Ce n’est ni une panne d’inspiration, ni une solution de facilité, mais voici un article que j’ai lu dans un magasine ( TelQuel, « Le Maroc tel qu’il est » ) et que j’ai trouvé assez fou. Assez fou, parce que la plage au Maroc, c’est EXACTEMENT ça ! Donc plutôt que de répéter ( moins bien ) ce qu’il disait, le voici !
« Sur cette plage surpeuplée, notre homme observe la foule compacte comme un disque du même nom. Et il s’énerve. Il a dû batailler pour trouver un coin de sable décent. Il a changé trois fois de place. La première parce qu’il s’est retrouvé en voisinage direct avec un groupe de fans de Magic Systeme, qui avait estimé nécessaire de partager leur pénible passion avec l’ensemble des estivants du Maghreb arabe. La seconde parce qu’il s’est senti agressé par une respectable famille qui avait décidé de préparer une petite friture de poisson pour le déjeuner. Oui, une friture de poisson… Sur une bota, bien entendu. La dernière fois qu’il s’est déplacé, c’est parce qu’il se trouvait au beau milieu d’un terrain de tennis. Deux bodybuildés luisants et en slip, qui balancent leurs raquettes dans tous les sens, qui plongent pour sauver des balles et qui finissent par se révéler plus dangereux que les amateurs de friture cités plus haut.
Il est intéressant de constater que ces deux hommes, qu’on imagine sans peine avoir préparé leur exhibition estivale depuis de longs mois, ne renoncent devant rien. Ils sont venus jouer aux raquettes. Ils ne voient pas la balle, ils se devinent à peine l’un l’autre, mais ils smashent quand même. Leur attention est sans cesse déviée, en particulier dès qu’un individu de sexe féminin s’approche. Leurs manières de gentlemen sont aussi raffinées que l’odeur de poisson qui arrive encore jusque ici. Pour échapper à cette horrible situation, notre homme décide d’aller se baigner. Il brave donc les vagues pour s’éloigner au maximum de la foule qui, là aussi, le poursuit de son envahissante présence. Parce que dans l’eau, il y a les surfeurs. En général débutants, en général maladroits, en général très dangereux…
Il finit par se retrouver à peu près seul, barbotant à une distance respectable de la côte. D’ici on ne voit pas le sable, juste un magma de gens qui gesticulent. On pourrait penser qu’il s’organise sur cette plage un Festival d’Essaouira ou deux. C’est le moment que choisit le maître nageur pour siffler violement notre bipède. L’employé de la Protection Civile le somme de regagner la terre ferme. On a trop souvent critiqué la qualité de nos services publics pour blâmer cet homme consciencieux qui ne fait que son devoir. Au moment où les moqadem font grève, où les hôpitaux font pitié, où les écoles publiques font fuir, où les tribunaux font peur et où les policiers font la manche, la Protection Civile, elle, empêche les gens de se noyer. Stoïque. On me signale à l’instant qu’il y a un autre service public qui marche très bien chez nous : les mosquées. C’est parfaitement exact. Elles sont en général propres, bien conçues, elles respectent les horaires des prières. Tout le monde devrait aller faire la prière à la mosquée, ne serait-ce que pour profiter pleinement de ce service public marocain efficace. Mais nous nous éloignons du sujet. L’homme, de retour sur la terre ferme, découvre que feue sa serviette a été utilisée par les estivants pour éteindre un feu qui prenait chez les amateurs de friture de poisson. Il ramasse donc ses affaires et ce qui lui reste de dignité pour regagner son logis, en se disant qu’il serait mieux dans sa salle de bain. ».
Ne me demandez pas ce que sont les botas ou les Moqadem… Tout ce que je peux dire, c’est qu’effectivement, c’est comme ça la plage au Maroc !