jeudi 31 juillet 2008

New Born ;) ( 30 Juillet )

Le mot du jour sera pour Sa Majesté le Roi, grâce à laquelle j’ai pu aujourd’hui, faire la grâce matinée, mais pas seulement, hey hey ;)
Et oui, aujourd’hui ( enfin hier…), c’était la Fête du Trône, qui commémore ( ou fête, c’est au choix ! ), le jour de l’accession au trône de M6. Et évidemment, c’est férié ! Impossible de passer à côté, tout Casa ne vit que pour ça depuis une semaine, l’Avenue Hassan II a été couverte de drapeaux ( dont les couleurs me rappellent étrangement Noel !) ), de portraits, et de policiers. Ce matin j’ai même découvert que les bus, eux aussi, arboraient de petits drapeaux rouge et vert, c’est mignon !

Je décide donc de rentabiliser ma journée, c’est pas tous les jours qu’on peut se prendre une journée libre aux frais du roi ! J’ai deux missions ce matin : trouver des cartes postales, car je commence vraiment à me dire que ça n’existe pas à Casa, et trouver une agence Emirates, ouverte en ce jour particulier. Je m’offre juste un petit déjeuner à la terrasse de l’Alexandrin ( un café français à deux pas du Twin Center ), un café et un croissant en plein soleil, la grande classe ! Le serveur m’a l’air sympa, du coup je lui demande si il peut m’aider dans la réalisation de mes deux missions du jour. Carte Postales + Emirates… « Mais pourquoi, vous voulez déjà nous quitter ? » Non non, juste aller voir Ma à l’autre bout du monde ! Au passage, il vient de me faire réaliser qu’effectivement, dans à peine 20 jours je serai parti… Dans 20 jours, tous ces repères, ces habitudes, disparaitront derrière le détroit de Gibraltar, et j’en retrouverai d’autres, que je quitterai à nouveau, etc etc. C’est ça quand on vit dans un monde globalisé !

Revenons-en à l’essentiel : pour les cartes postales, il faudra repasser, il ne sait pas où on en vend. Pour Emirates, c’est au 140, « three blocs away » ! Je me dirige donc vers le 140 bd Zerktouni, juste au pied du Twin Center. Mais il y a un problème : le 140 n’existe pas. Il y a bien le 138, il y a bien le 142 aussi, mais pas de 140 en vue ! Il est 11heures, et il fait pas loin de 40°C. J’irai chercher le 140 en compagnie de ma casquette ! Puis ne perdant pas de vue ma deuxième mission, je m’engouffre dans les ruelles derrière le Twin Center, un quartier rempli de snacks et de boutiques de chaussures, que des vendeurs de bigorneaux investissent à partir de 19heures. C’est pas compliqué quand même, je cherche des cartes postales, même moches et même de Marrakech, je m’en fous ! Il faut savoir que tous les vendeurs de journaux à qui j’en ai demandé se sont allégrement foutus de moi… Un peu comme si je cherchais un cybercafé en plein milieu de la Creuse. Puis la magie royale opère ( à moins que ce soit mon acharnement ) : je tombe sur une papeterie qui vend effectivement des cartes postales ! Je me rue dessus, et en prends 10 d’un coup !

Revigoré par ce succès, je décide de faire quelque chose que je n’ai pas encore faite depuis que je suis arrivé, à savoir mettre mes baskets et aller courir. Je sais, c’est complètement inconscient en plein mois de Juillet, à 12 heures, au Maroc. Mais quand on a un élan de motivation tel que celui là, on ne peut rien faire contre ! C’est parti donc, muni de mon MP3 et d’une bouteille de Coca, je me dirige vers le bord de mer, où le vent rend la chaleur supportable. Effectivement, elle l’est, je suis plutôt surpris ! Le seul problème, ce n’est pas le soleil, encore moins le vent, mais les gosses, qui quand ils me voient passer, se mettent à me courir après. Au début c’est marrant, après 500 mètres, ça devient fatiguant : je ne peux pas m’arrêter, pas ralentir, encore moins accélérer… C’est eux qui arrêtent au bout de 5 minutes, et je peux enfin souffler. C’était décidemment une mauvaise idée ! Sauf que… Sauf que ! J’ai découvert que la boutique Emirares n’était effectivement pas au 140, mais à l’autre bout du Boulevard, pas très loin de la plage ! Journée royale oblige, c’est fermé, mais j’y retournerai vendredi !

Je rentre donc plus tranquillement que je n’étais parti, avec l’espoir de vider une bouteille de Coca et de m’avachir sur mon lit. Mais ce programme sera chamboulé car une très bonne nouvelle m’attend en rentrant : Cath a accouché et Lyna vient d’avoir la petite sœur qu’elle attendait déjà depuis pas mal de temps ! Alors Kim, laisse-moi te dire que la nouvelle de ta naissance a fait un sacré chemin ! Pas moins de 3 continents en une heure : de la France à la Chine, pour prévenir Ma qui s’impatientait elle aussi, puis de la Chine à la France et de la France au Maroc ( mon portable ayant un petit problème avec les appels lointains, c’est Isabelle qui arrive à me joindre, suivie par Ma, dont je suis ravi d’entendre la voix dans autre chose qu’un casque tout grésillant ! ). En plus de ça, tu auras ton jour férié… au Maroc ! C’est pas cool ça ?

Après cette bonne nouvelle, je finis la journée par une grande première : le cinéma ! Un endroit assez surréaliste, puisqu’ici on ne fait pas dans la demi mesure quand on va au cinéma. Parking de 8 étages, 20 salles, un son de ouf… Le son, parlons du son ! Après 30 minutes de débat, on opte pour HULK, qui fait [presque] l’unanimité. J’avais juste mis mon véto aux films berbères sous-titrés en arabe, mais à part ça j’étais ouvert à toute proposition. Seul problème : de même que quand il y a la clim dans le train, il fait 10 degré, quand il y a du son au ciné, c’est pire qu’un concert de ACDC, et avec la bande son de Hulk, ça devient presque insupportable. Ca avait bien commencé pourtant : l’énorme bande noire qui barrait l’écran en 2 avait fini par disparaitre à la fin des bandes-annonces, le film est le bon ( des fois ils se trompent ), et il est en français. Mais au bout de 5 minutes, le volume augmente, dangereusement. Tout le monde se regarde, mais personne ne peut rien faire. Et du coup chacun décide de prendre sur soi, et sort de la salle avec un bourdonnement dans les oreilles. Mais je dois dire que le cinéma au Maroc, c’est plutôt pas mal ! De quoi finir une journée riche en évènements ;)

Bon, et puis je crois que le roi ne m’en voudra pas trop, cet article est dédié à Kim, bien sûr !

J'ai Rêvé d'Un Autre Monde

En relisant quelques articles, outre les fautes d’orthographes qui sont assez nombreuses ( et que je vais m’empresser de corriger ), je me suis rendu compte pour être tout à fait honnête, que j’étais très, voire trop critique envers le Maroc. C’est vrai que c’est facile de se moquer, et des fois, franchement, il y a de quoi ! Mais le Maroc, et Casa en particulier, renferment aussi des petites perles que l’on aimerait bien emporter dans ses valises si Jet 4 You ne faisait pas payer 12 € le kilo supplémentaire… Voici donc le top de la semaine, et cette semaine, c’est les 10 choses dont la France devrait s’inspirer ici.

Number 10 : Les téléboutiques. Plus humaines, plus conviviales et moins venteuses que de simples cabines téléphoniques, la téléboutique est au Maroc ce les Avenues Charles de Gaulle sont à la France, un vrai symbole ! A tous les coins de rue, le petit téléphone bleu clignotant, vous indique que vous pouvez téléphoner pour moins cher qu’à partir de votre portable, et que le gars à l’intérieur peut aussi vous faire de la monnaie ( et c’est souvent TRES utile ! ). Celle d’en bas est particulièrement accueillante : c’est son proprio qui m’a aidé à mettre la puce Maroc Telecom dans mon portable, et qui me dit bonjour tous les jours quand je descends. Spéciale dédicace !

Number 9 : Les petites annonces de la presse marocaine. Ca c’est ENORME ! Que dis-je ?
Gigantesque ! Elles se trouvent à la fin des journaux ou des magasines, et en disent long sur la relation homme-femme ici.. Quelques extraits, juste pour rire : ça va de « Belle jeune fille recherche jeune homme en vue du mariage » ( très court, très clair ) à « Jeune fille de 39 ans de Rabat indépendante et très croyante, sérieuse et honnête recherche homme du même calibre en vue du mariage, dans le respect du cadre mutuel ». Le « en vue du mariage » est une constante absolue dans les petites annonces. Et personne ne sait si c’est pour la forme ou si c’est sincère. On a même trouvé des gens qui cherchaient une âme sœur portant le même nom de famille, histoire de s’épargner ledit mariage, peut être… Les petites annonces, c’est donc le moyen de se payer un bon fou rire !

Number 8 : Les épiceries. Pas besoin d’une démonstration de 15 pages, les épiceries me nourrissent, m’abreuvent, et m’approvisionnent depuis un mois ! Et d’ailleurs c’était le top de la semaine dernière !

Number 7 : Le prix des journaux. Quand, comme moi, on fait un stage où je le fais, et quand, comme moi, on se fait ch… de 8h30 à 16h30, il faut bien s’occuper. Heureusement, les journaux sont là ! Et l’avantage, c’est qu’ils ne coutent pas cher : 5 dirham pour les journaux marocains ( éviter ceux écrits en arabe, c’est pas très pratique..), 10 dh pour Le Monde. 30 % moins cher qu’en France, c’est pas mal ! D’ailleurs, la deuxième dédicace de l’article sera pour le gars qui vend les journaux devant la banque et qui me tape la discute tous les matin ( c’est à cause de lui si je suis en retard, je vous le jure ! ).

Number 6 : Les mosquées. Et oui, pour une simple et bonne raison, elles permettent d’économiser de l’électricité en se passant de radioréveil ! Même si l’environnement n’est pas la première chose à laquelle on pense quand on se fait réveiller par le muezzin à 6heures…

Number 5 : Les cybercafés. C’est eux qui me permettent de rester connecté au monde, étant privé de wifi au bureau et « à la maison ». Un peu moins nombreux que les téléboutiques, les cybercafés quadrillent pourtant Casa de long en large et en travers ! Celui que je squatte quasiment tous les jours est à mi chemin entre la banque et l’appart, et quand la fille me voit arriver, elle sait que le micro et la webcam ont intérêt à fonctionner correctement ! Normal, c’est le moment privilégié de la journée que je passe avec Ma ;)

Number 4 : La Fête du Trône. C’était hier, et c’est férié ! Raison de plus pour adorer le roi, dont le visage a fleuri à tous les coins de rue depuis le début de la semaine ! Et vas y que je te montre M6 en habits traditionnels, M6 sur le trone, M6 sur son jetski ( oui oui ! ), le tout dans une explosion de drapeaux rouges et verts… On va pas se plaindre, c’est grâce à lui que j’ai pu dormir un peu plus longtemps que d’habitude hier !

Number 3 : Le souk à la sortie de Casa. Bon, j’ai oublié son nom, presque imprononçable… Ca n’empêche que c’est un de mes endroits préférés ici, un endroit où on trouve de tout, du motoculteur au verrou, en passant par les chemises ou les chargeurs de portables. C’est magique, on dirait une brocante géante, un Carrefour en plein air, un mélange entre le souk et la braderie de Lille…
Number 2 : « Rouyah ». « Rouyah », c’est toute une histoire, que je vais m’empresser de vous raconter. Quand vous voulez demander quelque chose à quelqu’un, dans la rue ou ailleurs, chaque phrase commence généralement par Rouyah ( il faut faire venir le « r » du fond de la gorge, ce que je ne sais pas encore faire). Du genre « Rouyah, où se trouve l’avenue des palmiers ? », ou « rouyah, est ce que tu peux surveiller ma voiture pendant que je vais faire mes courses ? ». Traduction facile, ça doit vouloir dire « S’il vous plait », ou quelque chose comme ça. Tout content d’avoir appris un nouveau mot, je m’empresse de le tester à la téléboutique d’en bas. Le mec à l’air surpris, mais content. Deuxième tentative au chauffeur de taxi du matin, un peu plus interloqué. En arrivant au bureau, je raconte à Karim que j’ai testé un nouveau mot ce matin : « Tu sais, Rouyah, ça veut dire s’il te plait non ? »… « Euh, non, ça veut dire Mon frère, ils ont du être surpris si tu leur as dit ça ! ». Effectivement, je comprends maintenant ! L’avantage de Rouyah, quand ça passe, c’est que ça crée une proximité immédiate entre les gens, et ça c’est plutôt sympa. Ils auraient pu me prévenir quand même… !
Number 1 : Les auto-écoles marocaines. Numéro un pour deux raisons : ici, c’est beaucoup moins cher, et beaucoup plus rapide d’avoir son permis. Alors certes, on ne sait pas conduire à l’obtention du petit papier rose, mais on sait faire démarrer sa voiture, et ça c’est l’essentiel ! Il faut le voir pour le croire : l’examen consiste en une marche arrière, un aller retour entre deux plots espacés de 10 mètres, et 1200 dirham ( 100 euros…). Leur terrain d’entrainement est au coin de la rue, donc tous les jours je peux admirer le bordel d’auto écoles qui se croisent dans tous les sens en manquant d’arracher l’aile du voisin. Autre point positif pour les moins confiants : ici, il y a deux volants !

lundi 28 juillet 2008

I Bet You Look Good On The Dancefloor

Charia oblige, les rues du centre de Casablanca ne sont pas jonchées de bars ou de pubs à la mode. A peine quelques brasseries clandestines du coté de la Medina, et quelque épiceries, qui vendent de l’alcool dissimulé derrière des barils de lessive. Le quartier branché, est à quelques kilomètres d’ici, sur ce qu’on appelle la corniche, la route qui paradoxalement, mène à la plus grande mosquée d’Afrique… Quand je dis quartier branché, ça veut dire en réalité quartier fréquenté exclusivement pas les X5 et les Q7, et où vont se défouler les jeunes marocains [très] aisés, en manque de house, de vodka et de filles ( et quand je dis en manque, ça veut bien dire ce que ça veut dire ! ). C’est beau, ça clignote, ça klaxonne, mais c’est donc pas forcement l’endroit où on passe un bon moment, tranquillement avec des amis.

Pour ça, il existe une autre adresse, devenue mythique ( en tous cas pour moi ), et qui fait parti, de loin, de mes endroits préférés de Casa. Charia oblige donc, ce n’est pas marocain, mais espagnol : la Bodega, juste derrière le Golden Tulipe ( l’hôtel qui a explosé en 2003 ). On a beau ne pas être sur la corniche, l’endroit est sensible, et la présence policière renforcée. Ca n’empêche qu’il reste un endroit super sympa, où on peut manger un morceau, boire un verre ou danser un peu ( un peu, car ils ne passent pas les Daft Punk).

Le resto, à lui tout seul, vaut le détour : il n’est franchement pas « onéreux », et sert des trucs que je n’ai jamais mangé ( mais qui dans la plupart des cas, ne sont pas marocains ). J’opte généralement pour les croquettes de poulet, et me gave d’olives et de pain avant même d’être assis. L’ambiance est un peu tamisée, et dans les 4 coins de la pièce, des écrans plats passent en boucle des images un peu psychédéliques qui aident à la digestion, et auxquels on reste généralement scotchés. Ca ne parle que français, espagnol ou anglais, et dans la plupart des cas, les gens sont cools.

Vendredi soir par exemple, je suis tombé sur un gars juste à coté de moi que j’entendais parler anglais. Dans l’espoir d’établir le contact avec un sujet de Sa Majesté, je lui lance un « hi », mélange de « salut-bienvenu-ahh, t’es anglais-j’aime bien l’Angleterre » (évidemment, je me suis assuré avant que mon « hi » ne pouvait pas être interprété autrement). Manque de bol, le gars me répond en français ( normal, il est français ), et m’explique qu’il travaille dans l’aviation d’affaire et que son collègue ( qui à l’air d’un californien qui revient de la plage ), est italien. Ils reviennent de Beytouth, et repartent en Russie le lendemain, ça à l’air assez cool comme métier, surtout quand ta boite te paye les 3 cocktails que tu es en train de siroter… On discute quelques minutes, puis je lui demande qui il transporte en général, dans ses avions dont il me fait comprendre que je ne verrai jamais la couleur, même en rêve… « Ahh ben ça dépend, des acteurs, des industriels… ». « Des politiques ? » ( je vais peut être dénicher le nouveau scandale politico financier de l’année, la question d’après étant « qui paye les billets d’avion ? » ). Et là, le gars me répond, sans broncher, sans même un petit sourire en coin que je n’aurais pas pu cacher, « Oui, Tony Blair ». Tony Blair ! La grande classe, ce mec a eu entre les mains la vie de l’homme que je vénère autant que les marocains vénèrent le roi… Bodega c’était bien, à cet instant précis, ça devient extraordinaire.

Ce gars en question n’y est pas la seule attraction : j’ai parlé du resto au rez-de-chaussée, mais pas du bar au sous sol, dont le plafond est tapissé de drapeaux, et les murs d’affiches de concert ( on dirait ma chambre..). La musique y est vraiment pas mal ( j’ai envie de dire que quand on écoute radio2M toute la journée, tout devient vraiment pas mal, mais là, c’est VRAIMENT pas mal ), en particulier le jeudi soir où ils ne passent qu’une seule fois Magic System. Oui, c’est l’autre inconvénient de la musique au Maroc : quand on aime bien quelque chose, on le repasse jusqu’à s’en lasser, et des fois ça vient très vite ! Il y a principalement deux radio musicales au Maroc : HitRadio (« Numéro 1 au Maroc ) et Radio2M (« Numéro 1 au Maroc pour les hits », la différence est très subtile mais elle existe ! ), dont les programmations sont exactement les mêmes à 6 minutes d’intervalle. Magic System succède à Laurent Wolf, qui succède à David Vandetta (pis de sol-férino-pharyngite…… ;) ), qui succède à la pub, qui succède à Magic System…

Ce qu’il y a d’original à Bodega, c’est qu’en plus de la musique, un gars joue du tam tam, et la rend du coup un peu plus exotique. C’est parfois assez bluffant, et souvent original. Et même que pour 30 dh, il vient jouer à côté de votre table ! Enfin une table, quand on arrive à en trouver une, parce que du mercredi au vendredi, le gars au tam-tam fait tellement fureur, que même l’entrée est une épreuve. Une fois à l’intérieur, il faut se frayer un chemin dans l’escalier qui mène au sous sol, en bas duquel des serveurs vous attendent avec de petits palm pour prendre la commande, un peu comme au Starbucks ! Je n’y passe pas ma vie, mais on y est allé assez souvent pour que le même serveur ( Nouredine en l’occurrence ), se précipite vers nous pour nous demander ce qu’on veut. Même quand on ne veut rien…

Bodega, c’est donc plus cool, moins décomplexé, moins exubérant que la corniche. Ca n’empêche qu’on peut y croiser des spécimens assez intéressants, parmi lesquels des clubbers parisiens qui n’ont pas compris qu’au Maroc, c’est pas la peine de faire d’UV , ou des gars un peu coincés qui se sont sentis obligés de sortir leur plus belle cravate.

Parlons un peu des clubbers parisiens, eux valent le détour ! C’était un mardi, et ils avaient consciencieusement choisi leur jour pour venir : le plus chaud de la semaine, en se disant qu’après une journée de plage, rien de mieux qu’une soirée dans un bar à la mode. Ils auraient aimé que la musique s’arrête à leur descente des marches, mais on est pas à Cannes. Du coup il faut frapper vite et fort : en 4 minutes, le dancefloor est monopolisé, la sangria qu’ils se sont fait offerte au bar s’invite sur les chemises des gens qui ont eu le malheur de s’approcher trop près. Bien sur, elle épargne leur slim noir, et leur chemise blanche ouverte jusqu’au 4ème bouton, simple histoire de dosage ! Mais ça, c’est le début. La suite c’est de l’impro totale, pour le plus grand bonheur de ceux qui vont devoir laver leurs T shirt au Tide ce soir : au bout d’un quart d’heure de chorée enflammée, la température s’élève, dangereusement. Des goutes commencent à perler sur leurs visages, Menen™ ne fait plus effet, Ben et Steven n’en peuvent plus, ils sont trempés. Survient la scène la plus drôle de la soirée : ne pouvant pas s’essuyer avec leurs chemises, ils demandent des serviettes au serveur et commencent à s’éponger le visage, toujours en plein milieu de la piste de danse. Comme ce n’est pas suffisant ( sans blagues ! ), ils ont une idée lumineuse, utiliser la serviette qui entoure une bouteille de vin posée à deux tables de là. Discrètement, ils se décalent vers la droite, et s’essuient comme si ils sortaient de la douche. C’était sans compter sur les propriétaires de ladite bouteille, qui n’apprécient pas trop que deux gars tout transpirants viennent s’éponger les cheveux à 30 cm d’eux. Humiliés, Ben et Steven leur rendent, et s’en vont en se faisant traiter de porcs… Et ici, croyez moi, se faire traiter de porc, c’est pas la classe !

Goodbye Stranger

Si il est un endroit du Maroc qui n’est pas [trop] dépaysant, c’est bien la route. Bizarre allez vous me dire, après tout ce que j’ai raconté sur mes mésaventures de l’autoroute, le bazar permanent des grandes avenues de Casa, ou le danger qui surgit à chaque coin de rue sous la forme d’un taxi fou ou d’un scooter suicidaire… Et pourtant, c’est généralement sur la route qu’on se rend compte qu’au final, l’Europe, et la France, ne sont pas si loin. Il suffit de compter le nombre de plaques d’immatriculations françaises, espagnoles ou italiennes que l’on croise au péage, le long de la plage, au feu rouge. Les français sont partout, et sont visibles. Quand je dis français, je devrais plutôt dire français d’origine marocaine, car c’est bien d’eux dont il s’agit, les touristes n’ayant pas de racines au Maroc préférant l’avion. D’où une interrogation persistante : comment ces franco-marocains, si facilement reconnaissables ( à leur plaque d’immatriculation mais pas seulement ), sont ils perçus ici ?

Si j’avais pu prévoir la violence de la réponse, je me serais bien gardé de la poser. J’avais déjà remarqué, à l’aéroport notamment, à quel point le regard porté sur ces marocains de l’étranger ( les fameux « MRE » ), était teinté de curiosité, d’incompréhension et de méfiance. Mais à ce point, je ne l’aurais jamais imaginé. J’en ai pris conscience pour la première fois à la cantine, quand un gars très sympa s’est mis à discuter avec moi, de tout et de rien, et notamment de la manière dont sont perçus les émigrés. Fils d’un chauffeur de taxi, dont tous les frères et sœur ont réussi dans la vie, lui travaillant dans une banque, on ne peut donc pas l’accuser de jalousie. Il n’attaque pas les marocains partis en France pour travailler ( les premiers, dans les années 50 et 60 ), mais leurs enfants, qui « n’ont jamais fait l’effort de s’intégrer là bas et qui reviennent ici en été pour étaler leur argent ». Et ça, c’est pour le plus soft. Il m’explique que les émigrés « de la troisième génération » n’ont plus aucun lien avec le Maroc, et que dans quelques années, ils ne pourront plus revenir parce qu’ils ne connaitront plus personne, ni les amis, ni les voisins, en plus ils ne parlent même pas un « vrai » arabe. Je réalise à ce moment là que les franco-marocains peinent encore plus à faire leur place ici, qu’en France. Il est tout à fait au courant que les conditions de vie « dans [nos] banlieues sont difficiles, mais pas plus que dans les bidonvilles qu’ici : ils ont tout ce qui leur faut, de l’argent, des voitures, l’école, et n’en sont pas reconnaissants. C’est honteux qu’ils sifflent la Marseillaise, c’est leur hymne quand même ! ». La fin de la conversation est encore plus explicite : il me dit très clairement que ce sont tous des « voleurs » et des « fumeurs de shit » qui viennent dépenser l’argent de la drogue pendant l’été « comme si c’était des rois »…
Bon, peut être qu’il y va un peu fort… Le problème, c’est que tout le monde y va un peu fort ! On passe très vite du statut de MRE, à celui d’étranger, et quand on est immatriculé en France, il vaut mieux ne pas caler au feu rouge ! Je profite d’une discussion avec Amine, un copain de Anass qui vient du lycée Français d’Agadir, pour confirmer, ou infirmer ( soyons optimistes ! ), cette impression. « C’est des racailles, ils ne foutent rien de leur journée dans leurs cités et se la ramènent quand ils rentrent ici, mais ils devraient avoir honte de leur condition ». Pas sur qu’il n’y ait pas un peu de mauvaise foi là dedans, mais en tous cas ça a le mérite d’être clair. Anass me dit plus ou moins la même chose : « T’imagine, ils roulent en BM et traitent les marocains comme de la merde, alors qu’en France ils sont quoi au mieux, éboueurs, un truc comme ça ? ». Et là je dois dire qu’il y a un peu de vrai dans le milieu de sa phrase : la manière dont les jeunes en particulier, considèrent les épiciers, les gardiens de voitures, les filles, est complètement incroyable. C’est au mieux, condescendant, au pire, ultra violent, comme ce week-end sur la plage, ou un gars ( français ), a foutu un pain à un vendeur de glace parce qu’il ne s’était pas arrêté pour lui en vendre…Le pire, c’est qu’on ne peut pas soupçonner tous ces marocains, plutôt voire ultra favorisés, d’une quelconque rancœur, ou d’une quelconque jalousie. Imaginez alors ce qu’en pensent ceux qui font la manche au feu rouge, ce qui n’ont jamais mis les pieds dans un lycée français, et qui ne voient pas d’autre horizon que le détroit de Gibraltar ? Difficilement tenable comme situation. Pas besoin de réfléchir longtemps pour se rendre compte que dans l’histoire, tout le monde est perdant, ceux qui font la manche au feu rouge, comme ceux qui n’ont leur place ni en France, ni ici, mais dont les premiers aimeraient bien prendre la place. Du coup, quand je vois une voiture française au feu rouge, je leur fais un sourire, c’est sur qu’ils en aient beaucoup sur la route…

vendredi 25 juillet 2008

L'Appétit du Bonheur


Et oui, le Maroc aussi est tombé sous le charme !

Je précise que comme on pouvait s'y attendre, c'est un restaurant ;)

Hot Fuss

Je n’en peux plus, cette fois c’est décidé, je vais au hammam ! J’ai dit ça toute la semaine, mais aujourd’hui, c’est le jour ou jamais ! Malgré tout ce qu’on m’en a dit, et malgré tout ce que je peux imaginer, la peur de « plonger » dans l’inconnu n’est pas grand-chose à côté du choc thermique, maintenant quotidien, de la douche à l’eau froide ! Pour ne pas risquer d’arriver dans l’endroit le plus glauque de Casa, j’avais demandé si les stagiaires avaient des bon plans pour touristes ! Direction donc le Hammam Ziani, qui par bonheur, ferme à 22 heures ! Comme on peut s’en douter, un mois de filet d’eau froide sur la tronche avaient éveillé en moi un espoir certain, celui d’un moment de détente sous la douche, et la sensation d’être enfin frais ( je ne dis pas « propre », parce que malgré tout, je le suis ! ).

Comme le fonctionnement du hammam m’est encore étranger, je re-demande 15 fois comment sa se passe, histoire de ne pas plonger dans de l’eau bouillante, ou de me rincer les pieds dans de l’huile essentiel ( on sait jamais, ça peut arriver ! ). Première bonne nouvelle, il a l’air d’être super clean, et le mec à l’accueil parle français ! A 100 dh le massage, on repassera, en revanche le gommage-savonnage ne coute que 20 dh, c’est parti ! Vêtu d’un magnifique pagne bleu ( et d’un maillot de bain, parce que je n’ai pas complètement confiance dans la petite ficelle censée le tenir…), j’entre donc dans le hammam.

Comme je pouvais m’y attendre, c’est moite, très moite ! Mauvaise nouvelle : je n’y suis pas encore en fait, ce n’est qu’un sas, ça veut dire qu’il fera encore plus chaud, youpi ! Je pousse une petite porte vitrée derrière laquelle j’entend un jet de vapeur sous pression, respire une derrière fois de l’air relativement frais, et je vais m’assoir le plus bas possible. En fait c’est très supportable une fois qu’on à réalisé que derrière la porte se trouvent des douches avec de l’eau fraiche. En moins de 30 secondes, je deviens tout rouge, et des petites gouttelettes me coulent le long du dos. Ca peut paraitre assez peu agréable, mais en fait ça l’est ! J’ai beau être dans l’état d’un gars qui vient de courir 20 km avec un sac sur le dos dans la forêt équatoriale, pour la première fois depuis longtemps, je me détends en pensant à cette douche qui m’attend… Les petites goutes se transforment en grosses gouttes, qui me coulent le long du front, dans le dos, partout. L’odeur d’eucalyptus me dégage les sinus, qui prennent cher chaque jour. Il fait 57 degrés au thermomètre, l’humidité doit approcher les 95 %, à peu près le temps qu’il devait faire chez Ingrid Bétancourt et ses amis… Tu m’étonnes qu’elle ne veuille plus y remettre les pieds !

Après 5 minutes, je ne tiens plus et je vais prendre une douche. Puis vient le moment du gommage… Je ne sais pas exactement ce que c’est mais je ne vais pas tarder à le savoir. En fait c’est assez simple : un gars avec un gant en crin te frotte jusqu’à ce que tu devienne tout rouge et que tu ai l’impression de respirer par le dos ( oui, c’est une sensation assez spéciale ! ). Les 30 premières secondes, tout se passe bien. Puis vient le douloureux moment des jambes, qui chez moi, sont recouvertes d’un petit coup de soleil. J’hurle dès qu’il commence à frotter, et tout le monde se met à rire ( enfin quand je dis « tout le monde », tout Casa ne m’a quand même pas accompagné au hammam ). Il finit donc en douceur, et me savonnent les bras, les jambes… et le dos. Le problème c’est que je suis installé sur un genre de planche, devenue glissante, TRES glissante. J’essaye de me retourner, et paf ! Ma jambe glisse et je me retrouve à moitié par terre, la main agrippée à une rampe qui par hasard se trouve là… Je décide de ne plus rien tenter d’excentrique, et retourne sous la douche, ou je reste au moins 25 minutes. On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve, alors autant en profiter !

Le hammam, c’est donc plutôt cool, et tout ça pour la modique somme de 55 dh ! Je me paye même le luxe de m’acheter une Fayrouz à la poire sur le chemin du retour, étant propre, mais complètement déshydraté !

Brain Damage

Voila un mois que je suis ici, je commence logiquement à avoir mes petites habitudes, mes repères, mes reflexes. Le serveur du Mc Do sait que je viens pour finir ma collection de verres, le gars de la téléboutique d’en bas sait que je ne mange pas de bonbons à la fraise, celui de Pomme de Pain, que je préfère le sandwich aux rillettes de canard, et j’ai même droits à des réducs au pressing parce que je suis « gentil », la grande classe ! Rien de tel pour découvrir une ville que de n’avoir pas d’autres choix que l’explorer. On commence à devenir des pros dans ce domaine d’ailleurs !

J’ai vraiment pris conscience de tout ça quand m’assoir devant la télé pour voir ce qu’il s’y passe est devenu une habitude… En vacances, on a généralement le choix entre deux chaines : TV5 Monde pour regarder le JT de la RTBF, ou CNN. Dans le meilleur des cas, et c’est exceptionnel, on a aussi le choix entre France 4 ou BFMTV ( et qui dit « exceptionnel » dit « moments exceptionnels » devant Dominique de Villepin ou « Un gars une fille ». Moment, c’est bien le mot ( private joke pour Andélis ! ) ). Ici, c’est pas les paraboles qui manquent, mais n’ayant pas eu le temps ni l’envie d’aller acheter un décodeur piraté, la petite télé ne reçoit que 2M, la chaine publique marocaine, et pour notre plus grand plaisir ! 2M, c’est une vraie perle, un concentré du Maroc ultra moderne et ultra traditionnel, ce qui d’ailleurs, n’est pas toujours sans conséquences sur les capacités cérébrales du téléspectateur… Voici le top 10 de ce qu’il ne faut pas manquer sur 2M :

Number 10 : Le téléfilm mexicain doublé en arabe. C’est une tradition ici, les vieux téléfilms de merde, du type « Les feux de l’amour » ( dans sa version écourtée pour éviter les obscénités ), ou « Days of Our Lives », sont soit égyptiens, soit mexicains. Dans les deux cas, c’est pire que ridicule : en particulier les effets spéciaux, qui sont en fait des scènes tournées au ralenti. J’ai beau ne pas parler un mot d’arabe, généralement je comprends tout, et tout ça grâce à la petite musique dramatique qui signale les scènes clés ! Signe particulier : dans toutes ces scènes, il y a un gars qui ne sert à rien, personne ne sait si il était dans le champ au moment du tournage, ou si c’est un fil rouge au cours des épisodes, mais en tous cas il est là !

Number 9 : Les pubs pour les opérateurs téléphoniques. C’est un vrai matraquage, et il peut en avoir jusqu’à 10 par coupure publicitaire. Au Maroc, ils sont 3 ( Maroc Telecom, Meditel, et Wana ), et on les voit absolument partout, en particulier donc, à la tété. C’est tellement énervant, qu’on a envie de leur donner de l’argent rien que pour s’épargner les pubs débiles pour les 12 heures offertes par Méditel, le doublement du crédit de Maroc Telecom, ou le deuxième portable gratuit de Wana. Et je ne parle des soirées qu’ils organisent, encore moins de leurs tournées des plages…

Number 8 : Studio 2M. C’est la Star Ac marocaine, et ce week-end c’est la finale ! L’originalité de Studio 2M, c’est qu’en plus d’une quotidienne, et du prime ( ben oui, ici aussi ça marche comme ça ), c’est aussi une émission de radio ( Radio 2M, évidemment ), histoire de l’avoir en stéréo le samedi soir !

Number 7 : Les films américains censurés. 2M, c’est un peu le Canal+ marocain, la seule chaine qui diffusent des films plus ou moins récents, et en majorité américains. J’ai déjà eu l’occasion de voir La Guerre des Mondes et pas mal d’autres. Curieusement ils sont tous plus courts que leurs versions originales. Pourquoi ? Parce que dès qu’un baiser dure un peu longtemps, couic ! Et d’ailleurs, que ce soit des films de Ben Styler ou d’Orlando Bloom, ils sont toujours interdits aux moins de 12 ans, par prévention ! Ici par exemple, la version 2M de Titanic dure 2h30, et Leonardo di Caprio et Kate Winsley sont cousins… Non, ça je déconne !

Number 6 : La pub pour la BMCE. Elle n’est pas forcement plus intelligente que les autres, mais les images sont plutôt belles, et surtout, j’adore la musique, « Where do We Go » de Sandrine. Celle qui rend joyeux et nostalgique à la fois ;)

Number 5 : le concours Pespi Tecktonik. Ca c’est énorme, et ça confirme, si on ne le savait pas encore, que la Tecktonik a bien traversé la Méditerranée. C’est un peu une Star Ac pour danseurs de tecktonik, avec tout le gel, le noir et le rose qui vont avec ! Pour Mehdi, votez 1, Amin votez 2, et Karim, votez 3. Pour ceux qui ne regardent pas la télé, et qui n’ont pas la chance de voir la petite chorée de 30 secondes à chaque page de pub, des petits camions Pepsi sillonnent tout Casa, histoire de rappeler à tout le monde que la danse du ventre a du souci à se faire…

Number 4 : L’Envoyé Special marocain. Alors ça, c’est vachement intéressant : les thèmes d’Envoyé Spécial, avec le ton de Capital ! J’en ai vu qu’un, mais qui m’a marqué. C’est là que j’ai appris que si la télé marocaine est très à cheval sur la censure dans les films, elle l’est en revanche beaucoup moins sur la pudeur dans ses émissions. Premier reportage : les pompiers. Et vas y que je te montre des corps calcinés, ou un cadavre tombé dans un égout. Deuxième reportage : les urgences. Cette fois, c’est un gars qui arrive sans ses pieds : il les a perdus après avoir arraché la main d’un second, qui convoitait la même femme que lui.

Number 3 : les reportages de National Geographic. Le matin sur 2M, c’est pédagogique, j’ai eu l’occasion de m’en rendre compte quand je n’avais pas encore commencé mon stage et que j’avais la belle vie. A 9h, c’est « C’est Pas Sorcier », puis à 9h30, un reportage du National Geographic de la BBC World. Le meilleur reportage animalier que je n’ai jamais vu, et je suis vachement sérieux ! C’est là que j’ai appris que le requin marteau était le seul animal, avec l’homme, qui bronze, que le flamant rose habite sur des lacs d’acide, ou que le plus grand ennemi du gnou, est le gnou… Vachement bien je vous dit !

Number 2 : Le journal télévisé. Très intéressant, car à la fois en arabe et en français. C’est l’occasion d’apprendre quelques mots tout en s’informant. Il faut savoir également que le JT est TOUJOURS optimiste, et que tout va TOUJOURS bien au Maroc. Il commence TOUJOURS de la même façon : « Sa majesté le Roi Mohammed VI a inauguré … ou Sa Majesté le Roi Mohammed VI a lancé le nouveau chantier de modernisation de… ». Jamais de mauvaise nouvelle, jamais de drame, jamais d’imprévu, c’est fort ! Tout le monde me fait remarquer, ceci dit, que Mohammed VI n’a rien à envier à notre président quant à sa présence médiatique. Et ils n’ont pas complètement tort !

Number 1 : La campagne de sensibilisation aux accidents de la route. C’est pas du superflu ici, où c’est la loi du plus fort qui fait office de code de la route ! En un mois, je me suis pris une mobylette sur les genoux, on a failli écraser une dame qui traversait, et se prendre un mouton qui marchait sur la bande d’arrêt d’urgence… J’ai été bluffé par le spot de pub qui passe depuis peu après le journal. La mise en scène est plutôt bien faite : des conducteurs enfilent une cagoule, et foncent vers des piétons qui traversent, ou sont assis à une terrasse de café, le tout au ralenti et avec de la musique qui fout les boules. « Vous venez de voir 10 homicides causés par des conducteurs imprudents ou inconscients. 10, c’est le nombre de tués chaque jour sur les routes au Maroc ». Un seul problème : c’est pas parce qu’on a une voiture qu’on a la télé…

mercredi 23 juillet 2008

With A Little Help From My Friend

Mardi, ou plutôt mardi soir, est survenu un des épisodes les plus drôles depuis que je me suis installé ici. Quand je dis installé, c’est un bien grand mot, habitant dans un niveau de confort que même les pires campings qui puissent exister, égalent facilement. Toujours pas d’eau chaude, et il n’y en aura vraisemblablement pas, toujours pas de lumière dans ma chambre, et toujours pas de moyens pour cuisiner, mais on fait avec ! Le plus dur reste de loin la douche, l’eau, en plus d’être froide, étant devenue chlorée, donc acide ! L’alternative hammam est de plus en pus envisageable, même à 20 dirham la douche !

Le reste, c’est comme d’habitude, ou plutôt ça n’a pas changé : les interrupteurs sortent toujours des murs, de même de les cafards d’ailleurs, que j’écrase en leur lançant des bouteilles de coca vide ( et j’en ai une sacrée réserve ! ). Dimanche soir, pour couronner le tout, la propriétaire est venue taper (« taper », parce que bien sur, il n’y a pas de sonnette ici ! ), pour nous annoncer un danger imminent : l’ancien locataire ayant résilier son contrat ONE ( l’EDF marocain ), il se pourrait que d’ici quelque temps, la seule ampoule s’éteigne.. Super ! Ca m’embêterais juste pour mon PC que je devrais recharger au bureau !

En parlant de l’ancien locataire, c’est justement avec lui qu’est arrivé cet épisode marrant de la soirée. A 22 heures ( une heure normale ici ), on frappe à la porte. Comme depuis quelque temps, le quartier de Lyautey s’est Far Westisé ( coups de couteaux et présence policière renforcée…), on prend la précaution de demander qui c’est, si ce n’est pas l’un d’entre nous. J’entends ( sans comprendre ce qu’elle dit ), la proprio. On laisse donc entrer la petite vieille toute courbée ( très chiante, mais très gentille ), qui entre avec deux gars qui ont l’air tout gênés d’être là : ils viennent récupérer l’étagère de l’une des chambre, qui était restée là depuis qu’on a « emménagé ». L’appartement n’étais déjà pas meublé, mais si en plus il faut qu’on lui enlève son seul et unique meuble, ça risque d’être sympa ! Anass y avait d’ailleurs entreposé tous ses vêtements, et tout un tas d’autre choses qui aurait trainé par terre sinon. C’est donc la panique : en 30 secondes, il faut tout vider, en dégager l’accès, pour que les deux gars ( aussi imposants physiquement que moi ) la fasse descendre les 4 étages.

Même si c’est pas une heure, et même si ils auraient pu enlever leur bordel avant, je ne me vois pas rester assis à les regarder déménager cet énorme bordel ( qui tient debout aussi bien qu’un meuble IKEA qui aurait fait 3 fois le tour du Monde à dos de dromadaire ). Je me lève ( on regardait le film du soir de 2M, un truc passionnant avec Ben Styler ! ), et leur propose mon aide. Anass, beaucoup moins conciliant, me demande de me rassoir. « On va le faire avec mon ami, ne vous inquiétez pas ». Je me rassois donc, et admire le spectacle. L’armoire est en 3 parties, deux étagères de chaque coté, et un petit buffet au milieu. Ils empoignent la première étagère, dont toutes les planches ses cassent la figure sur leurs pieds ( ils ont enlevé leurs chaussures avant de rentrer, l’appartement n’a pourtant rien d’une mosquée..). Très dignes, ils ne bronchent pas, et tentent de les ramasser… en lâchant les deux portants dont les vis commencent à lâcher. Le tout sous le regard désolé et effaré de la vieille qui tente de leur donner des consignes.

On découvre alors que derrière se trouve un cimetière de poussière, de cafards et de verre cassé. La vielle me regarde en me hurlant dessus, ça doit vouloir dire « Mais t’es fou, mets quelque chose à tes pieds mon garçon, tu vas te foutre du verre partout », ou quelque chose comme ça… Je mets donc quelque chose à mes pieds, et à l’aide d’un balais et d’un paquet de céréales, j’improvise un ramasse poussière. Elle a l’air impressionnée, je marque des points ! ( Il faut, pour récupérer les deux mois de cautions à la fin du mois ! ). Puis le balai recommence pour la deuxième étagère. Le plus marrant c’est pour le buffet : comme il est plus large que les escaliers, il faut le démonter, lui aussi. Seul problème : alors que les meubles Ikea sont conçus pour le montage, et pas pour le démontage, le meuble lui ne parait même pas avoir été conçu pour le montage ! Il n’y a pas de vis, que des petits rivets en bois qui se retrouvent bientôt tous par terre. C’est méchant, mais je ne peux pas m’empêcher d’éclater de rire. Pareil pour Anass qui va se cacher dans la salle de bain. Même dans la panique, les deux gars sont très dignes, très sérieux, et n’arrêtent pas de s’excuser pour le dérangement. On commence vraiment à se demander ce qu’ils vont bien pouvoir faire de se meuble… Je les aide à remettre les 15 parties du buffet ensemble avant l’escalier. Il faut savoir que j’ai mis 15 minutes à monter ma valise dans les escaliers. Je vous laisse imaginer le temps qu’il faut pour y descendre un meuble en état de décomposition avancée.

Les cris cessent au bout de 20 minutes, ce qui signifie soit que le meuble est arrivé en bas, soit que l’escalier est désormais bouché par des bouts de bois, et deux cadavres…

lundi 21 juillet 2008

Vamos a la playa.



Ce n’est ni une panne d’inspiration, ni une solution de facilité, mais voici un article que j’ai lu dans un magasine ( TelQuel, « Le Maroc tel qu’il est » ) et que j’ai trouvé assez fou. Assez fou, parce que la plage au Maroc, c’est EXACTEMENT ça ! Donc plutôt que de répéter ( moins bien ) ce qu’il disait, le voici !

« Sur cette plage surpeuplée, notre homme observe la foule compacte comme un disque du même nom. Et il s’énerve. Il a dû batailler pour trouver un coin de sable décent. Il a changé trois fois de place. La première parce qu’il s’est retrouvé en voisinage direct avec un groupe de fans de Magic Systeme, qui avait estimé nécessaire de partager leur pénible passion avec l’ensemble des estivants du Maghreb arabe. La seconde parce qu’il s’est senti agressé par une respectable famille qui avait décidé de préparer une petite friture de poisson pour le déjeuner. Oui, une friture de poisson… Sur une bota, bien entendu. La dernière fois qu’il s’est déplacé, c’est parce qu’il se trouvait au beau milieu d’un terrain de tennis. Deux bodybuildés luisants et en slip, qui balancent leurs raquettes dans tous les sens, qui plongent pour sauver des balles et qui finissent par se révéler plus dangereux que les amateurs de friture cités plus haut.

Il est intéressant de constater que ces deux hommes, qu’on imagine sans peine avoir préparé leur exhibition estivale depuis de longs mois, ne renoncent devant rien. Ils sont venus jouer aux raquettes. Ils ne voient pas la balle, ils se devinent à peine l’un l’autre, mais ils smashent quand même. Leur attention est sans cesse déviée, en particulier dès qu’un individu de sexe féminin s’approche. Leurs manières de gentlemen sont aussi raffinées que l’odeur de poisson qui arrive encore jusque ici. Pour échapper à cette horrible situation, notre homme décide d’aller se baigner. Il brave donc les vagues pour s’éloigner au maximum de la foule qui, là aussi, le poursuit de son envahissante présence. Parce que dans l’eau, il y a les surfeurs. En général débutants, en général maladroits, en général très dangereux…

Il finit par se retrouver à peu près seul, barbotant à une distance respectable de la côte. D’ici on ne voit pas le sable, juste un magma de gens qui gesticulent. On pourrait penser qu’il s’organise sur cette plage un Festival d’Essaouira ou deux. C’est le moment que choisit le maître nageur pour siffler violement notre bipède. L’employé de la Protection Civile le somme de regagner la terre ferme. On a trop souvent critiqué la qualité de nos services publics pour blâmer cet homme consciencieux qui ne fait que son devoir. Au moment où les moqadem font grève, où les hôpitaux font pitié, où les écoles publiques font fuir, où les tribunaux font peur et où les policiers font la manche, la Protection Civile, elle, empêche les gens de se noyer. Stoïque. On me signale à l’instant qu’il y a un autre service public qui marche très bien chez nous : les mosquées. C’est parfaitement exact. Elles sont en général propres, bien conçues, elles respectent les horaires des prières. Tout le monde devrait aller faire la prière à la mosquée, ne serait-ce que pour profiter pleinement de ce service public marocain efficace. Mais nous nous éloignons du sujet. L’homme, de retour sur la terre ferme, découvre que feue sa serviette a été utilisée par les estivants pour éteindre un feu qui prenait chez les amateurs de friture de poisson. Il ramasse donc ses affaires et ce qui lui reste de dignité pour regagner son logis, en se disant qu’il serait mieux dans sa salle de bain. ».

Ne me demandez pas ce que sont les botas ou les Moqadem… Tout ce que je peux dire, c’est qu’effectivement, c’est comme ça la plage au Maroc !

Money


L’argent ne fait pas le bonheur, c’est pas faux. Ca n’empêche que j’ai bien failli changer d’avis ce week-end. Pourquoi ? Tout commence vendredi, un jour particulier, où tout tourne au ralenti et où les rues se remplissent d’odeurs de couscous ( c’est pas un cliché, c’est vrai ! ). Ma pause à midi est censée être plus longue que d’habitude ( elle l’est déjà pas mal en fait ! ), donc j’en profite pour aller faire un petit tour du coté de la mosquée Hassan II, qui est en ce jour saint, en pleine ébullition ! C’est assez dingue, les hauts parleurs s’entendent à des kilomètres à la ronde, et une foule assez compacte se dirige vers les portes ( gigantesques ), en habits du dimanche ( enfin du vendredi quoi..) Je ne tente pas le diable, et n’essaye pas de me fondre à la foule ( je ne vois pas comment j’aurais pu faire d’ailleurs ! ). Le minaret a beau être encore plus impressionnant la nuit, avec son laser vert pointé vers l’est, il n’est pas mal de jour aussi, un peu voilé par la tempête de sables qui l’encerclent.

Il était prévu ce week-end, qu’on aille à Marrakech avec des stagiaires très sympa qui m’avaient proposé d’y faire une petite virée. J’étais d’autant plus enthousiaste, que ça reste Marrakech, et que malgré les 50 degrés en pleine journée, c’est plutôt agréable ! D’ailleurs, ça aurait été une date anniversaire, car on y était il y a un an tout pile. Mais Marrakech, contrairement à Casa, c’est cher, et comme je n’ai plus de liquide sur moi, je pars à la recherche d’un distributeur en sortant du boulot. Sur le chemin, je planifie déjà les endroits que je dois aller voir, car j’imagine que le week-end va passer plutôt vite : la place ( normal ), les souks ( normal ), le Mc Do, et quelques un des supers resto sur lesquels on été tombés avec Andélis ( « quelques uns », n’exagérons pas, c’est pas un week-end gastronomique non plus ! ).

Premier distributeur : « Carte non valide ». Deuxième distributeur « Problème de communication ». Comme il ne me reste que 200 dirham, et qu’avec ça, je dois payer le train, ça commence à urger ! Au cinquième distributeur, je commence sérieusement à douter. Je suis contraint de faire le tour des banques, avant 18 heures si possible, heure à laquelle est censé partir le train pour Marrakech. AttijariWafa Bank ( la banque du roi ), BMCE ( la banque concurrente du roi ), Banque Populaire, BMCI ( la BNP..), Crédit du Maroc ( Crédit Agricole ), Société Générale, CIH… Rien du tout ! Aucun distributeur n’accepte ma carte, éjectée comme une malpropre de chaque guichet ! Je me renseigne même pour aller à l’agence centrale de la BMCE, à 5 km d’ici, mais on est vendredi, et le vendredi, pas d’agence centrale ! C’est comme le Mc Morning, à 12 heures c’est fini ! Marrakech est donc en train de me passer sous le nez, faute de fonds suffisants ! Comme ça me parait difficile de passer le week-end avec 150 dh, je suis donc obligé de me rabattre sur Kenitra… Moins exotique, et moins touristique que Marrakech, mais beaucoup moins onéreuse ! Il me reste assez pour payer le train, et à peine pour manger le vendredi soir ! Je prend le chemin de Zegafredo, qui pour 30 dh, m’offre à manger, et le wifi pour le même prix ! Ca c’est la bonne nouvelle de la journée. 150-30=120 dh… C’était bien sur sans compter sur un vendeur de DVD qui m’a convaincu, sur le chemin du retour, d’acheter la saison 4 de Lost ! Ca se refuse pas, surtout pour 50 dh, et vu l’acharnement qu’on a mis à la chercher à Lille ! 70 dh, 7 € !


Après les 44 dh du train entre Casa et Kenitra, je n’ai plus que quelque pièces dans ma poche, juste assez pour m’acheter un Coca sur la route si jamais je meurs de soif ! Ca ne risque pas, parce que j’ai la « chance » de sauter dans un train flambant neuf de l’ONCF, très confortable, mais aussi pourvu d’une clim qui ne laisse aucune chance à ceux qui ont le privilège de ne pas être enrhumé. Je suis congelé pendant 1h30, recroquevillé sur mon siège, en short et en T-shirt ! La bouffée de chaleur que je prend en sortant me décongèle. Commence alors une (longue) attente : le programme du week end est simple : plage et repos. J’avais donc dit que j’arriverai tôt. Le problème c’est que « tôt » ici n’a pas la même signification que « tot » ailleurs. Ceux qui lisent régulièrement doivent commencer par s’en rendre compte. A 10heure je suis prêt, on ne sera à la plage qu’à 13h30… Je fais de gros efforts pour contenir mes nerfs, surtout quand, pour la 4ème fois de la journée, on se perd. « Ahh bon, c’était à gauche ? »

Je n’ai jamais été aussi heureux de marcher sur le sable, même brulant ! D’abord parce que j’attendais ça depuis 3 heures, aussi parce que la plage étant à 70 bornes ( il y en a une à 3 km, mais c’est beaucoup moins fun ! ), fouler son sable est un privilège énorme ! Pour la première fois depuis que je suis arrivé, je me baigne même dans la mer.. Que dis-je, dans l’océan ! Au final, la journée est très sympa, Annas a ramené deux amis à lui, une fille de Kenitra qui le drague depuis le collège, et un gars de l’EDHEC ( le monde est petit ! ), très cool et avec qui je discute une bonne partie de la route. On a donc le temps de BIEN faire connaissance ! Précisons que je n’ai toujours pas retiré d’argent et que ma poche renferme approximativement 30 dh ! Comme je meurs de soif, j’en dépense une partie. Je n’aurais pas du. J’achète une canette de coca à un vendeur ambulant, qui a mis tellement longtemps à venir que je ne regarde même pas combien je lui donne. Quand je dis le prix aux autres, ils éclatent tous de rire. 15 dirham… Ca reste relativement 1,5 €, OK. Le truc c’est que pour éviter ce genre de problème, Coca affiche les prix sur ses canettes, qui ne coute.. que 3 dirham ! J’ai donc payé une canette 5 fois son prix, en pleine période de disette ! Il a intérêt à être bon..

La soirée est tout aussi folklorique. Comme on a la flemme d’aller jusqu’à Rabat, et qu’on préfère passer une soirée tranquille, on se dirige vers le bord de mer de Kénitra ( quand on dit « bord de mer », il ne faut surtout pas s’attendre à grand-chose, Kenitra étant avant tout, une ville de pécheurs..). Un bruit étrange attire mon attention alors qu’on cherche une place pour se garer. Annas me répond que c’est normal ( vu la manière dont il malmène la voiture, en effet, ça peur être normal ! ). J’insiste, je descend de la voiture, et contemple le pneu avant gauche, complètement explosé ! Ca n’a l’air d’étonner personne : « on n’a qu’à appeler un garagiste » ! Oui oui, à 11 heure du soir à Kenitra sur le bord de mer.. Et puis de toutes façons, personne n’a plus de 20 dirham dans les poches ! Je saute sur l’occasion, et j’apprends deux choses à Annas : oui, il y a une roue de secours dans le coffre… Et non, on ne dit pas un « criquet », mais un cric ! En 2 temps 3 mouvements la roue est changée, et pour éviter qu’il ne pète un autre pneu, je lui dit ( ce qui n’est pas vrai je pense ) qu’on ne peut pas rouler à plus de 60 km/heure avec une roue de secours… On vient d’économiser 200 dirham ! Ca tombe bien, il faut payer le train du retour ;)

Worried About Ray.



Décidemment, je me fais de plus en plus de soucis pour ce Ray… Et quand vous aurez lu ce qui suit, j’imagine que vous ne pourrez que compatir. Le Ray dont je parle n’est pas le Ray des Hoosiers ( même si je commence à m’inquiéter pour lui aussi ). Ce n’est pas non plus de Ray Charles que je veux parler, car plus personne ne se fait de soucis pour lui désormais. Ni de Ray-mond ( qui a accumulé assez de râteaux pour ouvrir un Jardiland ), ou de Ray Man ( qui n’a toujours pas de corps et qui s’en porte très bien). Je veux bien sur parler de Ray Ban, qui si jamais il a vraiment existé ( j’en ai aucune idée en fait ), doit se retourner dans sa tombe.

Ce n’est pas sa tombe que j’ai visité, mais son mausolée, un endroit ( que l’on appelle aussi la Médina de Casa ), remplie de ses reliques, et de ses répliques. La Medina est le paradis de la Ray Bane, de la Rolaixe, ou du Bo Boss ( ça existe ! ). Elle est aussi le paradis du DVD, du jean et du chargeur de portable, un endroit où on trouve tout ce qu’on cherche, à condition qu’on ne cherche pas l’original. Et si je me fais du soucis pour Ray ( ainsi que pour Warner, Converse et les autres ), c’est parce que j’y ai moi-même succombé… J’ai remplacé mes lunettes qui n’ont pas tenu le choc du voyage ( il faut dire qu’elles ne m’avaient rien couté ! ) par des Ray Ban à 50 dh. C’est pas bien, mais ça m’est d’un grand secours !Et puis c’est les répliques (quasi parfaites ! ) des lunettes de Bono, plutôt la classe ! J’ai aussi acheté un magnifique T Shirt, auquel je n’ai pas pu résister : il faut dire qu’il est très fort. C’est une imitation ( enfin je pense, ou alors il y a eu un petit problème de fabrication..) de Converse. Elle aurait pu être banale, mais le fait qu’il soit écrit en grand, et en blanc sur fond noir, « ConverCe », en fait une imitation collector, que j’ai acquis pour la modique somme de 70dh.

Ce qu’il y a de bien avec la Médina, c’est que c’est pas loin et qu’on y trouve de tout. Ce qu’il y a
de moins bien c’est qu’à la tombée de la nuit, elle se transforme en terrain de jeux des gangs casaoui, et qu’il vaut mieux l’éviter. Quand on ne peut pas ( quand on se trompe de route par exemple…..), il faut donc s’attendre à voir, entre deux boutiques de DVD ( qui vendent même des films qui ne sont pas encore tournés.. trop fort ! ), deux mecs en train de sniffer de la colle, fumer des herbes aromatiques, des pousseurs de charrettes se battre devant des gosses de 5 ans qui vendent des paquets de mouchoirs au feu rouge… Le tout devant des flics qui ne bougent qu’en fonction du pourboire qu’on leur donnera s’ils empêchent un meurtre.

La Medina c’est donc le quartier de la débauche au sens large, celui qui contribue à ruiner l’industrie du luxe et du cinéma à lui tout seul ( avec la complicité hypocrite des touristes, il faut bien le dire ), c’est aussi le quartier sur lequel Allah ne semble avoir aucune emprise.. Ou si peu ! C’est en effet dans le coin que se trouvent pratiquement toutes les brasseries clandestines de la ville. Celles qui arborent fièrement leur enseigne « 33 Export », mais qui la serrent en cachette ! Je n’oserais franchement pas y mettre les pieds, mais ce que j’ai pu voir à travers les rideaux qui en cachent l’entrée, c’est digne du pire PMU de la pire des villes désindustrialisée de la Corèze. Il y a généralement un billard qui ne marche plus depuis des années au centre de la pièce, une planche de bois qui sert de bar, et sur laquelle s’appuient des alcolos qui sortent de temps en temps prendre l’air sur le trottoir. Un air qui sent la colle et l’origan.

Pour ne pas rester sur cette impression ( assez négative il est vrai, et qui ne correspond pas à l’aspect pittoresque et authentique des souks marocains ), j’y suis retourné de jour. Et c’est là qu’il m’est arrivé un truc plutôt drôle. Je me suis un peu enfoncé dans la Médina , à la recherche de l’odeur de cuir, de bois et de fruits que je n’avais pas vraiment retrouvé depuis l’an dernier, quand on était à Marrakech. D’abord, et pour changer, on me parle anglais, tout le temps ! « Welcome to Morroco my friend », « Do you want Rolex ? »… Puis, plusieurs fois, il m’arrive quelque chose d’étrange. Plusieurs mecs passent à coté de moi, et marmonnent quelque chose que je ne comprends pas. Je ne peux pas leur en vouloir si leur anglais n’est pas perfect, c’est sur, mais qu’ils parlent français alors ! J’ai compris plus tard qu’en fait, ils parlaient français. Un autre passe à coté de moi, et me demande : « chiche » ? Puis un deuxième, un troisième.. En fait ça n’arrête pas. Chiche ? Chiche de quoi, de rentrer dans sa boutique, de retrouver mon chemin, de lui acheter ses Rolex ? Ahhh, chiche ! Hachich.. Je réalise à quel point je peux être naïf, et ça me rappelle exactement le jour où on m’a demandé si j’avais du papier et où j’ai sorti un cahier ( j’étais en troisième, OK ? ).

jeudi 17 juillet 2008

Welcome to the Candy Shop.



Il a beau être accueillant, typique, ensoleillé, et tout ce qu’on veut, deux types de personnes doivent absolument éviter le Maroc, sous peine d’un retour douloureux : celles qui ne peuvent pas s’empêcher de manger toutes les deux heures, et celles qui ne peuvent pas s’empêcher d’acheter toutes les petites conneries qui leur tombent sous le nez. Malheureusement, je fais parti de ces deux catégories.

Si les petites épiceries qui s’enchainent à perte de vue sont toutes des mini paradis pour moi, mon ventre et mon portefeuille vivent parfois l’enfer en fin de journée. Il faut dire que c’est tentant : on en trouve environ tous les 100 mètres, des fois juste côte à côte, et sont remplies de trucs plus ou moins exotiques, et plus ou moins comestibles, que les prix ridicules rendent encore plus attirants. Voici le top 10 de ce qu’il faut acheter dans une épicerie marocaine ( et ailleurs ) :

Number 10 : les gâteaux apéro. Placés en dernière positions pour une simple et bonne raison : notre religion commune à Ma et à moi, est notamment fondée sur des interdits alimentaires qui incluent ( exclusivement ) les fraises, et les cacahuètes. On a donc pris l’habitude de profiter des périodes où on est loin l’un de l’autre pour rompre ces interdits : elle, fait sa cure de fraises, et moi, de cacahuètes ! C’est la raison pour laquelle je me rue sur les gâteaux apéro à base de cacahuète dès que j’arrive ici ! Et encore une fois, c’est l’ascenseur émotionnel : une attente énorme, et un résultat décevant. Les gâteaux ne sont certes pas chers ( 10dh ), mais sont tout mous, et n’ont pas de goût ! Je ne recommencerai pas…

Number 9 : les CLORETS©. Les clorets©, ce n’est rien d’autre que des chewing-gums vendus à l’unité ou par deux dans des petites boites vertes, super chiantes à ouvrir. L’avantage de la Cloret c’est que ça se met dans la poche, et que ça ne coute que 50 centimes de dirham ( je ne savais même pas que ces pièces existaient ! ).

Number 8 : les graines de tournesol. Pas très exotique comme « aliment », mais leur couleur ici est assez étrange : elles sont noires et beaucoup moins salées qu’en France. Et généralement, les trottoirs en sont couverts ici, le grignotage de graines de tournesol étant l’activité préférée des gardiens de voitures et autres vendeurs de bric-à-brac ! Si les coquilles poussaient, les rues seraient pleines de tournesols…

Number 7 : Le Coca. Ahh, le Coca ! On en trouve pour le coup absolument partout, plus ou moins frais et plus ou moins pétillant, mais s’il est un symbole absolu de la mondialisation, c’est bien lui. Il est vendu au choix en canettes de 25 cl ( les canettes qui sont collector en France mais qui se trouvent partout ici… ), en bouteille d’un litre, 1,5L et 2L. L’avantage avec le Coca, c’est que contrairement aux autres boissons qui sont vendues à la tête du client, le prix est imposé sur la bouteille. Petit bémol : je confirme l’impression que j’avais eu à New York : le Coca a bien un gout particulier selon les pays où on l’achète. Ici, il est beaucoup moins sucré et moins pétillant qu’en France par exemple…

Number 6 : Le Yaourt à boire Yawny Assiri à la pèche. Pas très exotique non plus : les Yawny c’est les yaourts locaux de Danone ! Mais ils sont tellement bons ! Rien à voir avec les yaourts aux fruits français, ceux là sont beaucoup plus crémeux, et beaucoup plus fruités. J’avais découvert le Yawny normal à la vanille, puis je suis tombé sur le Yawny Assiri à la pèche ( assiri pour « à boire »), vendu dans un petit pack en forme de bouteille de lait… C’est tellement bon le soir en rentrant du bureau !

Number 5 : Les graines de courgette. Vendues aux mêmes endroits que les graines de tournesol, on les « mange » de la même façon. La différence c’est qu’à l’intérieur, il n’y a que des miettes, et pour 100 grammes achetés, ça fait environ 10 grammes mangés… On a donc plutôt intérêt à les déguster !

Number 4 : Le Hawaï. Ca n’existe nulle part ailleurs, et son gout est inimitable ( en tous cas c’est ce qu’il est écrit sur la bouteille ! ). Je vais essayer d’en retranscrire le gout par écrit. Pour commencer, imaginez la voix de Maïté. C’est bon ? Alors, prenez du jus de pèche. Prenez du Malibu. Mélangez le tout, mettez le au frais. Et paf, ça fait du Hawai, le tout sans alcool bien évidement ! On peut rajouter de la ciboulette et de l’ail de Garonne mais je doute que ça se marie bien avec…

Number 3 : La Fayrouz. Encore meilleur, et encore plus rare que le Hawaï. La première fois que j’en ai gouté c’est parce qu’on voulait me convaincre que c’était dégueu. Raté, c’est super bon. Bon, ce n’est rien d’autre que de l’eau pétillante aromatisée à la poire, mais je trouve ça délicieux. Comme c’est une eau de luxe ( comme en témoigne la [très] grosse campagne marketing qui en fait la pub ), elle ne se trouve pas partout, et coute plus cher que le Coca à 6,5 dh la bouteille, mais ça vaut le « coût » !

Number 2 : La crêpe poulet-œuf-fromage de Zegafredo. Pas très marocain, d’accord. Mais j’ai mangé une crêpe pour des raisons très simples : 5 jours de suite, on a tenté les petits snacks devant le lycée Lyautey, d’abord parce qu’ils ne sont pas loin, ensuite parce qu’on a pas la choix, étant privés de plaques de gaz ou de four. 5 jours de suite, j’ai testé des sandwiches plus ou moins douteux, avec de la viande pas très cuite ou des légumes pas très frais. Plusieurs fois, j’ai eu un espoir quand je commandais un panini ou un hamburger au « jambon ». Ma naïveté m’a perdu plus d’une fois : si on trouve de l’alcool dans les épiceries, on ne trouve pas de jambon dans les restos ! Quand on dit « jambon » ici, ça veut dire jambon de bœuf en réalité ! De la viande en tranche toute rouge et toute poivrée, qui n’est franchement pas très bonne. Je n’ai jamais autant apprécié nos amis les cochons qu’en mangeant du jambon de bœuf ! C’est la raison pour laquelle je me suis rabattu sur la crêpe poulet-œuf-fromage de Zegafredo, pour mon plus grand plaisir !

Number 1 : Il n’existe pas encore, car j’espère bien tomber sur la Mecque de ce qui se fait dans les épiceries avant de repartir ! Inch Allah. Ne jamais être satisfait de ce qu’on a, voila ma devise !

Au final, j’ai donc dépensé des centaines de dirham dans ces petites épiceries ( j’en suis à ma 13ème bouteille de Coca, soit 20L), qui m’ont fait réaliser tout le sens de l’expression « l’arabe du coin ». Plus sérieusement, c’est vraiment quelque chose de sacré ici, et malgré le développement des grandes surfaces du type Marjane et compagnie ( qui s’adressent plutôt à l’élite marocaine ), les petites épiceries sont des lieux de vie et d’approvisionnement vitaux ici ! Et c’est pas moi qui vais m’en plaindre !

Smelly Cat, Smelly Cat, Why Are They Feeding You ?



Et voilà, c’est la deuxième Fête Nationale presque d’affilée que je passe à l’étranger… Non pas que je ressente quelconque sentiment de culpabilité, juste un petit mal du pays, qui se dissipe très vite dès qu’un français me croise dans la rue et me dévisage comme si j’avais la lèpre… ! Ca arrive environ deux à trois fois par jours,

J’étais pourtant de bonne humeur en me levant ce matin : une nouvelle semaine à lire le journal en buvant mon café à 2dh de la machine, une nouvelle semaine à admirer la vue du 14ème, une nouvelle semaine à écrire des conneries plus ou moins censées dans mon blog ! De quoi se lever de bonne humeur. Le problème ne fut pas le levé, mais la sortie, un peu plus douloureuse, et dont je porterai les séquelles toute la journée. Je sors donc, de bonne humeur. J’emprunte le trottoir qui longe le lycée, où tout le monde attend à la grille avant de se faire fouiller, en me dépêchant un peu parce que comme d’habitude, je suis un peu short sur le timing. C’est là que juste devant moi, un gars s’arrête, se baisse et regarde dans le caniveau. Une voiture le masque, mais je vois qu’il tapote sur un truc. Je m’attends à ce qu’il remonte une vieille canette de coca, des pelures de carottes… Je suis même prêt pour la carcasse de lapin ( oui, ça se fait ). Mais ce qu’il remontera entre ses doigts n’a rien à voir avec tout ça, rien du tout. D’abord parce que ce qu’il remonte ne se mange pas, ne se cuisine pas, ne se touche même pas. Ce qui me dégoute le plus, c’est pas qu’il l’ait remonté. C’est qu’il l’ait fait sans le moindre air de dégout. Il se relève donc, et tiens entre ses doigts : un cadavre de chat crevé qu’il tient par la queue. A cet instant j’abandonne le pacte que j’avais fait avec moi-même et dans lequel je m’étais interdit de vivre, penser et agir comme un touriste. Je suis complètement dégouté, ça influera sur mon appétit jusqu’à la fin de la journée ! A 7000 km de là, Ma aussi au prises avec son appétit : pas de chat crevé dans le caniveau, mais une overdose de Boursin importé ;)

Pas de bol, c’est justement le jour qu’on a choisi pour tenter notre premier Mc Do, et je dois dire que je n’avais toujours pas la tête à en profiter. La bonne nouvelle c’est que les prix sont moins chers qu’en France ( 45 dh le maxi best of, ça va ! ), et surtout qu’ils offrent des verres Coca avec les menus ! Ils ont beau être verts, ils iront très bien à côté des verres à moutarde ;)

Time is running out.



Rebelote, ce week end je fuis encore une fois Casa pour aller faire un tour à Kenitra, histoire de me ressourcer en « air pur » et en « calme » ( tout est toujours relatif ici).
Le train est complètement plein à craquer, tous les compartiments sont pleins, et certains qui ont décidé de dormir prennent 3 places à eux tout seul. Je remonte donc deux voitures en me frayant un chemin dans le couloir de 40 cm de large, en sautant au dessus des valises et des enfants, et j’arrive dans un endroit beaucoup plus calme, et apparemment rempli de français : la 1ère classe. Malheureusement pour moi, j’ai pris un billet en 2ème ! Je décide d’y aller au bluff, et je prépare une réponse niaise à faire au contrôleur : par exemple « Je n’avais pas compris que le 1 voulait dire 1ère classe », ou bien « Ahh bon, ici c’est différent de l’autre voiture » ? Ca n’a pas manqué, parce que 10 minutes après j’étais viré de mon fauteuil confortable, pour retourner affronter le monde dans le couloir.

C’est pas plus mal au final, parce que alors que je cheminais difficilement vers une place qui m’attendais surement à l’autre bout du train, quelqu’un m’interpelle. « Belgique, France ? ». Je me retourne, et je lui dis ( en ayant peur de ne pas le reconnaitre, parce sa tête me dit quelque chose quand même ! ) « Pourquoi, j’ai une tête de belge » ? Il faut que je précise qu’après « tu chantes comme Bono », c’est le plus beau compliment qu’on puisse me faire. Je réponds donc que non, et la conversation s’engage : non, je ne suis pas belge, mais comme je viens de Lille, je suis un peu voisin de la Belgique. Ils s’appellent Younes et Zacharia, et viennent de Bruxelles : des belges d’origine marocaine, très sympathiques, et avec qui je passe tout le temps du voyage, coincé entre des valises et le charriot du bar. En réalité ( la précision est de taille et changera la face de la discussion ), ils ne viennent pas de Bruxelles même, mais d’Anderlecq… A la seconde où ils prononcent ce mot, une moustache en forme de « n » et des grosses lunettes apparaissent sur leurs visages : directeur NCS manager des abattoirs d’Anderlecq, Monsieur Faucamps plus exactement… Et oui, ils viennent de la ville où a été tourné un des plus grands films du monde : Dikkenek. Intérieurement, je jubile : 3000 km et 1h30 de train pour tomber sur 2 belges qui viennent d’Anderlecq et qui eux aussi connaissent toutes les répliques du film ! On se lance donc dans un concours, avant de comparer nos sketchs préférés. En plus, comme ils ont pris la même compagnie que moi ( Jet 4 You ), et qu’ils ont eu, eux aussi, de petits problèmes pour arriver, on a pas mal de sujets de conversations…

J’arrive donc à Kenitra 1h30 plus tard, après avoir bien ri, et bien discuté, et en n’en revenant toujours pas de faire 3000 kilomètres pour tomber sur des belges. Une autre surprise de taille m’attend à l’arrivée : Annas qui vient me chercher en voiture ( je m’accroche, parce que mon dernier souvenir de rodéo à Kenitra m’a laissé des marques ), et me propose de faire un petit tour. On s’arrête devant un hôtel, qui est censé me rappeler quelque chose. Un rapport avec l’épisode du train que je m’empresse de lui raconter. Mais j’ai beau me concentrer, ça ne vient toujours pas. Dans un film ? Oui ! Connu ? Oui ! En réalité, il s’avère que cet hôtel est celui ou a été tourné OSS 117 ! Trop fort ! C’est vrai que maintenant, ça me dit quelque chose ! Je ne me rappelle plus de son nom, et comme d’habitude je n’ai pas mon appareil photo sur moi. Je reviendrai, c’est décidé ! « Vous voulez pas boire un verre avant ? »

C’est pas tout, mais l’heure tourne, et comme on doit aller à Rabat, il faudrait qu’on se dépêche. C’était sans compter sur la télé, et quand je dis la télé, je ne veux pas dire 2M, mais France 2 ! On arrive en pleine fin d’Etape du Tour de France, qui nous retardera encore d’une heure et demi, et on reste scotché devant le sprint gagné par un anglais ( c’est déjà ça ! ). On arrive donc à Rabat à 18h30 ( ce qui reste malgré tout un exploit ), et on y passe la soirée, qui sera bonne malgré tout !

Le lendemain est digne de la veille. Au programme initialement : « on va à la plage tôt, comme ça on en profite, et à 5heures maxi, on repart à Casa ! ». Tout ça me plait assez, plage étant synonyme de sieste et de bronzage… A 11h30, on attend toujours que Najib ( avec qui j’ai eu une discussion « animée » sur les religions la veille ) se reveille. Du coup il est l’heure de manger, puis de se reposer, puis de regarder la télé, puis de préparer sa valise, puis de passer à la téléboutique pour recharger son portable… Puis d’aller à la plage.. à 16 heures ! Le soleil brille encore, mais pas de risques de brulures atroce ! Je rentabilise le peu de temps qu’il nous reste…

On reprend la route à 21 heures ( « On se dépêche aujourd’hui, à 17 heures maximum on est parti ! » Ouais…), il fait déjà noir, et j’en profite pour dormir un peu dans la voiture, ce que je n’ai pas eu beaucoup le temps de faire ce week end. Je suis réveillé par un ralentissement soudain sur l’autoroute : un accident sur la bande d’arrêt d’urgence. En regardant par la fenêtre, je vois un Kangoo explosé sur la barrière de sécurité, tout le coffre vidé sur la route, et des pompiers qui essayent de désincarcérer quelque chose.. « Quelque chose », car en l’occurrence, c’est un mouton qui est coincé dans la voiture ! Un deuxième se ballade tranquillement sur la bande d’arrêt d’urgence.. Et oui, « c’est çaaaah le (Ma)rock ! ».

lundi 14 juillet 2008

God Put A Smile Upon Your Face

J’ai commence à “bosser” il y a 5 jours maintenant, et l’ambiance dans les couloirs de la banque ne cesse de m’étonner, en plutôt bien d’ailleurs ! Tout le monde, absolument tout le monde se dit bonjour. Je n’échappe pas à la règle, et dans l’ascenseur, les gens réfléchissent si ils doivent me dire « bonjour », ou « Salam », et généralement, c’est les deux. J’ai été béni par Allah plusieurs fois, et on l’a même remercié que j’aille bien… Je ne sais pas si c’est parce que je suis arrivé le premier jour avec Mohammed ( que son statut de « directeur » semble intimider pas mal de monde ), mais tout le monde à l’air vraiment sincèrement gentil, et surtout très souriant. La banque a beau ressembler plus à la Poste qu’à une banque, les guichetiers français ont encore du boulot en la matière ! Bon, pour être tout à fait honnête, je dois dire qu’il existe une certaine pression à l’intérieur de la banque, qui pousse les gens à être « bons ». Cette pression est incarnée par deux choses : la hiérarchie, et les posters qui sont collés sur les murs de chaque bureau.

La hiérarchie, d’abord, est divinisée, et qui dit supérieur, dit dieu vivant. Les gens se plient en quatre pour saluer ceux dont la démarche un peu plus décontractée montre qu’ils font parti du « top management ». Alors que les gens du « peuple » attendent l’ascenseur pendant 10 minutes ( il n’y en a que 2 pour 15 étage, dont un marche un jour sur 2 ), le top management prend son petit ascenseur de service qui ne marche qu’avec une clé spéciale… Alors que les gens du peuple travaillent en horaires continus ( 8h30-16h30 sans pause pour manger ), et grignotent à la cantine des choses plus ou moins grignotable, le top management mange dehors, et pendant deux heures. Alors que les gens du peuple n’ont pas le droit de faire entrer de PC portable ( je suis censé être un gens du peuple ), le top management fait rentrer ce qu’il veut, y compris les PC des stagiaires. Alors que les gens du peuple travaillent sur des plateaux entourés de stores, le top management travaille du 12ème au 15ème , avec une vue magnifique sur les toits de Casa, la grande mosquée et la mer en arrière plan. Bref, les inégalités incroyables que l’on peut voir tous les jours dans la rue, même si elles sont énormément atténuées dans la banque, restent présentes.

Mais le top management n’est pas le maître ici, et même si il profite de pas mal de privilèges, il reste redevable d’une personne : Mohammed. Pas le Mohammed que je connais, ça serait un peu trop simple sinon : Mohammed, le VIème… Et oui, le roi est partout ici aussi, sur les murs, dans mon bureau, et sur la première page du rapport d’activité de la banque. Même le big boss lui doit tout, et ne le cache pas : « Forte des ambitions et de l’action inlassable de notre souverain, Sa Majesté Mohammed VI, Que Dieu l’Assiste, la banque a… etc ». Action inlassable, d’accord… Il faut juste préciser qu’il y a deux ans, la banque a failli faire faillite à force d’avoir prêté de l’argent à des organismes d’Etat qui ont construit pas mal de trucs sans se préoccuper du remboursement. La mosquée Hassan II, ce n’est pas la Tour Effeil, et ça rapport moins !

La banque a donc beau être une banque au cœur du quartier des banques, elle ressemble plus aux PPT des années 80 qu’à une multinationale américaine ! A la limite, je préfère ça ! Surtout que dans une multinationale américaine, les gens ne peuvent pas fumer dans les toilettes… Ici, si ! Alors, c’est où le pays de la liberté ?

From the Ritz to the Ruble


Ce qui choc le plus quand on arrive à Casablanca, ce ne sont pas les pubs énormes, pour les banques, Coca, Apple, Audi ou pour le nouveau complexe commercial flambant neuf. Ce ne sont pas non plus les énormes buildings en verre, où défilent les cours de la bourse de Casa, le Golden Tulipe ou le Novotel éclairé tout en bleu. C’est le fait qu’autours de tout ça, au coin de la rue, il y ait encore des bidonvilles, des gens payés 1 dirham pour surveiller les voitures, ou des enfants qui jouent au foot demandent de l’argent quand quelqu’un passe.. C’est la cohabitation de ce dynamisme incroyable qui fait de Casa une ville plus européenne que l’Europe, et de cette pauvreté qui existe encore pas mal dans tout le reste du Maroc. Les gens sont à la fois plus pauvres, et plus riches qu’en France. Plus pauvre, ça c’est évident : quand le SMIC est à 1600 dirham ( 150 € ) et que le tiers des habitants sont analphabètes, on peut le comprendre. Plus riches, car plus extravagants, et surtout plus décomplexés.

C’est visible à Casa, en particuliers sur la « Corniche », la zone qui longe les plages privées, les clubs et les restaurant d’un coté, les bidonvilles de l’autre, mais aussi à Bouznikha, une plage entre Rabat et Casablanca, le rendez vous de la jeunesse dorée marocaine. Il y a essentiellement trois centres d’intérêt à « Bouz » : la frime, le jet sky, et les grosses voitures. Une Saint Tropez encore plus décomplexée. Le port de Ray Ban ( fausses la plupart du temps ) est vivement conseillé, de même que les muscles. Je me suis acheté des Ray Ban à 5 € dans les souks, mais pour les muscles, ça coute plus cher… On y a donc passé qu’une aprem, malheureusement la seule aprem où il a fait moche depuis que je suis arrivé. Je dois préciser que quand je dis « aprem », ça veut dire 17 heures. Et oui, en plus d’avoir un sens de l’orientation modèle réduit, les marocains ont aussi une conception de la ponctualité..particulière ! On a par exemple mis 1h15 à retrouver la copine d’Anass, et 15 minutes pour retrouver sa voiture. On reprend donc l’autoroute à 19 heures, après deux heures de plage, pour rentrer à Kénitra. On était censé y arriver à 20h30. A 22 heures, on y était toujours pas !

Il faut dire que l’autoroute d’ici, ça n’est pas l’autoroute de chez nous : des vaches broutent sur la bande d’arrêt d’urgence, et des charrettes pleines de bois la traversent de temps en temps ( l’Etat plante des arbres dont le bois vaut assez cher au milieu ! ). Et bien sur, la limitation n’est pas à 130, mais à 120. En même temps, je ne vois pas trop ce que ça change : les flics ici sont facilement « influençables » ici. Toute à l’heure par exemple [samedi après midi en réalité], on s’est perdu dans Rabat ( Rabat où Anass et Kamal ont vécu des années, il faut le préciser ! ). On a donc fait une queue de poisson à un taxi qui arrivait derrière, avant bien sur, de se faire arrêter par un flic. Le flic salue ( apparemment c’est obligatoire..), et demande en arabe si on a le droit de faire ce qu’on a fait. Ben évidemment que non… Et hop là, il prend le permis et s’en va quelques mètres plus loin pour l’inspecter. C’est quand il revient que ça devient marrant : faisant [très mal] semblant d’écrire une amende sur son carnet, il demande ( on m’a traduit après ! ) si il faut qu’il l’envoie au commissariat, où normalement on doit la payer pour récupérer son permis. Ca fait quelque chose du genre « T’es sur que je vais l’envoyer ? C’est dommage quand même, tu n’auras plus ton permis, tu vas rentrer comment ? Tu penses vraiment qu’on doit en arriver là ? ». 100 dirham plus tard, avec en prime un petit sourire en coin de l’agent de police, on était reparti. Le tout à 10 mètres du palais du roi, à Rabat ! Quand on est riches, la loi n’est plus un problème !

Dirty Old Town.


Samedi, pour fuir l’agitation permanente de Casablanca ( qui ne s’arrête bien sur, pas le week end ) , j’ai pris le train direction Kenitra, la ville où habite Anass, pour aller y chercher quelques meubles. J’étais bien sûr content de bouger pour être un peu au « calme », mais aussi pour voir un peu le Maroc qui n’est pas en ville. Et franchement, rien de mieux que le train ! Pour 44 dirham ( 4 € ), et toutes les demi heures, on peut aller de Casablanca à Rabat et Kenitra, 1h30 dans un vieux train de la SNCF, assez confortable et climatisé ( comme j’ai pris la résolution à l’aéroport de ne pas réfléchir en « touriste », j’essaye de me dire que ça n’aurait pas été très grave si il ne l’avait pas été ).
Je traverse donc en train ce que les gens d’ici appellent le « Maroc utile ». Utile pour eux, ça fait surtout dire plus dynamique et plus « civilisé » que le Sud. Ca fait parti du snobisme de Casablanca et plus généralement du nord. D’un autre coté, la côte entre Casablanca et Kenitra est un bandeau presque ininterrompu de cultures, de champs ( plus ou moins cultivés, où broutent des moutons et quelque vaches ), de petites villes et de vallées toutes vertes. C’est d’ailleurs ça qui, de loin, est le plus beau : un mélange de grand canyon tout rouge, et d’oasis toute verte 100 mètres plus bas. Comme je suis encore un peu dans le coltard, je mets trop longtemps à sortir mon appareil, donc pas de photos !
Puis j’arrive à Kenitra, une ville calme, beaucoup plus calme que Casablanca, ce qui me fait l’aimer assez rapidement ! J’ai bien failli ne jamais y arriver, parce qu’ici, on n’écrit pas le nom des gare sur le quai, ni sur la gare elle-même. Heureusement que les gens qui étaient avec moi étaient sympa, et surtout qu’ils connaissaient. Kenitra c’est 25 km au nord de Rabat, presque sur la côte, un endroit idéal, pas loin de la capital, pas loin de Tanger, pas loin de la mer, pas trop chaud ni trop froid. Mais bizarrement, tous les jeunes de Kenitra ( disons les jeunes aisés, parce que la question ne se pose même pas pour les autres ) la fuient dès qu’ils le peuvent. Et on peut le comprendre : même si je suis assez content de pouvoir traverser la rue sans risquer de me faire tuer 4 fois ( quoi que..), c’est un peu trop calme, pour ne pas dire mort : mis à part les vaches qui mangent les poubelles sur la place de la mosquée, il n’y a pas grand-chose à voir, ni à faire.
D’où « Kenitrou », expression inventée par Kamal, un copain d’Anass qui a passé toute sa vie ici et qui l’a fuit pour la Pologne, c’est dire… Kénitrou, en référence aux 700 000 habitants, dont 400 000 sont analphabètes ! Tout ressemble à une petite ville désindustrialisée l’Arizona ( en même temps je ne sais pas si les villes de l’Arizona ont été industrialisée un jour, mais ça me parle au moins ! ), y compris les « cafés pour alcolos » ( les seuls endroits ou il y a de l’alcool et qui ressemblent aux petits PMU français), et les clubs de billards où les jeunes jouent toute la journée… Sympathique ! Je m’attendais à voir des cactus et des ballots de pailles traverser la rue, mais faut pas exagérer, le centre est assez dynamique quand même ! Il parait aussi que Kénitra est vachement connue au Maroc ! Pourquoi ? Parce que c’est dans sa prison, qu’on met tous les terroristes ( présumés, mais ils ne le restent pas longtemps ) islamistes du royaume ! Trop fun !
Par contre, l’accueil, comme partout, est incroyable. J’avais a peine mis le pied dans la maison d’Anass que je mangeais déjà des gâteaux au chocolat… Le soir, j’ai gouté la soupe dont je ne sais pas prononcer le mot ( la Harrirah ), en pensant que c’était le plat, mais finalement ce n’était que l’entrée !

samedi 12 juillet 2008

Quatre Murs et Un Toit



Je suis arrivé à Casablanca sans savoir exactement où j’allais loger, et c’est grâce aux contacts d’Andélis que trouvé Anass, un marocain qui fait ses études à l’Esc Toulouse et qui comme moi, fait son stage ici. Ca fait un mois qu’il cherche un appart, et s’est donc rabattu sur la coloc, faute de trouver quelque chose de correct à un prix correct. J’avais donc rendez vous avec lui, sans le connaître, pour aller visiter un appart qu’un agent immobilier lui avait proposer. Je dois juste revenir quelque minutes sur la notion d’agent immobilier… L’agent en question est un gars qui passe sa vie dans un café, censé être à la fois son lieu de travail et de rendez vous. On arrive donc dans ce café, où effectivement, un gars qui à l’air d’être un habitué est assis, et regarde dans le vide. Il ne nous sert pas la main, et continue de regarder droit devant lui pendant qu’Anass lui parle. La scène me fait penser à un rendez vous entre agents secrets qui s’échangent des informations sans se regarder, et d’ailleurs, Ahmed ( c’est son nom en fait ), ressemble plus à un agent du KGB à la retraite qu’un agent immobilier ( car j’en connais, des agents immobiliers, et heureusement, ils[elles] ne lui ressemblent pas ).

Bref, il fini par nous conduire dans l’appartement en question, situé juste derrière le lycée Lyautey, le lycée français de Casa, dans une petite rue encore en construction. Il est au 4ème étage, sans ascenseur comme le dit Anass à chaque fois qu’on monte les escaliers. A première vue, il a été complètement repeint, et il est bien clair : par la fenêtre, on a vue sur tous les immeubles autours et une cour intérieur avec des bananiers, plutôt pas mal. Le loyer non plus n’est pas mal : 250 € par mois, soit 125 par personne. Les interrupteurs ne sont pas fixés au mur, mais on ne va pas faire chipoter, c’est ça, ou on attend que le KGB nous propose quelque chose d’autre quand ça lui chantera ! Donc on lui dit qu’on est OK, rendez vous le lendemain avec la propriétaire, une petite vieille qui apparemment a tout l’immeuble, pour les clés. Bien sûr, pas de contrat, pas d’assurance, pas de bail, c’est plus rapide !

Le lendemain, les choses se corsent : alors qu’on comptait lui donner 300 ou 400 dirham, l’agent nous demande un mois de loyer : 2500. Et alors qu’on pensait que la petite vieille était gentille et contente de nous dépanner, elle nous demande deux mois de caution, qu’on est pas sûrs de récupérer. On a pas le choix, alors on paye, en espérant récupère les 5000 dh de caution ! Puis on rentre dans l’appart, qui en fait n’a pas d’eau chaude : l’ancien locataire a emmené le chauffe eau avec lui en partant, normal ! Quand Andélis déménagera, il faudra que je lui rappelle d’emmener l’ascenseur et le vide ordure ! Il n’y a pas de plaque de gaz non plus, ni de lumière dans ma chambre, pas d’antenne télé, et bien sûr ( mais encore pire ), pas de cafetière ! Anass a ramené deux lits de chez lui, un réfrigérateur ( qui congèle tout, même les yaourts ! ), un micro onde, et une télé, le minimum vital ! Le premier jour, je me suis même étonné d’un truc : alors que j’étais en train de fabriquer des rideaux avec ma serviette de bain et des clous dans le mur, j’ai découvert qu’il y avait des volets !

J’ai l’air de me plaindre comme ça, mais au final on s’habitue à la douche froide, et le quartier n’est pas mal : en bas, il y a une papeterie dont le patron est adorable et m’a aidé à mettre ma recharge Maroc Telecom dans mon portable, un pressing pas loin, et pas mal de petits snacks, plus ou moins accueillants. Et puis au final, il y a l’essentiel pour y vivre deux mois : quatre murs et un toit.

jeudi 10 juillet 2008

Where The Streets Have No Name


Mes premiers pas à Casa ont été à la fois mouvementés, et précipités. Comme j’ai une petite semaine devant moi avant de commencer à travailler, je suis bien décidé à aller repérer les endroits à ne pas manquer de Casablanca, et donc vers 11 heures ( une heure stratégique au Maroc, non pas pour sortir, mais pour rester au frais chez soi ! ), accompagné d’une bouteille de coca et d’un tube de crème solaire. Première surprise : il faut chaud mais pas étouffant, l’air de la mer rafraichi de temps en temps la ville. Je retrouve donc avec plaisir les odeurs du Maroc : en l’occurrence une odeur d’essence de tondeuse à gazon, de poussière et de bouffe ( quand je dis plaisir, ça n’est pas du tout ironique ! ). Ca n’empêche que je marche pendant 1 heure environ, et que la chaleur qui était supportable au début l’est de moins en moins. Elle l’est d’autant moins, que la torpeur de Marrakech due au manque d’air, est en fait équivalente à la torpeur de Casa, due à l’excès de voitures. C’est vraiment incroyable : il y a en a partout, absolument partout. Moi qui m’attendais à voir à chaque coin de rue, des calèches, des charrettes, et des taxis beiges, je suis un peu déçu ! Ici, pas question de ramener son âne en centre ville, ni de promener des touristes européens dans des calèches : la rue est faite pour rouler, car ici, les gens ont des choses à faire ! Enfin apparemment. Quant aux taxis, j’aurais pu en attendre un beige pendant des jours : chaque ville a sa couleur en fait, et ici, ils sont rouges, et surtout beaucoup moins nombreux qu’à Marrakech ! Je n’ai jamais vu un bordel aussi immense de voitures : les gens font tellement n’importe quoi, que la moindre connerie entraine un bouchon dans toute une avenue. Et comme les petites conneries, ce n’est pas ce qui manque, le trafic est comme qui dirait, dense…
Je continue donc à pied : puisqu’ici, on ne vend pas de plans de la ville, je réussirai peut être à me reperer tout seul. La grande sur d’où je viens s’appelle El Jamina, et le quartier, Oasis. J’apprendrai plus tard grâce à un chauffeur de taxi sympathique, que ce n’est pas El Jamina, mais El Jadida ( le nom de la ville à laquelle elle mène ), et que ce n’est pas Oasis, mais L’Aia ( j’ai mis 4 jours à le retenir, puisque c’est prononcé d’une façon assez particulière…). Les longues heures que je passerai ensuite à chercher mon chemin confirment que cette ville fait perdre le sens d’orientation, même à ceux qui sont censés l’avoir.
Le problème de Casa, c’est pas que son centre est introuvable, c’est qu’il y a quinze centres, et d’innombrables rond point. Ahh, les rond points… Le plus gros bordel automobile qu’on puisse connaitre : comme la ville est « organisée » en grandes avenues ( dont je connais le nom, mais pas l’endroit ), elles débouchent toutes sur des rond points. Ils n’ont de rond que le nom, ce sont en fait des carrefours gigantesques, où les feux sont actionnés par des flics qui les oublient une fois sur deux. Résultat, un concert impressionnant de klaxons, d’insultes, de voitures qui changent de files pour occuper le moindre espace libre. Ici, on a pas la conception de la « distance de sécurité », la règle qui s’applique c’est « un espace non utilisé est un espace gâché ». J’ai mis 50 minutes pour faire les 5 km qui séparent le centre où j’étais ( ben oui, comme si ça n’était pas assez compliqué, il y a plusieurs centres ! ), du quartier où habite Mohammed. Et il faut ajouter 30 minutes pour attraper un taxi : à 18 heures, c’est le gros rush ! Pour couronner le tout : il n’y a pas le nom des rues partout.