lundi 14 juillet 2008

God Put A Smile Upon Your Face

J’ai commence à “bosser” il y a 5 jours maintenant, et l’ambiance dans les couloirs de la banque ne cesse de m’étonner, en plutôt bien d’ailleurs ! Tout le monde, absolument tout le monde se dit bonjour. Je n’échappe pas à la règle, et dans l’ascenseur, les gens réfléchissent si ils doivent me dire « bonjour », ou « Salam », et généralement, c’est les deux. J’ai été béni par Allah plusieurs fois, et on l’a même remercié que j’aille bien… Je ne sais pas si c’est parce que je suis arrivé le premier jour avec Mohammed ( que son statut de « directeur » semble intimider pas mal de monde ), mais tout le monde à l’air vraiment sincèrement gentil, et surtout très souriant. La banque a beau ressembler plus à la Poste qu’à une banque, les guichetiers français ont encore du boulot en la matière ! Bon, pour être tout à fait honnête, je dois dire qu’il existe une certaine pression à l’intérieur de la banque, qui pousse les gens à être « bons ». Cette pression est incarnée par deux choses : la hiérarchie, et les posters qui sont collés sur les murs de chaque bureau.

La hiérarchie, d’abord, est divinisée, et qui dit supérieur, dit dieu vivant. Les gens se plient en quatre pour saluer ceux dont la démarche un peu plus décontractée montre qu’ils font parti du « top management ». Alors que les gens du « peuple » attendent l’ascenseur pendant 10 minutes ( il n’y en a que 2 pour 15 étage, dont un marche un jour sur 2 ), le top management prend son petit ascenseur de service qui ne marche qu’avec une clé spéciale… Alors que les gens du peuple travaillent en horaires continus ( 8h30-16h30 sans pause pour manger ), et grignotent à la cantine des choses plus ou moins grignotable, le top management mange dehors, et pendant deux heures. Alors que les gens du peuple n’ont pas le droit de faire entrer de PC portable ( je suis censé être un gens du peuple ), le top management fait rentrer ce qu’il veut, y compris les PC des stagiaires. Alors que les gens du peuple travaillent sur des plateaux entourés de stores, le top management travaille du 12ème au 15ème , avec une vue magnifique sur les toits de Casa, la grande mosquée et la mer en arrière plan. Bref, les inégalités incroyables que l’on peut voir tous les jours dans la rue, même si elles sont énormément atténuées dans la banque, restent présentes.

Mais le top management n’est pas le maître ici, et même si il profite de pas mal de privilèges, il reste redevable d’une personne : Mohammed. Pas le Mohammed que je connais, ça serait un peu trop simple sinon : Mohammed, le VIème… Et oui, le roi est partout ici aussi, sur les murs, dans mon bureau, et sur la première page du rapport d’activité de la banque. Même le big boss lui doit tout, et ne le cache pas : « Forte des ambitions et de l’action inlassable de notre souverain, Sa Majesté Mohammed VI, Que Dieu l’Assiste, la banque a… etc ». Action inlassable, d’accord… Il faut juste préciser qu’il y a deux ans, la banque a failli faire faillite à force d’avoir prêté de l’argent à des organismes d’Etat qui ont construit pas mal de trucs sans se préoccuper du remboursement. La mosquée Hassan II, ce n’est pas la Tour Effeil, et ça rapport moins !

La banque a donc beau être une banque au cœur du quartier des banques, elle ressemble plus aux PPT des années 80 qu’à une multinationale américaine ! A la limite, je préfère ça ! Surtout que dans une multinationale américaine, les gens ne peuvent pas fumer dans les toilettes… Ici, si ! Alors, c’est où le pays de la liberté ?