jeudi 10 juillet 2008

Where The Streets Have No Name


Mes premiers pas à Casa ont été à la fois mouvementés, et précipités. Comme j’ai une petite semaine devant moi avant de commencer à travailler, je suis bien décidé à aller repérer les endroits à ne pas manquer de Casablanca, et donc vers 11 heures ( une heure stratégique au Maroc, non pas pour sortir, mais pour rester au frais chez soi ! ), accompagné d’une bouteille de coca et d’un tube de crème solaire. Première surprise : il faut chaud mais pas étouffant, l’air de la mer rafraichi de temps en temps la ville. Je retrouve donc avec plaisir les odeurs du Maroc : en l’occurrence une odeur d’essence de tondeuse à gazon, de poussière et de bouffe ( quand je dis plaisir, ça n’est pas du tout ironique ! ). Ca n’empêche que je marche pendant 1 heure environ, et que la chaleur qui était supportable au début l’est de moins en moins. Elle l’est d’autant moins, que la torpeur de Marrakech due au manque d’air, est en fait équivalente à la torpeur de Casa, due à l’excès de voitures. C’est vraiment incroyable : il y a en a partout, absolument partout. Moi qui m’attendais à voir à chaque coin de rue, des calèches, des charrettes, et des taxis beiges, je suis un peu déçu ! Ici, pas question de ramener son âne en centre ville, ni de promener des touristes européens dans des calèches : la rue est faite pour rouler, car ici, les gens ont des choses à faire ! Enfin apparemment. Quant aux taxis, j’aurais pu en attendre un beige pendant des jours : chaque ville a sa couleur en fait, et ici, ils sont rouges, et surtout beaucoup moins nombreux qu’à Marrakech ! Je n’ai jamais vu un bordel aussi immense de voitures : les gens font tellement n’importe quoi, que la moindre connerie entraine un bouchon dans toute une avenue. Et comme les petites conneries, ce n’est pas ce qui manque, le trafic est comme qui dirait, dense…
Je continue donc à pied : puisqu’ici, on ne vend pas de plans de la ville, je réussirai peut être à me reperer tout seul. La grande sur d’où je viens s’appelle El Jamina, et le quartier, Oasis. J’apprendrai plus tard grâce à un chauffeur de taxi sympathique, que ce n’est pas El Jamina, mais El Jadida ( le nom de la ville à laquelle elle mène ), et que ce n’est pas Oasis, mais L’Aia ( j’ai mis 4 jours à le retenir, puisque c’est prononcé d’une façon assez particulière…). Les longues heures que je passerai ensuite à chercher mon chemin confirment que cette ville fait perdre le sens d’orientation, même à ceux qui sont censés l’avoir.
Le problème de Casa, c’est pas que son centre est introuvable, c’est qu’il y a quinze centres, et d’innombrables rond point. Ahh, les rond points… Le plus gros bordel automobile qu’on puisse connaitre : comme la ville est « organisée » en grandes avenues ( dont je connais le nom, mais pas l’endroit ), elles débouchent toutes sur des rond points. Ils n’ont de rond que le nom, ce sont en fait des carrefours gigantesques, où les feux sont actionnés par des flics qui les oublient une fois sur deux. Résultat, un concert impressionnant de klaxons, d’insultes, de voitures qui changent de files pour occuper le moindre espace libre. Ici, on a pas la conception de la « distance de sécurité », la règle qui s’applique c’est « un espace non utilisé est un espace gâché ». J’ai mis 50 minutes pour faire les 5 km qui séparent le centre où j’étais ( ben oui, comme si ça n’était pas assez compliqué, il y a plusieurs centres ! ), du quartier où habite Mohammed. Et il faut ajouter 30 minutes pour attraper un taxi : à 18 heures, c’est le gros rush ! Pour couronner le tout : il n’y a pas le nom des rues partout.