Il a beau être accueillant, typique, ensoleillé, et tout ce qu’on veut, deux types de personnes doivent absolument éviter le Maroc, sous peine d’un retour douloureux : celles qui ne peuvent pas s’empêcher de manger toutes les deux heures, et celles qui ne peuvent pas s’empêcher d’acheter toutes les petites conneries qui leur tombent sous le nez. Malheureusement, je fais parti de ces deux catégories.
Si les petites épiceries qui s’enchainent à perte de vue sont toutes des mini paradis pour moi, mon ventre et mon portefeuille vivent parfois l’enfer en fin de journée. Il faut dire que c’est tentant : on en trouve environ tous les 100 mètres, des fois juste côte à côte, et sont remplies de trucs plus ou moins exotiques, et plus ou moins comestibles, que les prix ridicules rendent encore plus attirants. Voici le top 10 de ce qu’il faut acheter dans une épicerie marocaine ( et ailleurs ) :
Number 10 : les gâteaux apéro. Placés en dernière positions pour une simple et bonne raison : notre religion commune à Ma et à moi, est notamment fondée sur des interdits alimentaires qui incluent ( exclusivement ) les fraises, et les cacahuètes. On a donc pris l’habitude de profiter des périodes où on est loin l’un de l’autre pour rompre ces interdits : elle, fait sa cure de fraises, et moi, de cacahuètes ! C’est la raison pour laquelle je me rue sur les gâteaux apéro à base de cacahuète dès que j’arrive ici ! Et encore une fois, c’est l’ascenseur émotionnel : une attente énorme, et un résultat décevant. Les gâteaux ne sont certes pas chers ( 10dh ), mais sont tout mous, et n’ont pas de goût ! Je ne recommencerai pas…
Number 9 : les CLORETS©. Les clorets©, ce n’est rien d’autre que des chewing-gums vendus à l’unité ou par deux dans des petites boites vertes, super chiantes à ouvrir. L’avantage de la Cloret c’est que ça se met dans la poche, et que ça ne coute que 50 centimes de dirham ( je ne savais même pas que ces pièces existaient ! ).
Number 8 : les graines de tournesol. Pas très exotique comme « aliment », mais leur couleur ici est assez étrange : elles sont noires et beaucoup moins salées qu’en France. Et généralement, les trottoirs en sont couverts ici, le grignotage de graines de tournesol étant l’activité préférée des gardiens de voitures et autres vendeurs de bric-à-brac ! Si les coquilles poussaient, les rues seraient pleines de tournesols…
Number 7 : Le Coca. Ahh, le Coca ! On en trouve pour le coup absolument partout, plus ou moins frais et plus ou moins pétillant, mais s’il est un symbole absolu de la mondialisation, c’est bien lui. Il est vendu au choix en canettes de 25 cl ( les canettes qui sont collector en France mais qui se trouvent partout ici… ), en bouteille d’un litre, 1,5L et 2L. L’avantage avec le Coca, c’est que contrairement aux autres boissons qui sont vendues à la tête du client, le prix est imposé sur la bouteille. Petit bémol : je confirme l’impression que j’avais eu à New York : le Coca a bien un gout particulier selon les pays où on l’achète. Ici, il est beaucoup moins sucré et moins pétillant qu’en France par exemple…
Number 6 : Le Yaourt à boire Yawny Assiri à la pèche. Pas très exotique non plus : les Yawny c’est les yaourts locaux de Danone ! Mais ils sont tellement bons ! Rien à voir avec les yaourts aux fruits français, ceux là sont beaucoup plus crémeux, et beaucoup plus fruités. J’avais découvert le Yawny normal à la vanille, puis je suis tombé sur le Yawny Assiri à la pèche ( assiri pour « à boire »), vendu dans un petit pack en forme de bouteille de lait… C’est tellement bon le soir en rentrant du bureau !
Number 5 : Les graines de courgette. Vendues aux mêmes endroits que les graines de tournesol, on les « mange » de la même façon. La différence c’est qu’à l’intérieur, il n’y a que des miettes, et pour 100 grammes achetés, ça fait environ 10 grammes mangés… On a donc plutôt intérêt à les déguster !
Number 4 : Le Hawaï. Ca n’existe nulle part ailleurs, et son gout est inimitable ( en tous cas c’est ce qu’il est écrit sur la bouteille ! ). Je vais essayer d’en retranscrire le gout par écrit. Pour commencer, imaginez la voix de Maïté. C’est bon ? Alors, prenez du jus de pèche. Prenez du Malibu. Mélangez le tout, mettez le au frais. Et paf, ça fait du Hawai, le tout sans alcool bien évidement ! On peut rajouter de la ciboulette et de l’ail de Garonne mais je doute que ça se marie bien avec…
Number 3 : La Fayrouz. Encore meilleur, et encore plus rare que le Hawaï. La première fois que j’en ai gouté c’est parce qu’on voulait me convaincre que c’était dégueu. Raté, c’est super bon. Bon, ce n’est rien d’autre que de l’eau pétillante aromatisée à la poire, mais je trouve ça délicieux. Comme c’est une eau de luxe ( comme en témoigne la [très] grosse campagne marketing qui en fait la pub ), elle ne se trouve pas partout, et coute plus cher que le Coca à 6,5 dh la bouteille, mais ça vaut le « coût » !
Number 2 : La crêpe poulet-œuf-fromage de Zegafredo. Pas très marocain, d’accord. Mais j’ai mangé une crêpe pour des raisons très simples : 5 jours de suite, on a tenté les petits snacks devant le lycée Lyautey, d’abord parce qu’ils ne sont pas loin, ensuite parce qu’on a pas la choix, étant privés de plaques de gaz ou de four. 5 jours de suite, j’ai testé des sandwiches plus ou moins douteux, avec de la viande pas très cuite ou des légumes pas très frais. Plusieurs fois, j’ai eu un espoir quand je commandais un panini ou un hamburger au « jambon ». Ma naïveté m’a perdu plus d’une fois : si on trouve de l’alcool dans les épiceries, on ne trouve pas de jambon dans les restos ! Quand on dit « jambon » ici, ça veut dire jambon de bœuf en réalité ! De la viande en tranche toute rouge et toute poivrée, qui n’est franchement pas très bonne. Je n’ai jamais autant apprécié nos amis les cochons qu’en mangeant du jambon de bœuf ! C’est la raison pour laquelle je me suis rabattu sur la crêpe poulet-œuf-fromage de Zegafredo, pour mon plus grand plaisir !
Number 1 : Il n’existe pas encore, car j’espère bien tomber sur la Mecque de ce qui se fait dans les épiceries avant de repartir ! Inch Allah. Ne jamais être satisfait de ce qu’on a, voila ma devise !
Au final, j’ai donc dépensé des centaines de dirham dans ces petites épiceries ( j’en suis à ma 13ème bouteille de Coca, soit 20L), qui m’ont fait réaliser tout le sens de l’expression « l’arabe du coin ». Plus sérieusement, c’est vraiment quelque chose de sacré ici, et malgré le développement des grandes surfaces du type Marjane et compagnie ( qui s’adressent plutôt à l’élite marocaine ), les petites épiceries sont des lieux de vie et d’approvisionnement vitaux ici ! Et c’est pas moi qui vais m’en plaindre !