L’argent ne fait pas le bonheur, c’est pas faux. Ca n’empêche que j’ai bien failli changer d’avis ce week-end. Pourquoi ? Tout commence vendredi, un jour particulier, où tout tourne au ralenti et où les rues se remplissent d’odeurs de couscous ( c’est pas un cliché, c’est vrai ! ). Ma pause à midi est censée être plus longue que d’habitude ( elle l’est déjà pas mal en fait ! ), donc j’en profite pour aller faire un petit tour du coté de la mosquée Hassan II, qui est en ce jour saint, en pleine ébullition ! C’est assez dingue, les hauts parleurs s’entendent à des kilomètres à la ronde, et une foule assez compacte se dirige vers les portes ( gigantesques ), en habits du dimanche ( enfin du vendredi quoi..) Je ne tente pas le diable, et n’essaye pas de me fondre à la foule ( je ne vois pas comment j’aurais pu faire d’ailleurs ! ). Le minaret a beau être encore plus impressionnant la nuit, avec son laser vert pointé vers l’est, il n’est pas mal de jour aussi, un peu voilé par la tempête de sables qui l’encerclent.
Il était prévu ce week-end, qu’on aille à Marrakech avec des stagiaires très sympa qui m’avaient proposé d’y faire une petite virée. J’étais d’autant plus enthousiaste, que ça reste Marrakech, et que malgré les 50 degrés en pleine journée, c’est plutôt agréable ! D’ailleurs, ça aurait été une date anniversaire, car on y était il y a un an tout pile. Mais Marrakech, contrairement à Casa, c’est cher, et comme je n’ai plus de liquide sur moi, je pars à la recherche d’un distributeur en sortant du boulot. Sur le chemin, je planifie déjà les endroits que je dois aller voir, car j’imagine que le week-end va passer plutôt vite : la place ( normal ), les souks ( normal ), le Mc Do, et quelques un des supers resto sur lesquels on été tombés avec Andélis ( « quelques uns », n’exagérons pas, c’est pas un week-end gastronomique non plus ! ).
Premier distributeur : « Carte non valide ». Deuxième distributeur « Problème de communication ». Comme il ne me reste que 200 dirham, et qu’avec ça, je dois payer le train, ça commence à urger ! Au cinquième distributeur, je commence sérieusement à douter. Je suis contraint de faire le tour des banques, avant 18 heures si possible, heure à laquelle est censé partir le train pour Marrakech. AttijariWafa Bank ( la banque du roi ), BMCE ( la banque concurrente du roi ), Banque Populaire, BMCI ( la BNP..), Crédit du Maroc ( Crédit Agricole ), Société Générale, CIH… Rien du tout ! Aucun distributeur n’accepte ma carte, éjectée comme une malpropre de chaque guichet ! Je me renseigne même pour aller à l’agence centrale de la BMCE, à 5 km d’ici, mais on est vendredi, et le vendredi, pas d’agence centrale ! C’est comme le Mc Morning, à 12 heures c’est fini ! Marrakech est donc en train de me passer sous le nez, faute de fonds suffisants ! Comme ça me parait difficile de passer le week-end avec 150 dh, je suis donc obligé de me rabattre sur Kenitra… Moins exotique, et moins touristique que Marrakech, mais beaucoup moins onéreuse ! Il me reste assez pour payer le train, et à peine pour manger le vendredi soir ! Je prend le chemin de Zegafredo, qui pour 30 dh, m’offre à manger, et le wifi pour le même prix ! Ca c’est la bonne nouvelle de la journée. 150-30=120 dh… C’était bien sur sans compter sur un vendeur de DVD qui m’a convaincu, sur le chemin du retour, d’acheter la saison 4 de Lost ! Ca se refuse pas, surtout pour 50 dh, et vu l’acharnement qu’on a mis à la chercher à Lille ! 70 dh, 7 € !
Après les 44 dh du train entre Casa et Kenitra, je n’ai plus que quelque pièces dans ma poche, juste assez pour m’acheter un Coca sur la route si jamais je meurs de soif ! Ca ne risque pas, parce que j’ai la « chance » de sauter dans un train flambant neuf de l’ONCF, très confortable, mais aussi pourvu d’une clim qui ne laisse aucune chance à ceux qui ont le privilège de ne pas être enrhumé. Je suis congelé pendant 1h30, recroquevillé sur mon siège, en short et en T-shirt ! La bouffée de chaleur que je prend en sortant me décongèle. Commence alors une (longue) attente : le programme du week end est simple : plage et repos. J’avais donc dit que j’arriverai tôt. Le problème c’est que « tôt » ici n’a pas la même signification que « tot » ailleurs. Ceux qui lisent régulièrement doivent commencer par s’en rendre compte. A 10heure je suis prêt, on ne sera à la plage qu’à 13h30… Je fais de gros efforts pour contenir mes nerfs, surtout quand, pour la 4ème fois de la journée, on se perd. « Ahh bon, c’était à gauche ? »
Je n’ai jamais été aussi heureux de marcher sur le sable, même brulant ! D’abord parce que j’attendais ça depuis 3 heures, aussi parce que la plage étant à 70 bornes ( il y en a une à 3 km, mais c’est beaucoup moins fun ! ), fouler son sable est un privilège énorme ! Pour la première fois depuis que je suis arrivé, je me baigne même dans la mer.. Que dis-je, dans l’océan ! Au final, la journée est très sympa, Annas a ramené deux amis à lui, une fille de Kenitra qui le drague depuis le collège, et un gars de l’EDHEC ( le monde est petit ! ), très cool et avec qui je discute une bonne partie de la route. On a donc le temps de BIEN faire connaissance ! Précisons que je n’ai toujours pas retiré d’argent et que ma poche renferme approximativement 30 dh ! Comme je meurs de soif, j’en dépense une partie. Je n’aurais pas du. J’achète une canette de coca à un vendeur ambulant, qui a mis tellement longtemps à venir que je ne regarde même pas combien je lui donne. Quand je dis le prix aux autres, ils éclatent tous de rire. 15 dirham… Ca reste relativement 1,5 €, OK. Le truc c’est que pour éviter ce genre de problème, Coca affiche les prix sur ses canettes, qui ne coute.. que 3 dirham ! J’ai donc payé une canette 5 fois son prix, en pleine période de disette ! Il a intérêt à être bon..
La soirée est tout aussi folklorique. Comme on a la flemme d’aller jusqu’à Rabat, et qu’on préfère passer une soirée tranquille, on se dirige vers le bord de mer de Kénitra ( quand on dit « bord de mer », il ne faut surtout pas s’attendre à grand-chose, Kenitra étant avant tout, une ville de pécheurs..). Un bruit étrange attire mon attention alors qu’on cherche une place pour se garer. Annas me répond que c’est normal ( vu la manière dont il malmène la voiture, en effet, ça peur être normal ! ). J’insiste, je descend de la voiture, et contemple le pneu avant gauche, complètement explosé ! Ca n’a l’air d’étonner personne : « on n’a qu’à appeler un garagiste » ! Oui oui, à 11 heure du soir à Kenitra sur le bord de mer.. Et puis de toutes façons, personne n’a plus de 20 dirham dans les poches ! Je saute sur l’occasion, et j’apprends deux choses à Annas : oui, il y a une roue de secours dans le coffre… Et non, on ne dit pas un « criquet », mais un cric ! En 2 temps 3 mouvements la roue est changée, et pour éviter qu’il ne pète un autre pneu, je lui dit ( ce qui n’est pas vrai je pense ) qu’on ne peut pas rouler à plus de 60 km/heure avec une roue de secours… On vient d’économiser 200 dirham ! Ca tombe bien, il faut payer le train du retour ;)