lundi 14 juillet 2008

From the Ritz to the Ruble


Ce qui choc le plus quand on arrive à Casablanca, ce ne sont pas les pubs énormes, pour les banques, Coca, Apple, Audi ou pour le nouveau complexe commercial flambant neuf. Ce ne sont pas non plus les énormes buildings en verre, où défilent les cours de la bourse de Casa, le Golden Tulipe ou le Novotel éclairé tout en bleu. C’est le fait qu’autours de tout ça, au coin de la rue, il y ait encore des bidonvilles, des gens payés 1 dirham pour surveiller les voitures, ou des enfants qui jouent au foot demandent de l’argent quand quelqu’un passe.. C’est la cohabitation de ce dynamisme incroyable qui fait de Casa une ville plus européenne que l’Europe, et de cette pauvreté qui existe encore pas mal dans tout le reste du Maroc. Les gens sont à la fois plus pauvres, et plus riches qu’en France. Plus pauvre, ça c’est évident : quand le SMIC est à 1600 dirham ( 150 € ) et que le tiers des habitants sont analphabètes, on peut le comprendre. Plus riches, car plus extravagants, et surtout plus décomplexés.

C’est visible à Casa, en particuliers sur la « Corniche », la zone qui longe les plages privées, les clubs et les restaurant d’un coté, les bidonvilles de l’autre, mais aussi à Bouznikha, une plage entre Rabat et Casablanca, le rendez vous de la jeunesse dorée marocaine. Il y a essentiellement trois centres d’intérêt à « Bouz » : la frime, le jet sky, et les grosses voitures. Une Saint Tropez encore plus décomplexée. Le port de Ray Ban ( fausses la plupart du temps ) est vivement conseillé, de même que les muscles. Je me suis acheté des Ray Ban à 5 € dans les souks, mais pour les muscles, ça coute plus cher… On y a donc passé qu’une aprem, malheureusement la seule aprem où il a fait moche depuis que je suis arrivé. Je dois préciser que quand je dis « aprem », ça veut dire 17 heures. Et oui, en plus d’avoir un sens de l’orientation modèle réduit, les marocains ont aussi une conception de la ponctualité..particulière ! On a par exemple mis 1h15 à retrouver la copine d’Anass, et 15 minutes pour retrouver sa voiture. On reprend donc l’autoroute à 19 heures, après deux heures de plage, pour rentrer à Kénitra. On était censé y arriver à 20h30. A 22 heures, on y était toujours pas !

Il faut dire que l’autoroute d’ici, ça n’est pas l’autoroute de chez nous : des vaches broutent sur la bande d’arrêt d’urgence, et des charrettes pleines de bois la traversent de temps en temps ( l’Etat plante des arbres dont le bois vaut assez cher au milieu ! ). Et bien sur, la limitation n’est pas à 130, mais à 120. En même temps, je ne vois pas trop ce que ça change : les flics ici sont facilement « influençables » ici. Toute à l’heure par exemple [samedi après midi en réalité], on s’est perdu dans Rabat ( Rabat où Anass et Kamal ont vécu des années, il faut le préciser ! ). On a donc fait une queue de poisson à un taxi qui arrivait derrière, avant bien sur, de se faire arrêter par un flic. Le flic salue ( apparemment c’est obligatoire..), et demande en arabe si on a le droit de faire ce qu’on a fait. Ben évidemment que non… Et hop là, il prend le permis et s’en va quelques mètres plus loin pour l’inspecter. C’est quand il revient que ça devient marrant : faisant [très mal] semblant d’écrire une amende sur son carnet, il demande ( on m’a traduit après ! ) si il faut qu’il l’envoie au commissariat, où normalement on doit la payer pour récupérer son permis. Ca fait quelque chose du genre « T’es sur que je vais l’envoyer ? C’est dommage quand même, tu n’auras plus ton permis, tu vas rentrer comment ? Tu penses vraiment qu’on doit en arriver là ? ». 100 dirham plus tard, avec en prime un petit sourire en coin de l’agent de police, on était reparti. Le tout à 10 mètres du palais du roi, à Rabat ! Quand on est riches, la loi n’est plus un problème !