Décidemment, je me fais de plus en plus de soucis pour ce Ray… Et quand vous aurez lu ce qui suit, j’imagine que vous ne pourrez que compatir. Le Ray dont je parle n’est pas le Ray des Hoosiers ( même si je commence à m’inquiéter pour lui aussi ). Ce n’est pas non plus de Ray Charles que je veux parler, car plus personne ne se fait de soucis pour lui désormais. Ni de Ray-mond ( qui a accumulé assez de râteaux pour ouvrir un Jardiland ), ou de Ray Man ( qui n’a toujours pas de corps et qui s’en porte très bien). Je veux bien sur parler de Ray Ban, qui si jamais il a vraiment existé ( j’en ai aucune idée en fait ), doit se retourner dans sa tombe.
Ce n’est pas sa tombe que j’ai visité, mais son mausolée, un endroit ( que l’on appelle aussi la Médina de Casa ), remplie de ses reliques, et de ses répliques. La Medina est le paradis de la Ray Bane, de la Rolaixe, ou du Bo Boss ( ça existe ! ). Elle est aussi le paradis du DVD, du jean et du chargeur de portable, un endroit où on trouve tout ce qu’on cherche, à condition qu’on ne cherche pas l’original. Et si je me fais du soucis pour Ray ( ainsi que pour Warner, Converse et les autres ), c’est parce que j’y ai moi-même succombé… J’ai remplacé mes lunettes qui n’ont pas tenu le choc du voyage ( il faut dire qu’elles ne m’avaient rien couté ! ) par des Ray Ban à 50 dh. C’est pas bien, mais ça m’est d’un grand secours !Et puis c’est les répliques (quasi parfaites ! ) des lunettes de Bono, plutôt la classe ! J’ai aussi acheté un magnifique T Shirt, auquel je n’ai pas pu résister : il faut dire qu’il est très fort. C’est une imitation ( enfin je pense, ou alors il y a eu un petit problème de fabrication..) de Converse. Elle aurait pu être banale, mais le fait qu’il soit écrit en grand, et en blanc sur fond noir, « ConverCe », en fait une imitation collector, que j’ai acquis pour la modique somme de 70dh.
Ce qu’il y a de bien avec la Médina, c’est que c’est pas loin et qu’on y trouve de tout. Ce qu’il y a
de moins bien c’est qu’à la tombée de la nuit, elle se transforme en terrain de jeux des gangs casaoui, et qu’il vaut mieux l’éviter. Quand on ne peut pas ( quand on se trompe de route par exemple…..), il faut donc s’attendre à voir, entre deux boutiques de DVD ( qui vendent même des films qui ne sont pas encore tournés.. trop fort ! ), deux mecs en train de sniffer de la colle, fumer des herbes aromatiques, des pousseurs de charrettes se battre devant des gosses de 5 ans qui vendent des paquets de mouchoirs au feu rouge… Le tout devant des flics qui ne bougent qu’en fonction du pourboire qu’on leur donnera s’ils empêchent un meurtre.
La Medina c’est donc le quartier de la débauche au sens large, celui qui contribue à ruiner l’industrie du luxe et du cinéma à lui tout seul ( avec la complicité hypocrite des touristes, il faut bien le dire ), c’est aussi le quartier sur lequel Allah ne semble avoir aucune emprise.. Ou si peu ! C’est en effet dans le coin que se trouvent pratiquement toutes les brasseries clandestines de la ville. Celles qui arborent fièrement leur enseigne « 33 Export », mais qui la serrent en cachette ! Je n’oserais franchement pas y mettre les pieds, mais ce que j’ai pu voir à travers les rideaux qui en cachent l’entrée, c’est digne du pire PMU de la pire des villes désindustrialisée de la Corèze. Il y a généralement un billard qui ne marche plus depuis des années au centre de la pièce, une planche de bois qui sert de bar, et sur laquelle s’appuient des alcolos qui sortent de temps en temps prendre l’air sur le trottoir. Un air qui sent la colle et l’origan.
Pour ne pas rester sur cette impression ( assez négative il est vrai, et qui ne correspond pas à l’aspect pittoresque et authentique des souks marocains ), j’y suis retourné de jour. Et c’est là qu’il m’est arrivé un truc plutôt drôle. Je me suis un peu enfoncé dans la Médina , à la recherche de l’odeur de cuir, de bois et de fruits que je n’avais pas vraiment retrouvé depuis l’an dernier, quand on était à Marrakech. D’abord, et pour changer, on me parle anglais, tout le temps ! « Welcome to Morroco my friend », « Do you want Rolex ? »… Puis, plusieurs fois, il m’arrive quelque chose d’étrange. Plusieurs mecs passent à coté de moi, et marmonnent quelque chose que je ne comprends pas. Je ne peux pas leur en vouloir si leur anglais n’est pas perfect, c’est sur, mais qu’ils parlent français alors ! J’ai compris plus tard qu’en fait, ils parlaient français. Un autre passe à coté de moi, et me demande : « chiche » ? Puis un deuxième, un troisième.. En fait ça n’arrête pas. Chiche ? Chiche de quoi, de rentrer dans sa boutique, de retrouver mon chemin, de lui acheter ses Rolex ? Ahhh, chiche ! Hachich.. Je réalise à quel point je peux être naïf, et ça me rappelle exactement le jour où on m’a demandé si j’avais du papier et où j’ai sorti un cahier ( j’étais en troisième, OK ? ).