Samedi, pour fuir l’agitation permanente de Casablanca ( qui ne s’arrête bien sur, pas le week end ) , j’ai pris le train direction Kenitra, la ville où habite Anass, pour aller y chercher quelques meubles. J’étais bien sûr content de bouger pour être un peu au « calme », mais aussi pour voir un peu le Maroc qui n’est pas en ville. Et franchement, rien de mieux que le train ! Pour 44 dirham ( 4 € ), et toutes les demi heures, on peut aller de Casablanca à Rabat et Kenitra, 1h30 dans un vieux train de la SNCF, assez confortable et climatisé ( comme j’ai pris la résolution à l’aéroport de ne pas réfléchir en « touriste », j’essaye de me dire que ça n’aurait pas été très grave si il ne l’avait pas été ).
Je traverse donc en train ce que les gens d’ici appellent le « Maroc utile ». Utile pour eux, ça fait surtout dire plus dynamique et plus « civilisé » que le Sud. Ca fait parti du snobisme de Casablanca et plus généralement du nord. D’un autre coté, la côte entre Casablanca et Kenitra est un bandeau presque ininterrompu de cultures, de champs ( plus ou moins cultivés, où broutent des moutons et quelque vaches ), de petites villes et de vallées toutes vertes. C’est d’ailleurs ça qui, de loin, est le plus beau : un mélange de grand canyon tout rouge, et d’oasis toute verte 100 mètres plus bas. Comme je suis encore un peu dans le coltard, je mets trop longtemps à sortir mon appareil, donc pas de photos !
Puis j’arrive à Kenitra, une ville calme, beaucoup plus calme que Casablanca, ce qui me fait l’aimer assez rapidement ! J’ai bien failli ne jamais y arriver, parce qu’ici, on n’écrit pas le nom des gare sur le quai, ni sur la gare elle-même. Heureusement que les gens qui étaient avec moi étaient sympa, et surtout qu’ils connaissaient. Kenitra c’est 25 km au nord de Rabat, presque sur la côte, un endroit idéal, pas loin de la capital, pas loin de Tanger, pas loin de la mer, pas trop chaud ni trop froid. Mais bizarrement, tous les jeunes de Kenitra ( disons les jeunes aisés, parce que la question ne se pose même pas pour les autres ) la fuient dès qu’ils le peuvent. Et on peut le comprendre : même si je suis assez content de pouvoir traverser la rue sans risquer de me faire tuer 4 fois ( quoi que..), c’est un peu trop calme, pour ne pas dire mort : mis à part les vaches qui mangent les poubelles sur la place de la mosquée, il n’y a pas grand-chose à voir, ni à faire.
D’où « Kenitrou », expression inventée par Kamal, un copain d’Anass qui a passé toute sa vie ici et qui l’a fuit pour la Pologne, c’est dire… Kénitrou, en référence aux 700 000 habitants, dont 400 000 sont analphabètes ! Tout ressemble à une petite ville désindustrialisée l’Arizona ( en même temps je ne sais pas si les villes de l’Arizona ont été industrialisée un jour, mais ça me parle au moins ! ), y compris les « cafés pour alcolos » ( les seuls endroits ou il y a de l’alcool et qui ressemblent aux petits PMU français), et les clubs de billards où les jeunes jouent toute la journée… Sympathique ! Je m’attendais à voir des cactus et des ballots de pailles traverser la rue, mais faut pas exagérer, le centre est assez dynamique quand même ! Il parait aussi que Kénitra est vachement connue au Maroc ! Pourquoi ? Parce que c’est dans sa prison, qu’on met tous les terroristes ( présumés, mais ils ne le restent pas longtemps ) islamistes du royaume ! Trop fun !
Par contre, l’accueil, comme partout, est incroyable. J’avais a peine mis le pied dans la maison d’Anass que je mangeais déjà des gâteaux au chocolat… Le soir, j’ai gouté la soupe dont je ne sais pas prononcer le mot ( la Harrirah ), en pensant que c’était le plat, mais finalement ce n’était que l’entrée !