la plage, au feu rouge. Les français sont partout, et sont visibles. Quand je dis français, je devrais plutôt dire français d’origine marocaine, car c’est bien d’eux dont il s’agit, les touristes n’ayant pas de racines au Maroc préférant l’avion. D’où une interrogation persistante : comment ces franco-marocains, si facilement reconnaissables ( à leur plaque d’immatriculation mais pas seulement ), sont ils perçus ici ?

Si j’avais pu prévoir la violence de la réponse, je me serais bien gardé de la poser. J’avais déjà remarqué, à l’aéroport notamment, à quel point le regard porté sur ces marocains de l’étranger ( les fameux « MRE » ), était teinté de curiosité, d’incompréhension et de méfiance. Mais à ce point, je ne l’aurais jamais imaginé. J’en ai pris conscience pour la première fois à la cantine, quand un gars très sympa s’est mis à discuter avec moi, de tout et de rien, et notamment de la manière dont sont perçus les émigrés. Fils d’un chauffeur de taxi, dont tous les frères et sœur ont réussi dans la vie, lui travaillant dans une banque, on ne peut donc pas l’accuser de jalousie. Il n’attaque pas les marocains partis en France pour travailler ( les premiers, dans les années 50 et 60 ), mais leurs enfants, qui « n’ont jamais fait l’effort de s’intégrer là bas et qui reviennent ici en été pour étaler leur argent ». Et ça, c’est pour le plus soft. Il m’explique que les émigrés « de la troisième génération » n’ont plus aucun lien avec le Maroc, et que dans quelques années, ils ne pourront plus revenir parce qu’ils ne connaitront plus personne, ni les amis, ni les voisins, en plus ils ne parlent même pas un « vrai » arabe. Je réalise à ce moment là que les franco-marocains peinent encore plus à faire leur place ici, qu’en France. Il est tout à fait au courant que les conditions de vie « dans [nos] banlieues sont difficiles, mais pas plus que dans les bidonvilles qu’ici : ils ont tout ce qui leur faut, de l’argent, des voitures, l’école, et n’en sont pas reconnaissants. C’est honteux qu’ils sifflent la Marseillaise, c’est leur hymne quand même ! ». La fin de la conversation est encore plus explicite : il me dit très clairement que ce sont tous des « voleurs » et des « fumeurs de shit » qui viennent dépenser l’argent de la drogue pendant l’été « comme si c’était des rois »…
Bon, peut être qu’il y va un peu fort… Le problème, c’est que tout le monde y va un peu fort ! On passe très vite du statut de MRE, à celui d’étranger, et quand on est immatriculé en France, il vaut mieux ne pas caler au feu rouge ! Je profite d’une discussion avec Amine, un copain de Anass qui vient du lycée Français d’Agadir, pour confirmer, ou infirmer ( soyons optimistes ! ), cette impression. « C’est des racailles, ils ne foutent rien de leur journée dans leurs cités et se la ramènent quand ils rentrent ici, mais ils devraient avoir honte de leur condition ». Pas sur qu’il n’y ait pas un peu de mauvaise foi là dedans, mais en tous cas ça a le mérite d’être clair. Anass me dit plus ou moins la même chose : « T’imagine, ils roulent en BM et traitent les marocains comme de la merde, alors qu’en France ils sont quoi au mieux, éboueurs, un truc comme ça ? ». Et là je dois dire qu’il y a un peu de vrai dans le milieu de sa phrase : la manière dont les jeunes en particulier, considèrent les épiciers, les gardiens de voitures, les filles, est complètement incroyable. C’est au mieux, condescendant, au pire, ultra violent, comme ce week-end sur la plage, ou un gars ( français ), a foutu un pain à un vendeur de glace parce qu’il ne s’était pas arrêté pour lui en vendre…Le pire, c’est qu’on ne peut pas soupçonner tous ces marocains, plutôt voire ultra favorisés, d’une quelconque rancœur, ou d’une quelconque jalousie. Imaginez alors ce qu’en pensent ceux qui font la manche au feu rouge, ce qui n’ont jamais mis les pieds dans un lycée français, et qui ne voient pas d’autre horizon que le détroit de Gibraltar ? Difficilement tenable comme situation. Pas besoin de réfléchir longtemps pour se rendre compte que dans l’histoire, tout le monde est perdant, ceux qui font la manche au feu rouge, comme ceux qui n’ont leur place ni en France, ni ici, mais dont les premiers aimeraient bien prendre la place. Du coup, quand je vois une voiture française au feu rouge, je leur fais un sourire, c’est sur qu’ils en aient beaucoup sur la route…